Instruire et accompagner des élèves souffrant de troubles du comportement ou de handicap : telle est la mission de l'enseignant spécialisé. Avec une quinzaine d'élèves par classe, il est chargé d'adapter ses méthodes et ses techniques d'apprentissage. Par exemple, communiquer en langue des signes avec des enfants sourds ; lire le braille avec de jeunes aveugles. Un métier où le travail en équipe (éducateurs, psychologues, médecins, assistants sociaux...) est primordial.
Ils sont actuellement 37 553 en poste, répartis entre les classes d'intégration scolaire (Clis), en primaire, ou les unités pédagogiques d'intégration (UPI), dans le secondaire, mais aussi en établissements médico-sociaux, notamment les instituts médico-éducatifs (IME), qui emploient 5 278 d'entre eux. L'ensemble de ces postes est financé par le ministère de l'Éducation nationale.
En alternance
Pour exercer, il faut être titulaire du certificat d'aptitude professionnelle pour les aides spécialisées, les enseignements adaptés et la scolarisation des élèves en situation de handicap (CAPA-SH). Instauré par le décret du 5 janvier 2004, ce diplômecomporte sept options allant de « A » pour l'enseignement et l'aide pédagogique aux élèves sourds et malentendants à « G » pour les aides spécialisées à dominante rééducative. Pour enseigner en IME, il faut avoir suivi l'option « D » (élèves présentant des troubles importants des fonctions cognitives).
La formation, en alternance, est accessible aux professeurs des écoles. Elle comprend 400 heures d'enseignement théorique, en institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) ou en université et une pratique sur poste spécialisé, suivie et accompagnée. Elle est articulée autour de trois unités : « pratiques pédagogiques différenciées et adaptées aux besoins particuliers des élèves »; « pratiques professionnelles au sein d'une équipe pluricatégorielle » et « pratiques professionnelles prenant en compte les données de l'environnement scolaire et social ».
Identité professionnelle
À partir de la rentrée de septembre 2010, tous les enseignants des écoles, collèges et lycées seront recrutés au niveau « master », c'est-à-dire bac + 5. Quel sera l'impact de cette « mastérisation » sur la formation des professeurs des écoles spécialisés ? Le ministère de l'Éducation nationale précise que « certains IUFM et universités délivreront des masters d'enseignement qui, quelle que soit la discipline, proposeront des modules spécifiques [pédagogie, psychologie, enseignement spécialisé…]. » (2) Mais au sein des IUFM, certains s'inquiètent. « Un module de quelques heures ne remplacera jamais une année entière de spécialisation », s'insurge Nathalie Bonneton-Botté, responsable du département de formation « adaptation et scolarisation des élèves handicapés » à l'IUFM de Bretagne. « Si la formation initiale du professeur doit prendre en compte l'accueil des élèves en situation de handicap au sein d'une classe, le métier d'enseignant spécialisé renvoie à une identité professionnelle bien distincte. Ainsi, il semble qu'une bonne connaissance des méthodes d'apprentissage auprès d'élèves au développement "ordinaire" soit un prérequis pour enseigner dans le secteur spécialisé. »
Le salaire net d'un professeur des écoles spécialisé est de 1 972 euros par mois. Après cinq ans d'ancienneté, il peut préparer le diplôme de directeur d'établissements d'éducation adaptée et spécialisée.
(1) Décret n° 2004-13 du 5 janvier 2004 (2) Circulaire n° 2009-1037 du 23 décembre 2009
Estelle Nouel
Point de vue
Céline Derrien, enseignante spécialisée à l'IME de Bel-Air à Languedias (Côtes-d'Armor)
«J'ai enseigné pendant sept ans dans le milieu ordinaire avant d'occuper ce posteoù je prends en charge des enfants et adolescents épileptiques. Mon rôle est de leur permettre d'acquérir le maximum d'autonomie. En tant qu'enseignante, je dois m'appuyer sur les programmes de l'Éducation nationale, mais je peux adapter ma pédagogie. À moi de piocher dans l'ensemble des enseignements ce qui correspond le mieux au projet individuel de chaque élève. Ce projet personnalisé est mis en œuvre dans le cadre des unités d'enseignement propres aux établissements et services médico-sociaux. Un arrêté du 2 avril 2009 prévoit que l'équipe de suivi de la scolarisation se réunit régulièrement. Elle est composée du directeur de l'établissement, de l'enseignant qui suit l'élève, de l'enseignant référant du secteur, des parents et des soignants (médecin, psychologue, orthophoniste...). On le voit, l'enseignant spécialisé n'est pas isolé, il effectue son travail en étroite collaboration avec d'autres professionnels. »