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Permanent de nuit
Permanent de nuit

31/05/2008

Dans les centres d'hébergement d'urgence sociale, le permanent de nuit est l'unique interlocuteur des personnes sans domicile fixe. Un poste à responsabilité, pour lequel il faut assurer la formation du titulaire.

Pour répondre à une demande de plus en plus forte, le secteur de l'hébergement d'urgence sociale a longtemps recruté du personnel pour une large part non diplômé. Et jusqu'en 2005, les permanents de nuit étaient des salariés en quelque sorte « invisibles ».

Depuis, l'union Unifaf Ile de France (1), à la demande des associations de l'urgence sociale - Emmaüs, la Croix-Rouge française, l'Armée du salut, France terre d'asile, les œuvres de la Mie de pain... -, a mis en place une action prioritaire régionale (APR) pour définir cet emploi selon un référentiel de compétences et d'activités. L'Institut national de formation et d'application (INFA) à Nogent-sur-Marne et Buc Ressources dans les Yvelines, centres de formation de la filière éducative, en ont assuré la formation.

Le parcours de professionnalisation a été adapté selon deux critères: les attentes spécifiques à l'urgence sociale et le passé de salariés au parcours hétéroclite: hommes dans la majorité des cas, parfois anciens compagnons d'Emmaüs, ou ex-bénévoles du social, quinquagénaires et étrangers pour moitié. Leur niveau scolaire est souvent très faible, mais certains ont un « bac + 5 », obtenu à l'étranger. « Ce sont des personnes qui font preuve de grandes capacités d'adaptation et de qualités humaines exceptionnelles », souligne Alain Langlacé, directeur de l'INFA.

Leurs fonctions? Loin d'être des gardiens du bâti, ce sont des accueillants à part entière. Ils assurent la tranquillité des hébergés tout au long de la nuit, rappellent les règles de conduite à une population désocialisée. Instaurent un climat de confiance, encouragent les résidants à faire face à la journée qui s'annonce. Passent enfin le relais et s'assurent des transmissions aux autres membres de l'équipe.

« Ce qui distingue leur travail de celui des surveillants de nuit qualifiés, c'est la nature de la structure d'hébergement: uniquement ouverte la nuit, contrairement aux autres institutions qui fonctionnent en continu », explique Pierre Marie Lasbleis, chef de projet à l'Unifaf. « Tous les soirs, ils ont affaire à des personnes différentes. »

Formation en alternance

Leur formation - 14 jours et 91 heures - se décompose en 6 modules: l'urgence sociale, l'accueil de nuit, la prise en charge de la vie quotidienne, la formation aux premiers secours, le positionnement professionnel, la transmission des informations. En alternance: terrain et centre de formation. « Dans la convention collective de 1951, à laquelle nous sommes rattachés, le poste de permanent de nuit n'existe pas », explique Frédérique Rastolle, responsable des ressources humaines de l'association Emmaüs, « le salarié exerçant cette fonction est embauché en qualité d'agent logistique, et, une fois formé, ce qui est obligatoire pour nous, donc pour lui, il devient auxiliaire socio-éducatif. Il passe de l'indice 291 (soit 1254 euros brut) à celui 339 (1461 euros brut) plus une prime de nuit (7,11 euros). » Malgré la demande des associations, la commission paritaire nationale de l'emploi arguant de la multiplicité des diplômes actuels, n'a pas souhaité reconnaître cette fonction comme un nouveau métier, mais elle valide le niveau de formation et les passerelles vers d'autres diplômes.

Programme de stabilisation

Dans le cadre de la loi du droit au logement opposable, les centres d'hébergement d'urgence se transforment peu à peu en centres de stabilisation, qui proposent un accueil 24 heures sur 24, sans limite de durée. « Nous sommes à un moment charnière, où il n'y aura plus de rupture entre le jour et la nuit », constate Pierre-Marie Lasbleis.

Quel avenir alors pour les permanents de nuit? Assurer des fonctions à l'intérieur de ces nouvelles structures et entamer d'autres cursus (par exemple, animateur social, aide-médico psychologique ou moniteur-éducateur) grâce aux allégements de formation et à la validation des acquis de l'expérience. « Certains habitués des centres d'hébergement d'urgence apprécient la liberté de ne jamais s'installer, insiste Frédérique Rastolle. Une partie de ce public n'est pas prête à s'inscrire dans un programme de stabilisation. » Mais la nuit reste toujours un temps d'accompagnement social et le permanent de nuit, un maillon difficilement contournable de la chaîne de l'insertion.

(1) Organisme paritaire collecteur agréé

Brigitte Bertin

Point de vue

Stéphane Rullac, responsable de projet à Buc Ressources

« Le cahier d'Unifaf (1) présente les caractéristiques de l'APR en Ile de France, mais il a été écrit pour que le secteur de l'urgence sociale s'en empare au niveau national et démultiplie ce qui a été fait. Il constitue une sorte de pierre blanche susceptible d'orienter le développement de l'urgence sociale en organisant la professionnalisation individuelle et collective des salariés. »

(1) « Place et missions des professionnels de l'accueil de nuit dans les centres d'hébergement d'urgence »


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