Ex-monitrices d'enseignement ménager, les conseillères en économie sociale et familiale (CESF), qui sont pour 95 % des femmes, contribuent à la prévention et à la lutte contre l'exclusion sous toutes ses formes, par des actions individuelles et collectives... Spécialistes de la vie quotidienne, elles informent, forment et conseillent des groupes et des particuliers.
Pas étonnant alors que leurs secteurs d'intervention soient très étendus et leurs employeurs multiples: collectivités locales, caisses d'allocations familiales, organismes HLM, hôpitaux, services sociaux, associations, caisses de sécurité sociale... Souvent, elles travaillent en partenariat avec des assistants de service social, des éducateurs, avec qui elles partagent le titre d'assistant socio-éducatif dans la fonction publique.
Leur formation se fait en deux temps: d'abord un BTS en économie sociale et familiale (ESF), ensuite un diplôme d'Etat de conseillère en économie sociale et familiale, de niveau III. Le niveau requis est le baccalauréat mais la possession d'un diplôme de niveau IV permet l'accès à la formation. L'admission dans les écoles s'effectue sur dossier avec épreuves de sélection.
Le BTS se prépare en deux ans avec 1965 heures de théorie. Au programme: sciences humaines et appliquées, cadre politique et juridique, pédagogie, alimentation, habitat, environnement, méthodologie du travail social et huit semaines de stages en milieu professionnel.
La réforme de la formation attendue
Le diplôme de CESF se prépare en un an, après l'obtention du BTS: 480 heures de théorie et 360 de pratique. L'accent est mis sur l'approfondissement des connaissances des institutions de l'action sociale et des publics de l'intervention sociale. La soutenance d'un mémoire, celle d'un rapport de stage et une épreuve écrite finalisent les études. Il est aussi possible de suivre la formation en étant en situation d'emploi ce qui permet de bénéficier de certains allégements: 300 heures de théorie et 160 de stage, mais cette formule est rarement utilisée. Contrairement aux autres diplômes du secteur, la validation des acquis de l'expérience (VAE) n'est pas encore à l'ordre du jour.
« Nous attendons la réforme de la formation qui offrira, grâce aux domaines de compétences, des passerelles entre différents métiers déjà réformés (assistantes sociales, éducateurs spécialisés), et l'ouverture à la VAE », espère Corinne Meyer, directrice des formations sociales à l'Ecole de travail social Carrel de Lyon. L'accès au diplôme d'Etat via le BTS ne correspond plus aux normes européennes. »
A savoir. La formation peut également être préparée avec le Centre national d'enseignement à distance.
Après quelques années d'expérience, les CESF peuvent accéder à des postes à responsabilité ou d'encadrement, en circonscription de service social ou devenir chef de service éducatif. Le diplôme d'Etat d'ingénierie sociale, le certificat d'aptitude aux fonctions d'encadrement et de responsable d'unité d'intervention sociale, le certificat d'aptitude aux fonctions de directeur d'établissement social ou de service d'intervention sociale et certaines licences professionnelles leur sont accessibles.
« Parce qu'elles sont formées à la gestion de moyens et de personnels, les conseillères sont à même de poursuivre leur formation avec des masters Gestion des entreprises, par exemple », poursuit Corinne Meyer, elle-même ancienne CESF. Parmi les 6800 conseillères actuellement en activité, 60 % exercent dans le secte
ur privé, 40 % dans la fonction publique. Les premières gagnent 2168 euros brut en début de carrière et 2819 en fin de carrière, les secondes respectivement 1402 et 2436 euros (hors primes). Mais les débouchés sont répartis inégalement sur le territoire français. Dans les grandes agglomérations, l'offre correspond à la demande, cela est moins vrai dans certains départements moins peuplés. Mais il faut dire aussi que certains employeurs préfèrent recruter un titulaire de BTS plutôt qu'un diplômé... pour des raisons évidemment financières.
Brigitte Bertin
Point de vue
Annie Brunet directrice d'un service de soins et d'aide à domicile en Seine-Saint-Denis (93)
« Lorsque nous recrutons un CESF comme responsable de secteur, l'idée est de croiser les connaissances puisque nous avons déjà des assistantes de service social. Peu importe qu'il soit titulaire d'un BTS avec expérience ou d'un diplôme de conseiller. Ce qui compte, c'est la personnalité. La personne doit être capable d'avoir l'esprit de synthèse, de manager une équipe, de conduire une réunion. Si elle est motivée, elle nous quittera dans cinq ans pour prendre un poste de cadre!