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2e Prix de la rédaction, coup de cœur
« Le manager de demain parviendra à l’harmonie »

04/01/2017

Partition, musiciens, public… C’est en filant la métaphore musicale jusqu’au bout que Marie Desprez, élève D3S de la promotion 2016-2017 à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), a rédigé sa contribution au 2e Prix de la rédaction « Diriger demain » [1]. Entre virtuosité et exigence, empathie et rigueur, ce portrait du manager de l’avenir a reçu un coup de cœur des journalistes de Direction[s].

Le rideau se lève face à un public averti toujours plus nombreux, dans l’attente de cette représentation de l’orchestre symphonique de la Grande Harmonie des talents (GHT). D’année en année, l’auditoire est de plus en plus exigeant, rien ne lui échappe. C’est un véritable défi que de le fidéliser… Il souhaite une prestation de qualité et au meilleur tarif. D’ailleurs, s’il est déçu, les critiques risquent de pleuvoir sur Internet, décourageant de potentiels intéressés. Cette exigence croissante est vécue comme une opportunité pour l’orchestre qui se doit de toujours poursuivre ses efforts afin de répondre aux exigences de son public. C’est pour le satisfaire que les musiciens ont travaillé avec passion et acharnement, mais c’est également grâce à lui qu’ils existent.

Les chuchotements font place au silence tandis que le chef s’avance et monte sur l’estrade, posant sur le pupitre la partition tant travaillée. L’auditoire retient son souffle. Un geste de la main, un sourire confiant pour encourager les musiciens et le concert peut commencer.

Une partition à connaître par cœur

Dès les premières mesures, on remarque facilement la répartition des gestes entre les deux mains du maestro. L’objectivité est à droite ce que la subjectivité est à gauche. Ainsi, de sa main droite le maître donne le tempo aux musiciens. Il les dirige d’une « main » sûre. Sa main gauche apporte les couleurs au côté directif et transmet l’empathie dont doit être habité tout chef. C’est une des qualités indispensables pour quiconque exerce cette profession.

Il en a fallu du temps pour arriver à cette belle harmonie ! La phase de préparation a été, sans nul doute, la plus importante car elle structure tout orchestre. Elle est d’autant plus cruciale pour les jeunes chefs qui viennent d’arriver à la tête d’un nouvel ensemble instrumental, composé de musiciens expérimentés évoluant ensemble depuis déjà un bon nombre d’années. C'est à ce moment-là que le chef d'orchestre doit acquérir une solide connaissance et une grande compréhension de la partition qu’il souhaite présenter. Il analyse consciencieusement la structure du concert, sa construction et son objectif. Il en retire alors une ligne de conduite, dictée par le compositeur, qu’il se doit de respecter. En effet, le chef est au service du créateur et l’écriture d’origine souhaitée par celui-ci doit toujours être suivie à la note près. D’ailleurs, pour les compositeurs qui imposent cet axe de lecture, la tendance est au forte et à l’allegro, qu’ils martèlent crescendo dans presque toutes leurs œuvres.

Tous les talents du maître se trouvent ici mobilisés au service de la partition : rigueur, anticipation sans oublier créativité et innovation. Cette phase de préparation permet en effet de faire émerger ces deux derniers atouts essentiels au chef d’orchestre, lui permettant de transmettre sa vision personnelle et sa manière de comprendre le travail du compositeur. Aussi, une bonne interprétation traduit au plus près les intentions du compositeur, mais aussi les qualités professionnelles et personnelles du chef. Son expérience et son caractère sont essentiels pour déterminer la façon de jouer ce morceau.

Motiver chaque section

Il convient ensuite de présenter la nouvelle partition aux musiciens impatients. Ce travail s’effectuera au cours de multiples répétitions savamment et précisément orchestrées. En effet, le chef a un sens presque inné de l’anticipation qui lui permet de trouver la capacité de transmettre une conception cohérente des pièces en évitant les fausses notes. Il est l'organisateur même du programme de répétition ce qui n’est pas une mince affaire, il faut le dire ! Le timing, la partie à travailler, la recherche de l'équilibre du son, tout doit être prévu. Gare aux retardataires et aux étourdis ! Chaque séance commence et se termine à une heure précise, convenue par avance avec l’ensemble des instrumentistes afin de maximiser la concentration de chacun. Il n’est pas question de s’échapper pour une raison quelconque en cours de répétition, le chef veille à la bonne tenue de celle-ci. La représentation finale est le fruit d’un travail de longue haleine.

