Ses missions relèvent autant de la rééducation que de la psychothérapie. Au nombre de 5 619 en France, dont près de 85 % de femmes, les psychomotriciens exercent au sein d'une équipe pluridisciplinaire, auprès d'enfants, d'adolescents, d'adultes ou de personnes âgées. Le décret du 15 février 1974 réglemente leur profession. Ils travaillent en séances individuelles ou collectives. S'ils disposent d'une certaine autonomie pour conduire leur démarche, c'est dans le cadre de prescriptions médicales ou à la suite de décisions prises en réunions de synthèse. Leur rôle ? Rééduquer les usagers confrontés à des difficultés psychologiques somatisées, en agissant sur leurs fonctions psychomotrices.
Établir une harmonie corporelle
La psychomotricité a pour but d'aider l'usager à mieux se situer dans l'espace et le temps, dans ses relations aux autres et à l'environnement. Plusieurs types de troubles nécessitent son intervention : défauts de coordination motrice, agitation, problèmes d'attention et d'équilibre, tics et tremblements ou encore difficultés dans l'exécution de l'écriture. Le psychomotricien réalise des bilans pour évaluer les compétences de l'usager. Il élabore un projet thérapeutique psychomoteur personnalisé.
Interviennent ensuite les techniques impliquant les fonctions corporelles : expression gestuelle, relaxation, activités ludiques de coordination. Il utilise des moyens divers : cerceaux, puzzles, pâte à modeler ou instruments de percussion. Il participe aux évaluations institutionnelles internes et externes, informe l'équipe de soins de l'évolution de la prise en charge. Capacité d'écoute, compréhension, disponibilité s'avèrent nécessaires : l'efficacité de la rééducation dépend de la relation établie entre le psychomotricien et l'usager.
Pour exercer, il faut être titulaire d'un diplôme d'État, préparé en trois ans dans les instituts de formation agréés par les préfets de région. Les candidats doivent être âgés d'au moins 17 ans, avoir un baccalauréat ou un titre équivalent. Certains professionnels peuvent accéder en deuxième année sans passer le concours, mais en préparant les épreuves de fin de première année. Ergothérapeutes, infirmières, kinésithérapeutes, éducateurs spécialisés, orthophonistes sont dispensés de la première année s'ils justifient de deux ans d'exercice professionnel et obtiennent aux examens une moyenne générale de 10, sans note inférieure à 8. Possibilité identique pour les titulaires d'une licence ou maîtrise de psychologie, d'une licence de Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), et ceux possédant un certificat d'aptitude à l'éducation des enfants et adolescents déficients ou inadaptés.
Avenir prometteur
Les psychomotriciens exercent en hôpital ou clinique, dans des établissements spécialisés du secteur de l'enfance et de l'adolescence. Ils travaillent aussi dans des services d'aide et de soins à domicile, dans des structures pour handicapés moteurs ou mentaux, des foyers de vie et des maisons de retraite.
Dans la fonction publique hospitalière, un psychomotricien de classe normale débute à 1 360e net mensuels, primes comprises, et atteint 2 100e en fin de carrière. Dans le privé, selon la convention collective de 66, il démarre à 1 523e brut mensuels et culmine à 2 674e . Le ministère de la Santé a augmenté ces dernières années le quota d'étudiants dans les écoles : ils étaient 375 en 2004 ; ils sont 398 cette année. De nouveaux secteurs se développent, comme la gériatrie ou le travail en crèche. L'activité libérale progresse également, en dépit du non-remboursement des actes par la sécurité sociale. Pourtant, les besoins existent. En témoignent les listes d'attente dans les cabinets. Encore jeune et mal connue, la profession voit l'avenir avec optimisme.
Yves Couant
Point de vue
Brigitte Bon, directrice-adjointe du foyer d'accueil médicalisé « Le Logis » (Rouen)
« Dans notre établissement, le psychomotricien doit s'adapter à des prises en charge diverses. Nous accueillons des handicapés mentaux valides, autistes, trisomiques ou psychotiques. Il existe moins de problèmes de motricité que dans une MAS. Le psychomotricien a donc parfois du mal à trouver sa place. Pour autant, son rôle se justifie vraiment dans le cadre du projet personnalisé de l'usager. Lors des séances de relaxation, gymnastique, natation ou équitation, le psychomotricien mène l'activité motrice et précise aux aides médico-psychologiques les consignes à suivre et les gestes à effectuer. Il réalise auprès des résidants des tests de préhension fine, comme le laçage de chaussures, le boutonnage, l'enfilage de perles. Essentiels, ces bilans permettent de veiller au maintien des acquis : le psychomotricien a le recul suffisant pour nous alerter en cas de régression ».
En savoir plus
•Site du ministère de la Santé : www.sante.gouv.fr
•Syndicat national d'union des psychomotriciens (SNUP) : www.snup.fr
Tel : 01 56 20 02 91
•Association française des étudiants et professionnels en psychomotricité (AFEPP) : www.afepp.free.fr
Tel : 01 45 86 20 52