Actuellement, quelque 10 000 conseillers en économie sociale et familiale (CESF) contribuent à la prévention et à la lutte contre l'exclusion en formant, informant et conseillant les familles et les personnes en difficulté. Ils exercent dans les services d'action sociale des collectivités locales, les caisses d'allocations familiales, les hôpitaux, les centres d'hébergement et de réinsertion sociale, mais aussi dans les établissements et services accueillant des personnes handicapées. Nouveauté : le diplôme d'État de CESF vient d'être réformé. L'objectif était d'aligner cette formation sur celle des autres diplômes en travail social de niveau III afin de la rendre accessible par la validation des acquis de l'expérience (VAE) et de faciliter les passerelles avec les autres formations du secteur sanitaire et social.
Première étape en cette rentrée 2009 : les organismes de formation sont toujours ouverts aux titulaires du BTS d'économie sociale familiale, mais aussi, et c'est une nouveauté, aux personnes ayant obtenu une validation partielle du diplôme d'État par la voie de la VAE. Une circulaire transitoire avait été adoptée, en 2007, en attendant cette réforme. Les candidats doivent justifier de compétences professionnelles acquises dans l'exercice d'une activité salariée, non salariée ou bénévole en rapport direct avec le diplôme, pendant une durée cumulée d'au moins trois ans. Ceux qui ne valident qu'une partie par la VAE ont cinq ans pour compléter leur formation.
De nouvelles passerelles
Deuxième étape en 2010 : la formation s'ouvre également aux titulaires du diplôme universitaire de technologie « carrières sociales » ou des diplômes d'État d'assistant de service social, d'éducateur spécialisé, d'éducateur technique spécialisé et d'éducateur de jeunes enfants. Ils pourront intégrer les organismes de formation grâce à une validation automatique d'au moins deux domaines de compétences sur les quatre requis. Le nouveau programme mis en place dès cette rentrée prévoit, en effet, que les étudiants valident quatre domaines de compétences et non plus des contenus.
Pour ou contre cette évolution ? Martine Le Manach, responsable de la formation à l'Institut régional de travail social (IRTS) de Bretagne, à Rennes, reconnaît que la réforme facilite les passerelles d'un métier à l'autre. « Mais il existe un risque de lissage des professions du social et par là-même de leurs spécificités. J'attire l'attention des employeurs sur le fait que derrière des domaines de compétences communs, il y a des quotas d'heures et des contenus de formation très différents ».
Comme pour tous les diplômes du secteur social et sanitaire, la formation alterne enseignements théoriques et pratiques, notamment sous forme de stages. D'une durée d'un an, elle comprend 540 heures d'enseignements théoriques et 560 heures de formations pratiques sur un ou plusieurs sites qualifiants. « Le temps de stage passe de huit à seize semaines, ajoute Martine Le Manach. Seul problème, si l'employeur ne souhaite pas rémunérer le stage, il ne va pas garder le stagiaire au-delà de deux mois. On risque alors de retomber sur des stages courts, qui vont à l'encontre de la volonté de professionnalisation. »
Les perspectives de carrière restent, elles, identiques. Le conseiller peut devenir responsable d'un centre communal d'action sociale ou accéder à d'autres responsabilités d'encadrement, chef de service par exemple, via le certificat d'aptitude aux fonctions d'encadrement et de responsable d'unité d'intervention sociale (Caferuis), le certificat d'aptitude aux fonctions de responsable d'organismes sociaux (Reos) ou le certificat d'aptitude aux fonctions de directeur d'établissement social ou de service d'intervention sociale (Cafdes).
(1) Lire le supplément de Direction(s) n° 63
Estelle Nouel
Point de vue
Nelly Bouin, conseillère et responsable du service insertion au sein du centre d'hébergement et de réinsertion sociale, Foyer Saint-Benoît Labre à Rennes (Finistère)
« Je suis favorable à l'idée des passerelles entre les métiers. Alors, pourquoi, dans ce cas, ne pas compléter sa formation et acquérir de nouvelles compétences ? Je répondrai donc positivement à un éducateur spécialisé de mon service qui souhaiterait suivre la nouvelle formation de CESF. Actuellement, ce service compte deux conseillères. Aux côtés de six autres travailleurs sociaux, elles accompagnent individuellement 80 usagers. L'une s'occupe plus spécifiquement de l'accès au logement ; l'autre des droits à la santé. Elles sont également chargées de mettre en place des ateliers collectifs, de cuisine, d'esthétique ou de prévention. Mon seul regret ? Que la nouvelle formation ne compte encore que trop peu de semaines de stage, par rapport à celle d'assistant social ou d'éducateur spécialisé. »
En savoir plus
Décret n° 2009-1084 du 1er septembre 2009 et arrêté du 1er septembre 2009 relatifs au diplôme d'État de CESF