Fonctionnaires de la Justice de catégorie B, les éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) exercent une mission éducative auprès de mineurs en difficulté, et ce à double titre. D'une part dans le cadre de la protection de l'enfance, au nom de l'assistance éducative auprès de jeunes en danger. D'autre part, dans le cadre de l'ordonnance de 1945 relative à l'enfance délinquante, à travers l'exécution des mesures éducatives ou des sanctions pénales prononcées par le juge des enfants. Ils concourent ainsi « à la préparation et à la mise en œuvre des décisions civiles et pénales prononcées par les juridictions à l'égard des mineurs et jeunes majeurs ».
Un double volet d'action qui n'implique pas pour autant de différenciation profonde dans l'approche éducative, selon Christophe Caron, éducateur PJJ au foyer d'action éducative d'Arras, et secrétaire départemental du syndicat SNPES-PJJ/FSU pour le Pas-de-Calais. « Qu'ils fassent l'objet d'une protection ou d'une sanction, il s'agit d'accompagner au quotidien des jeunes en difficulté, de travailler avec eux sur leurs problématiques familiales et personnelles. Et de favoriser, à terme, une insertion sociale, scolaire ou professionnelle. » Pour les jeunes délinquants, le temps de l'accompagnement éducatif est aussi l'occasion de prendre conscience de l'infraction commise et de se préparer à être présenté au juge.
Equipes pluridisciplinaires
Les éducateurs interviennent à cet effet au sein d'équipes pluridisciplinaires, dans les divers dispositifs gérés par la PJJ: en milieu ouvert, pour les jeunes maintenus dans leur milieu familial, dans les structures d'hébergement (centres de placement immédiat, foyers d'action éducative...), dans les centres éducatifs fermés, services éducatifs auprès des tribunaux ou encore en milieu carcéral - « quartiers-mineurs » des prisons et établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). Ils bénéficient d'un salaire mensuel brut de 1449 en début de carrière, de 2668,50 en 2e classe, dernier échelon et de 2871 en fin de carrière 1re classe.
L'accès à la profession se fait notamment par le biais d'un concours externe sur épreuves, ouvert aux titulaires du diplôme d'Etat d'éducateur spécialisé ou d'un autre diplôme de niveau III. Mais d'autres voies d'accès existent, notamment au bénéfice de fonctionnaires en poste ou de candidats justifiant d'une expérience significative dans les domaines éducatif, social, sportif ou culturel (1).
Rénovation de la formation
Deux ans de formation précèdent l'entrée en fonction pour les stagiaires issus du concours interne et externe sur épreuves, un an seulement pour les autres. Dispensée jusqu'à présent par le Centre national de formation et d'études (CNFE) de la PJJ, celle-ci sera délocalisée, dès la rentrée 2008, dans les locaux de la nouvelle école nationale de PJJ, à Roubaix, et rénovée dans le sens des mutations en cours. Lesquelles troublent nombre d'éducateurs en poste. « Les orientations actuelles tendent à recentrer notre action sur le pénal », explique Christophe Caron, qui observe une montée en puissance, au sein des établissements de la PJJ, des mesures de probation, de contrôle judiciaire, et d'alternative à l'incarcération, au détriment des mesures éducatives. « Nous craignons, à terme, de devenir des agents de probation! » Les conséquences de l'extinction du corps des agents techniques d'éducation (ATE), qui assuraient jusqu'alors les nuits au sein des hébergements inquiètent également. De même que le contenu du cahier des charges, en cours d'élaboration, des établissements de placement éducatif (EPE), nouveau statut (2) harmonisant l'ensemble des hébergements actuels : « La tendance actuelle au contrôle à outrance pourrait s'y imprimer, au détriment du volet éducatif », redoute Christophe Caron.
(1) Décret n˚ 2004-19 du 5 janvier 2004, relatif au statut particulier des éducateurs PJJ. (2) Décret n˚ 2007-1573 du 6 novembre 2007, portant structuration juridique du secteur.
Marion Léotoing
Point de vue
Une directrice de service de la PJJ*
« Le métier d'éducateur à la PJJ vit une mutation accélérée, qui n'a pas été bien préparée. La réalité professionnelle diffère en effet de plus en plus des attentes des éducateurs à leur entrée en poste. Leur intervention dans les « quartiers-mineurs » des prisons et au sein des EPM et l'augmentation des mesures pénales constituent une rupture idéologique difficile pour des professionnels qui se projetaient souvent plus dans l'aide et le soutien que dans la répression et le contrôle. La gestion de ce mécontentement comme celle de la mise en œuvre du changement reposent en grande partie sur les directeurs. »
* Elle a souhaité garder l'anonymat.