La loi du 27 juin 2005 les a rebaptisés «assistants familiaux»: les ex-assistants maternels permanents disposent désormais de leur propre statut. Selon le nouveau référentiel professionnel, l'assistant familial est ainsi «un travailleur social qui exerce une profession définie et réglementée d'accueil permanent à son domicile et dans sa famille de mineurs ou de jeunes majeurs de 18 à 21 ans».
Une revalorisation du métier très attendue par les quelque 43000 assistants familiaux. Ceux-ci, à la différence des assistants maternels, interviennent dans le champ social et médico-social: dans le cadre de l'aide sociale à l'enfance (ASE) - pour 37000 d'entre eux -, des services de placement familiaux associatifs ou des services de psychiatrie infanto-juvénile. «On continue de penser que ce métier n'en est pas un, car il s'exerce au domicile. Au contraire, accueillir des enfants qui font l'objet de mesures de placement prises par l'ASE ou la justice, et qui ont donc souvent des histoires très lourdes, c'est un vrai boulot», précise Jean-Louis Chaulet, assistant familial, chargé de communication pour le Syndicat professionnel des assistants maternels et assistants familiaux.
Un agrément renouvelable
L'assistant familial a en effet pour mission de procurer à l'enfant qui lui est confié des conditions de vie lui permettant de poursuivre son développement physique, psychique et affectif et sa socialisation. Une lourde responsabilité, qui implique l'obtention d'un agrément, délivré par le conseil général après vérification des conditions d'accueil. Renouvelable tous les cinq ans, cet agrément était auparavant assorti d'une obligation de formation de 120 heures, fortement renforcée par les nouveaux textes.
Désormais, les assistants familiaux devront effectuer, dans les deux mois précédant l'accueil du premier enfant, un stage préparatoire à l'accueil de 60 heures, orienté sur la découverte des institutions médico-sociales et des divers intervenants de l'accueil familial permanent.
En outre, ils devront suivre, dans les trois ans suivant la signature du premier contrat de travail, une formation de 240 heures, dispensée en alternance sur une période de 18 à 24 mois. Au programme, trois volets: accueil et intégration de l'enfant dans sa famille d'accueil (140 h), accompagnement éducatif de l'enfant (60 h) et communication professionnelle (40 h).
Un renforcement de la formation bienvenu selon Paul Heulin, animateur de la commission «métiers du domicile» à l'Association française des organismes de formation et recherche en travail social. «Ce métier ne s'improvise pas, et les assistants familiaux ont besoin d'être véritablement armés face à des problématiques de plus en plus complexes chez les enfants accueillis.»
Un diplôme d'Etat facultatif
Au terme de cette formation, les assistants familiaux qui le souhaitent pourront faire certifier leurs compétences par l'obtention du diplôme d'Etat d'assistant familial (1), et bénéficier ainsi d'un agrément pérenne. «Le caractère facultatif de cette certification répond sans doute à un souci de ménager un public traditionnellement rétif à la formation. Il ne s'agit pas de perdre des candidats à la profession en instaurant brusquement un diplôme obligatoire», analyse Michel Bineau, responsable pédagogique de la filière «accueil familial» au Centre de formation et de recherche à la relation d'aide et de soins de Chemillé (Maine-et-Loire).
Si la validation des acquis de l'expérience constitue une alternative intéressante, elle pourrait bien comporter un bémol sur le plan financier. «Pour monter un tel dossier, nous aurons besoin d'être accompagnés par un formateur et, proportionnellement à notre salaire, cela revient très cher», note Jean-Louis Chaulet.
En matière de salaire, la loi promet toutefois quelques avancées: un décret - toujours en attente - devrait ainsi substituer au salaire mensuel plancher de 84,5 fois le Smic horaire (678,50 euros) un système prévoyant une rémunération mensuelle fixe de 50 fois le Smic horaire (401,50 euros), assortie d'une rémunération de 70 fois le Smic horaire (562,10 euros) par enfant effectivement accueilli.
(1) Arrêté du 14 mars 2006.
Marion Léotoing
Point de vue
Philippe Ducalet, directeur du service d'accueil familial de l'association Rénovation (Landes)
«La loi du 27 juin 2005 est bienvenue, car elle valorise les pratiques d'une profession qui constitue un élément clé de la protection de l'enfance. Le renforcement de la formation et les améliorations de la rémunération devraient rendre le métier plus attrayant: une bonne chose au regard des problèmes de recrutement qui pourraient bientôt se poser. La création du diplôme d'Etat, malgré son caractère facultatif, devrait modifier les réflexes des employeurs: à terme, la logique de diplôme pourrait s'imposer comme un nouveau critère de sélection. A cet égard, le recours à la validation des acquis de l'expérience constituera, sans doute, une voie intéressante pour les professionnels. Enfin, l'acquisition de compétences approfondies favorisera peut-être l'inscription de l'assistant familial au sein des équipes pluridisciplinaires, qui n'est pas toujours effective.»
En savoir plus
Association nationale des placements familiaux; www.anpf.net/
Syndicat professionnel des assistants maternels et assistants familiaux; www.assistante-maternelle.org/