Il faut ici souligner la capacité du maître à motiver et ménager ses troupes ! Il vous dira qu’il n’existe pas de recette miracle, et pourtant… Avant même de convaincre ses musiciens du bien-fondé de ses choix musicaux, le chef d’orchestre doit être intimement convaincu qu’il a fait les bons choix. Lorsque les différents échanges deviennent plus difficiles, sa botte secrète est un fin sens de l’humour qui lui permet de détendre l’atmosphère. Enfin, il sait reconnaître et valoriser les efforts de l’orchestre, mais également ceux du personnel que l’on voit moins qui pourtant travaille à garantir les bonnes conditions matérielles nécessaires aux représentations. Il n’est pas anodin que chacun s’applaudisse à la fin de chaque répétition. Témoigner de reconnaissance et remercier des efforts fournis est essentiel et participe à la motivation de tous.

Une oreille attentive

Un autre défi pour le chef d’orchestre, et non des moindres, est celui de veiller à une bonne entente et une communication optimale entre musiciens. Chacun a sa propre culture, son propre instrument et son expérience, mais tous doivent jouer à l’unisson. Cependant, les particularités de chaque musicien ne doivent pas être occultées par le maître, bien au contraire ! Ce travail d’écoute et de disponibilité requiert autant de qualités musicales que de qualités de communication avec les musiciens pour parvenir à l'équilibre des diverses masses sonores de l'orchestre. Après tout, ce que tous les grands chefs possèdent en commun, c’est une oreille attentive !

Chaque instrument a ainsi conscience qu’il occupe une place unique et essentielle : des instruments jouant les thèmes principaux aux basses et à l’accompagnement. Le maestro doit tout de même prêter attention à certains musiciens qui auraient tendance à s’accaparer un peu trop souvent le rôle de soliste. Dès lors, c’est au chef d’orchestre de donner la mesure afin que chacun offre le meilleur de lui-même en étant en phase avec les besoins de la partition.

Les échanges réguliers et l’attention portée aux besoins de chacun constituent des clés indispensables pour éviter l’émergence d’une véritable cacophonie. Dès le début de la phase de répétition, les musiciens ont voix au chapitre. Le maître sait que leur adhésion à ses projets est indispensable. C’est ici que les chefs de pupitre jouent un rôle primordial. Alliés du chef d’orchestre, ce sont de véritables courroies de transmission sur lesquels le maître sait s’appuyer. Ils diffusent l’information à la vitesse de l’éclair et sont de véritables partenaires du chef d’orchestre. Leur collaboration est essentielle pour arriver à un bel ensemble musical.

De nouvelles recrues hors norme

Le moment de la représentation est ainsi le fruit de cette métamorphose continue du chef et de son orchestre. La musique s’arrête progressivement et un tonnerre d’applaudissements déferle pour récompenser les auteurs de ce magnifique spectacle.

Alors qu’il salue son public et félicite les musiciens, le maître envisage déjà la représentation de l’année prochaine. Il va lui falloir procéder à un nouveau recrutement afin d’ajouter de nouveaux talents à son ensemble. Il est révolu le temps où l’on embauchait seulement des musiciens classiques ! Depuis quelques années, chefs d’orchestre et compositeurs regorgent d’idées pour constituer de nouveaux viviers de talents. Les orchestres contemporains ne se limitent plus à une réunion d’instrumentistes-techniciens, mais l’on s’est ouvert à divers profils ayant en commun une passion pour la musique : danseurs, conteurs mais aussi poètes. L’organisation même des formations est en plein changement. D’ailleurs, en ce moment même, le rapprochement d’orchestres est d’actualité. Il est souvent perçu comme une véritable occasion d’échanger de nouvelles pratiques et de renforcer la teneur musicale des ensembles à la condition impérieuse toutefois qu’il soit artistiquement stimulant et au service d’une représentation de qualité.

Vous l’aurez compris, le chef d’orchestre d’aujourd’hui est le manager de demain. Celui-ci est un virtuose qui parviendra à l’harmonie.

Marie Desprez

Publié dans le magazine Direction[s] N° 149 - janvier 2017






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