Né au Canada, dans les années 1990, le métier « gestionnaire de cas » ou « coordonnateur » de santé en gériatrie – appelé aussi « case manager » – a fait son apparition en France, en 2006, afin d'améliorer la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer (1). Sa mission ? Coordonner les soins. Il fait le lien entre les différents intervenants chargés d'accompagner la personne en perte d'autonomie : personnels des services sociaux, des services de santé, bénévoles, mais aussi les familles. Concrètement, une fois le diagnostic médical posé, le coordonnateur participe à l'évaluation des besoins et travaille notamment avec les médecins traitants et avec les praticiens hospitaliers. Il élabore ensuite un plan de soins et d'accompagnement, à la fois sur les plans sanitaire et social, et ce, de manière continue dans le temps, y compris dans le cas de l'hospitalisation de l'usager. Enfin, il veille à la qualité de la prise en charge à domicile et peut notamment aider à la constitution des dossiers d'aide sociale ou orienter vers un soutien juridique, vers les services de tutelle…
1 000 professionnels d'ici à 2012
Les coordonnateurs interviennent donc au sein d'équipes multidisciplinaires dans certains réseaux gériatriques locaux et dans les maisons pour l'autonomie et l'intégration des malades d'Alzheimer (Maia), guichets uniques pour les malades et leurs proches. Actuellement, 51 professionnels ont été recensés dans les 17 Maia existantes. Leur profil est très varié. Issus du secteur sanitaire ou social, ils peuvent être infirmier, coordonnateur de service de soins à domicile ou libéral, responsable de service d'aide à domicile, conseiller d'un centre local d'information et de coordination, responsable d'une équipe en charge de l'Allocation personnalisée d'autonomie, ou encore travailleur social, professionnel de santé (ergothérapeute, psychologue...).
Les principales formations
Le plan Alzheimer 2008-2012 (2) prévoit de former 1 000 gestionnaires de cas d'ici à 2012, répartis sur l'ensemble du territoire. Même si les référentiels d'activités, de compétences et de formation de ce nouveau métier ne seront finalisés qu'en juin prochain, il existe aujourd'hui deux filières.
La première est un diplôme universitaire (DU), équivalent au master de « coordonnateur de santé en gériatrie », proposé à l'université Paris 5-René Descartes aux docteurs en médecine, aux infirmiers, ou aux assistants en service social. La formation – qui s'étend sur une année universitaire de décembre à mai – comprend à la fois des cours théoriques (120 heures) et pratiques (30 heures de travaux dirigés et 20 demi-journées de stage). Les enseignements portent sur les connaissances de la maladie d'Alzheimer et des pathologies apparentées, sur la dimension éthique de la profession, sur la gérontopsychologie, sur la communication, la négociation, l'analyse des pratiques… Leur coût ? De 800 euros en formation initiale à 1 550 euros en formation continue.
La seconde filière consiste à suivre le module 2 du nouveau diplôme d'établissement (DE) « directeur d'établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » que l'École des hautes études en santé publique (EHESP) délivre depuis la rentrée 2009. Intitulé « coordination gérontologique », il est dispensé en partenariat avec le laboratoire Santé vieillissement de l'université Versailles-Saint-Quentin et se déroule sur deux jours pour un prix de 960 euros.
(1) Lire Direction(s) n°58, p 30
(2) www.plan-alzheimer.gouv.fr
Estelle Nouel
Point de vue
Claire Astier, pilote du projet Maia « Autonomie 75-20 », à Paris
« Notre maison pour l'autonomie a démarré en 2006, dans le cadre de l'expérimentation mise en place par Prisma France – Projet et recherche sur l'intégration des services de maintien de l'autonomie – avant d'être labellisé Maia par le plan Alzheimer en janvier 2009. Nos cinq structures, regroupées au sein d'un GCSMS, emploient cinq gestionnaires de cas, aux profils variés : assistante sociale, ergothérapeute, psychologue, conseiller en économie sociale et familiale et infirmière. Ils accompagnent 33 personnes âgées en situation complexe en se basant sur un outil d'origine québécoise, le système de mesure de l'autonomie fonctionnelle. Cet outil évalue 29 fonctions couvrant les activités de la vie quotidienne, la mobilité, la communication, les fonctions mentales et les tâches domestiques afin d'élaborer un plan de service individualisé en accord avec la personne atteinte de la maladie d'Alzheimer et les professionnels partenaires. Point fort de ce coordonnateur ? Il est le référent unique dans l'accompagnement à domicile de l'usager. Il forme aussi, et c'est nouveau, un véritable binôme avec le médecin traitant et assure la concertation entre deux secteurs jusque-là fragmentés, le sanitaire et le social. »
En savoir plus
Prisma France : www.longuevieetautonomie.com/public/index.html