Aucun article de la loi 1901 n'oblige les associations à une organisation particulière. Toute liberté est donc laissée aux membres d'une assemblée générale d'opter pour une gestion collective ou pyramidale, la seconde étant plus rassurante pour les financeurs , avec la nomination d'un bureau composé d'un président, d'un trésorier et d'un secrétaire.
Rôle stratégique
Dans ce trio exécutif, le trésorier assure un rôle stratégique : il fournit les moyens nécessaires à la mise en œuvre des orientations définies par l'association. Ses missions ? Analyser le passé, contrôler le présent, et assurer l'avenir. Ses outils de base ? Le suivi budgétaire, le plan de trésorerie, le budget prévisionnel.
Cependant, ses tâches varient selon la taille et la nature de la structure. Si dans les petites associations, il tient les comptes au jour le jour, classe les factures, et gère le budget, dans les structures plus importantes, la présence d'un directeur administratif et financier (DAF) complète les fonctions du trésorier. « Elles s'exercent sur des registres différents », souligne Michel Chegaray , trésorier de l'association Les Petits Frères des pauvres (36 millions d'euros de budget, 311 salariés). Il ajoute : « Le politique est du ressort du trésorier et le fonctionnel relèvera du DAF. » En matière de placements, par exemple, on attend du trésorier qu'il définisse la politique la plus appropriée (court, moyen, long termes), en lien avec le conseil d'administration, et du DAF qu'il assure la meilleure gestion possible.
« Une nouvelle notion est aussi apparue récemment : celle de gouvernance, en particulier pour les associations complexes », renchérit Michel Chegaray. En effet, la fonction de trésorier s'exerce de plus en plus dans un cadre de gouvernance de groupe (en matière de procédures, de placements, de présentation des comptes...). Et dans ce sens, la formation des trésoriers d'antennes ou des sites annexes (et des élus en général), sous la responsabilité du trésorier national, est une caractéristique de cette mutation.
Rigueur accrue
Les nouvelles contraintes d'ordre économique et financier ont fait évoluer la fonction : « Plus grande transparence des comptes, rigueur accrue dans la gestion financière de la trésorerie et des placements, compte-rendu détaillé de l'utilisation des fonds et vérifications par des organismes accrédités, mise en place de procédures visant à un meilleur contrôle interne, information complète et régulière des administrateurs », explique Michel Chegaray. A noter que si le trésorier peut partager une partie de ses pouvoirs, il ne peut déléguer sa responsabilité. En cas de faute volontaire de gestion, il est redevable sur ses fonds personnels des sommes dues.
L'entente président/trésorier - basée sur la confiance réciproque - est absolument fondamentale pour assurer le bon fonctionnement de l'association et rassurer les donateurs. Autre qualité exigée d'un trésorier : la pédagogie, qui aidera les administrateurs à prendre les bonnes décisions. Le temps consacré à cette fonction varie donc d'une association à l'autre.
Indemnités
Le trésorier peut-il percevoir des indemnités en fonction de sa présence ? « Juridiquement, rien ne l'interdit. Toutefois, il est souhaitable que cette indemnité soit votée par un organe collégial qui en précise le contexte, le(s) motif(s) et le montant. Seule exception : les associations reconnues d'utilité publique qui prévoient dans leurs statuts types le strict bénévolat de leurs administrateurs », précise Noël Raimon, avocat associé au sein du cabinet Fidal. « Au plan fiscal, l'enjeu est souvent plus important, puisque si certaines précautions ne sont pas prises en amont, l'association peut être assujettie à l'ensemble des impôts commerciaux. (1) » L'idéal pour une association ? Trouver un expert-comptable (ou à défaut un comptable, un DAF) à la retraite ou assurer une formation à son trésorier. Il en existe de nombreuses, dans les structures d'aide à la vie associative, et pour un prix modique.
(1) Lire Direction(s) n˚ 47, p. 31.
Brigitte Bertin
Point de vue
David Fisk, trésorier de l'association La Mie de pain, Paris
« Pour être trésorier, il faut aimer les chiffres ! Il n'est pas seulement là pour signer, mais il doit bien connaître l'association. Même si, en termes financiers, celle-ci a beaucoup de similitudes avec une entreprise, elle est davantage ancrée dans le vivant et permet la mise en place de processus innovants. La présence d'un responsable administratif et financier ne règle pas tout. Le trésorier doit avoir un rôle de contrôle et doit être une force de proposition auprès du bureau de l'association en matière de gestion prévisionnelle. »
En savoir plus
« Le guide du trésorier d'association », Yvette Jochas et collectif, 2007, à télécharger sur www.associationmodeemploi.fr
www.afta-asso.fr : Association française des trésoriers et responsables d'associations et organismes à but non lucratif