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Association OETH
« Il ne faut pas crier victoire ! »

24/01/2022

Si le secteur social et médico-social est en avance sur l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés (OETH), il reste des représentations tenaces sur les métiers de l'accompagnement et du soin, selon une enquête de l'association éponyme, publiée le 25 janvier. Décryptage avec son directeur général, Pierre-Marie Lasbleis.

Pourquoi cette enquête sur le handicap au travail [1] ?

Pierre-Marie Lasbleis. À l'occasion des 30 ans de notre association OETH et de l'accord qui la fonde, nous avons voulu lancer un temps prospectif pour dresser le bilan de notre travail, mais aussi poser des perspectives. Où en sont les employeurs et les salariés du secteur sanitaire et médico-social associatif par rapport au handicap au travail ? Car nous n’appréhendons cette question qu’au travers du chiffre très sommaire du taux d'emploi. Depuis 2018, nous avons atteint les 6 % et nous savons que globalement nous sommes en avance par rapport aux autres secteurs. Nous voulions donc aussi interroger les représentations sur la question de l'accessibilité des métiers du soin et de l'intervention sociale, très tenaces comme l’illustre notre enquête.

Que ressort-il des résultats ?

P-M. L. Premier enseignement : le secteur est prêt à accueillir des personnes en situation en handicap. 42 % des employeurs jugent difficile cette embauche. Ce chiffre peut paraître important, mais pour tous secteurs confondus, il s'élève à 62 % [2]. Seuls 14 % estiment complexe pour une personne handicapée de s'épanouir dans son métier contre 34 % en général. Même écart pour leur difficulté potentielle à connaître une évolution professionnelle (un tiers contre 46 %) ou celle à encadrer une équipe (30 % contre 54 %). Mais il ne faut pas crier victoire pour autant. 80 % des employeurs du champ nous disent ne pas pouvoir embaucher une personne handicapée sur tous les postes. La spécificité des métiers exercés dans l'établissement est même le principal frein pour 70 % d’entre eux ! Un lien est encore fait entre handicap et fragilité avec un risque potentiel plus important d'arrêt maladie ou d'une charge de travail supplémentaire pour les équipes. Surtout dans un secteur qui fonctionne à flux tendu au niveau des ressources humaines (RH)…

Quels leviers pour inverser cette tendance ?

P-M. L. Le palier qu'il nous faut franchir tous ensemble, c'est de se dire que loin d'être un frein, le handicap est une opportunité. Avoir soi-même l'expérience d'une difficulté peut donner des ressources complémentaires justement au moment où nos métiers évoluent pour tendre vers une plus grande coopération entre usagers et professionnels et se concentrer vers le pouvoir d'agir. Nous devons nous positionner aussi sur tous les enjeux RH du secteur. Sur celui du déficit d’attractivité, l'OETH va « mettre le paquet » pour développer le sourcing, repérer des viviers de candidatures et travailler sur des parcours et l’employabilité. Concernant l’enjeu du maintien en poste, il faut mettre en résonance l'attention que l'on porte à l'accompagnement des personnes avec celle que l’on porte aux professionnels. Quand l’un a des besoins particuliers, il faut adapter le dispositif. Dernier sujet : celui des trajectoires professionnelles. On sait bien que compte tenu de la pénibilité des postes, des salariés ne peuvent pas exercer le même métier pendant 40 ans. Nous allons donc poursuivre le financement de formations avec l’opérateur de compétences (OPCO) Santé pour permettre à des employés en risque d’inadaptabilité de se reconvertir dans notre secteur. 

Quel bilan tirez-vous du septième accord OETH ?

P-M. L. Nous entrons dans la dernière année de cet accord (2020-2022) qui a été signé dans une période particulière. En pleine crise sanitaire dans un champ très secoué et aussi en pleine mise en mise en œuvre de la déclaration obligatoire (DOETH) avec un changement dans le mode de collecte des informations. Cela rend difficile de chiffrer le bilan. Nous n’avons en effet pas encore d’éléments sur celle de 2020… Maintenant, nous avons beaucoup travaillé pour structurer nos services autour des trois axes de l’accord, et notamment l’engagement durable au service des politiques du handicap. Nous terminons la refonte de la formation des référents handicap, plus modulaire et digitalisée. Nous avons relancé l’animation du réseau des 200 référents… Toute une partie des entreprises adaptées (EA) sont également rentrées dans le giron de l’accord puisqu’avec la réforme l’adhésion se fait désormais par organisme gestionnaire. Cela nous amène à développer aussi une offre de service spécifique et à lancer l’expérimentation d’un outil d’accompagnement à destination de ses salariés.

[1] Enquête à consulter sur www.oeth30ans.org/enquete-handicap

[2] Selon le baromètre Agefiph-Ifop « La perception de l’emploi des personnes en situation de handicap » réalisé par l'Observatoire de l'emploi et du handicap, décembre 2021.

Propos recueillis par Laura Taillandier

Publié dans le magazine Direction[s] N° 205 - février 2022






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