En 2004, on comptait près de 15 400 orthophonistes en France, dont 95 % de femmes. D'année en année, les effectifs augmentent. Leur mission ? Prévenir et prendre en charge les troubles de la communication écrite et orale. La profession a obtenu un statut légal par la loi du 10 juillet 1964 qui a institué un diplôme national : le certificat de capacité d'orthophoniste.
L'orthophoniste s'occupe, entre autres, de malentendants auxquels il apprend à parler et à lire sur les lèvres. Il exerce aussi sa fonction auprès d'enfants rencontrant des difficultés d'apprentissage de la lecture, de l'orthographe, de l'écriture ou des mathématiques, et souffrant de retards d'expression ou de troubles comme le bégaiement.
Il soigne en outre des adultes sujets à des défaillances de la voix ou privés de leur capacité d'expression et de compréhension (surdité, accidents cérébraux).
« L'empathie et la patience sont des qualités essentielles dans notre profession. Nous devons aussi savoir être inventifs dans les exercices de rééducation », constate Benoît Cavestro, orthophoniste au sein de l'institut thérapeutique, éducatif et pédagogique Saint-Antoine, à Chinon (Indre-et-Loire).
Bilan et rééducation
En lien avec les médecins généralistes ou spécialistes (oto-rhino-laryngologistes, pédiatres, psychiatres, neurologues...), il entreprend, sur prescription médicale, un bilan orthophonique, qui permet ensuite de définir la nature des troubles et de mettre en place une prise en charge. Plus qu'un diagnostic, ce bilan est l'acte fondateur de tout traitement orthophonique ; il comprend les objectifs et le plan de soins. Une fois l'indication d'orthophonie donnée par le médecin, c'est l'orthophoniste qui décide de la suite à donner. D'où une relation entre médecin et orthophoniste qui doit être fondée sur la complémentarité et l'information réciproque.
Quatre ans de formation
L'orthophoniste est titulaire d'un certificat de capacité. Ce diplôme sanctionne une formation de quatre ans, avec la présentation d'un mémoire. Il se prépare dans des centres de formation dépendant des unités de formation et de recherche de médecine. La formation est accessible aux titulaires du baccalauréat (ou d'un diplôme d'accès aux études universitaires) après un examen d'entrée. Elle comprend au minimum 2 840 heures dont 1 640 heures d'enseignement théorique (étude des troubles traités, sciences du langage, principes et techniques de rééducation, psychiatrie...) et 1 200 heures d'enseignement clinique, auprès de maîtres de stages, en cabinet, à l'hôpital, en dispensaire...
Compétences élargies
80 % des orthophonistes exercent en libéral, en cabinet individuel ou collectif, ou au domicile du patient. Les autres sont salariés : ils travaillent dans le secteur public, en service hospitalier de pédiatrie, de neurologie, d'ORL ou de rééducation fonctionnelle. Ils peuvent aussi exercer dans le secteur privé, dans des centres spécialisés comme des centres médico-psycho-pédagogiques, des instituts d'éducation sensorielle, des structures pour enfants sourds ou handicapés moteurs. Près de 15 % ont un exercice mixte, salarié et libéral. La profession paraît évoluer dans ce sens.
Dans la fonction publique hospitalière, un orthophoniste de classe normale gagne 1 360 euros bruts mensuels en début de carrière et termine à 2 100 euros. Dans le secteur privé, selon la convention collective de 1951, le salaire s'élève à 1 668 euros bruts mensuels en début de carrière pour atteindre 2 295 euros. Dans celle de 1966, il débute à 1 514 euros bruts et se chiffre à 2 700 euros bruts mensuels en fin de carrière. Le domaine de compétence des orthophonistes s'est élargi en 2002 : ceux-ci peuvent aujourd'hui participer à des actions d'éducation sanitaire et de dépistage, mais aussi de formation et de recherche.
Yves Couant
Point de vue
Beno t Cavestro, orthophoniste à l'institut thérapeutique, éducatif et pédagogique Saint-Antoine, à Chinon (Indre-et-Loire)
« Dans le secteur médico-social, des temps de synthèse entre collègues sont inclus dans le temps de travail, contrairement à l'exercice en libéral. L'orthophoniste joue un rôle important au sein d'une équipe pluridisciplinaire. J'interviens dans des groupes de lecture et d'écriture et propose des exercices de rééducation. Après à la réalisation d'un bilan diagnostique précis, j'analyse les difficultés, aide les enfants grâce à des techniques précises : en somme, ma connaissance des pathologies du langage et mon intervention rééducative permettent à l'enseignant de travailler plus efficacement. J'interviens également avec le psychologue au sein de groupes de parole. Les enfants ne me considèrent pas seulement comme un spécialiste du langage mais aussi comme un adulte responsable, qui participe à leur formation. »
Contact : 02 47 93 66 00
En savoir plus
Code de la santé publique, livre IV : répertorie la profession d'orthophoniste, auxiliaire médical Décret n˚ 2002-721
Fédération nationale des orthophonistes : www.orthophonistes.fr
01 40 35 63 75