Travailleur social titulaire d'un diplôme d'Etat (DE) de niveau III, l'éducateur de jeunes enfants (EJE) est le spécialiste en titre de la petite enfance. Ses missions: favoriser le développement global et harmonieux des enfants de 0 à 7 ans en stimulant leurs potentialités intellectuelles, affectives, artistiques; contribuer à leur éveil, à leur autonomisation et à leur apprentissage à la vie sociale en créant pour eux un environnement riche et stimulant.
Une action éducative primordiale, bien au-delà de l'image ludique de la profession. «Notre métier ne consiste pas à jouer ou à animer, mais à utiliser le jeu comme outil de médiation privilégié, dans le cadre d'une prise en charge globale de l'enfant», corrige Catherine Pons, conseillère technique à la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (Fneje).
En France, près de 13000 professionnels - dont 94 % de femmes - exercent le métier au sein de structures d'accueil ou établissements et services médico-sociaux: crèches collectives, crèches parentales, centres multi-accueils, haltes-garderies, maisons d'enfants à caractère social, foyers de l'enfance...
Leur salaire brut mensuel en début de carrière varie en fonction des conventions collectives (CC): 1592 dans celle de 1966, 1954 dans celle de 1951, et 1924 pour les établissements de la Croix-Rouge. Dans le secteur à but non lucratif, si les structures n'ont pas l'obligation d'appliquer une CC, une partie d'entre elles utilise celle de 1983, qui fixe un salaire d'environ 1500 . Dans la fonction publique territoriale, un EJE touche 1374 (hors primes et régime indemnitaire), pour 1610 (primes comprises) dans la fonction publique hospitalière.
Une formation en trois ans
Selon le décret du 3 novembre 2005, qui vient de réorganiser la formation menant au DE, l'EJE dispose «des compétences nécessaires pour accompagner des jeunes enfants, dans une démarche éducative et sociale globale, en lien avec leur famille». Une mission qui exige désormais un cursus de 3 ans au lieu de 27 mois de formation dispensés jusqu'alors. Pour faciliter la mise en place de la Validation des acquis de l'expérience (VAE), le programme d'enseignement est en outre redéfini en 4 domaines de compétences distincts: accueil et accompagnement du jeune enfant et de sa famille, action éducative en direction du jeune enfant, communication professionnelle, dynamiques institutionnelles, interinstitutionnelles et parentales. Outre ce volet théorique de 1500 heures, les futurs étudiants bénéficieront de 2100 heures de formation pratique, réparties en quatre stages relatifs à chacun des domaines de compétence. Un redécoupage qui devrait faciliter les passerelles entre les professions sociales de niveau III: assistant de service social, éducateur spécialisé et conseiller en économie sociale et familiale. De l'avis des professionnels, le nouveau programme est bien plus conforme aux réalités du terrain. «Il met l'accent sur la relation aux familles, de plus en plus importante dans un métier où l'on travaille beaucoup sur le soutien à la parentalité, et il approfondit également tous les outils relatifs à la prise en charge d'une structure», relève Chantal Borde, animatrice de la commission EJE à l'Association française des organismes de formation et de recherche en travail social (Aforts). Un complément utile, car nombre d'EJE sont amenés à assumer la direction d'une structure. Selon une enquête menée par la Fneje, près de 9 % des diplômés en 2003 occupent déjà un poste de directeur, directeur adjoint, ou chef de service. Un chiffre cependant en baisse, depuis le décret du 1er août 2000, qui exige l'acquisition d'une expérience professionnelle de cinq ans avant d'accéder aux postes de direction.
Marion Léotoing
Point de vue
Christine Aussaguel, formatrice au pôle petite enfance de l'Institut de formation, recherche, animation santé social (IFRASS)
«Titulaire du diplôme d'état d'éducateur de jeunes enfants, j'ai été responsable technique d'une crèche parentale durant 15 ans. A l'époque, la formation initiale ne m'avait pas fourni les com-pétences nécessaires à la gestion d'une structure, j'ai donc appris sur le tas. Un EJE demeure un professionnel très bien placé pour occuper ce type de poste. A condition qu'il justifie d'une expérience professionnelle suffisante et qu'il dispose des outils nécessaires à l'encadrement d'une structure. A priori, la nouvelle formation devrait être plus en adéquation avec les pratiques de terrain, et doter les étudiants de compétences en matière d'élaboration de projet, de gestion d'une équipe et d'un budget. »
En savoir plus
Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants : 02 40 47 53 64, www.fneje.fr
Association des collectifs enfants parents professionnels 01 44 73 85 20, www.acepp.asso.fr
Les métiers du travail social : www.social.gouv.fr