Selon les estimations les plus récentes, 15 à 20 % des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont actuellement dotés d'une pharmacie à usage interne (PUI). Le projet d'intégration des dépenses d'achat des médicaments dans le forfait soins de ces structures d'ici le 1er janvier 2011, afin de maîtriser l'augmentation régulière de ce poste, conjugué au développement d'une démarche qualité, prônée par l'agence de l'évaluation des établissements et services médico-sociaux Anesm, devrait contribuer à accélérer leur création.
Temps de présence minimum
Aujourd'hui, différentes formes de pharmacie à usage interne peuvent exister dans les Ehpad: PUI d'établissement de santé disposant de lits d'Ehpad, PUI d'établissement médico-social, PUI de groupement de coopération sanitaire (GCS) et PUI pouvant elle-même être dotée de la structure d'un GCS (1). Le décret du 3 octobre 2007 requiert un temps de présence minimum de 0,5 équivalent temps plein (ETP) du pharmacien gérant au sein de tout établissement de santé.
À noter. Ce temps de présence peut être réduit, selon les personnes accueillies, à 0,2 ETP dans les établissements médico-sociaux.
La PUI approvisionnant un Ehpad est chargée (2) de répondre aux besoins en pharmacie de l'établissement où elle est créée. Objectif principal: optimiser le traitement des patients hébergés au travers de l'utilisation sécurisée, appropriée et efficiente de produits de santé.
Réduire les prescriptions inadaptées
Dans une large mesure, les missions d'un pharmacien en Ehpad sont similaires à celles d'un pharmacien hospitalier exerçant dans un établissement de santé. Il est en charge de la gestion, de l'approvisionnement et de la dispensation des médicaments, produits ou objets, des dispositifs médicaux stériles et des médicaments expérimentaux. Il doit également informer du bon usage des médicaments et est responsable de la sécurité du circuit de ceux-ci dans l'établissement. De plus, en Ehpad, le pharmacien porte une attention particulière à la lutte contre l'« iatrogénie médicamenteuse » (c'est-à-dire la conséquence indésirable et négative sur l'état de santé de la prise médicamenteuse). La loi de santé publique de 2004 fixe en effet comme priorités la réduction des prescriptions inadaptées chez les personnes âgées et celle de la fréquence des événements iatrogènes d'origine médicamenteuse entraînant une hospitalisation. Pour cela, différents moyens sont à disposition: le développement de la prescription informatisée, en lien avec le dossier du patient, la mise en place d'un livret thérapeutique restreint et consensuel (une base de 150 médicaments et 90 principes actifs permet, en gériatrie, de gérer la majorité des pathologies) et la délivrance nominative des prescriptions.
Sens de la diplomatie
Selon Mariannick Le Bot, présidente du Syndicat national des pharmaciens des établissements publics de santé (Synprefh), la fonction de pharmacien hospitalier en Ehpad nécessite, plus que toute autre, de se montrer particulièrement polyvalent dans l'exercice de ses fonctions: « Celui-ci est amené à intégrer ou à animer des groupes pluridisciplinaires au sein desquels il se trouve en contact avec de nombreux professionnels. Ce qui requiert de solides connaissances sur l'ensemble des produits de santé, dans des domaines tels que l'infectiologie, l'hygiène, la nutrition..., ainsi que de grandes qualités humaines, notamment un sens aigu de la diplomatie. »
(1) Lire Direction(s) n˚ 62, p. 16 (2) Art. L5126-5 du code de santé publique
Rachelle Lemoine
Point de vue
Sophie Armand-Branger, pharmacien hospitalier du GCS des pharmacies des Ehpad du Territoire-de-Belfort
« Au sein de la PUI dont je suis pharmacien responsable, nous avons pour mission de répondre aux besoins de huit établissements, soit 930 résidants. Je suis donc amenée à effectuer un gros travail de pédagogie auprès des différents acteurs, tels que les médecins prescripteurs, les médecins coordonnateurs de chaque établissement, les directeurs et le personnel soignant. Les 60 médecins prescripteurs ont dû être informés du livret thérapeutique et de la prescription informatisée. La collaboration ne s'est pas toujours faite sans heurts, mais la présence d'un médecin coordonnateur au sein des structures nous offre un relais et une aide prépondérante. De plus, une fois par an, les directeurs d'établissement se réunissent avec tous les médecins coordonnateurs et prescripteurs. Cette concertation m'est très utile, car je bénéficie ainsi d'une remontée directe des problèmes. »
En savoir plus
Syndicat national des pharma-ciens des établissements publics de santé: www.synprefh.org