Le chauffeur-accompagnateur (© www.consulthandicap.com)
Transport individuel de personnes âgées pour des courses ponctuelles, conduite d'un minibus qui transfère des personnes handicapées vers un centre d'accueil de jour… Le métier de conducteur-accompagnateur se développe. Les services de transport adaptés se sont, en effet, multipliés depuis la loi Handicap du 11 février 2005 et la généralisation du principe d'accessibilité. Ce sont surtout les associations et les entreprises privées spécialisées dans le transport qui, répondant notamment aux appels d'offres de mairies et de conseils généraux, emploient la plupart des chauffeurs-accompagnateurs. Mais ces derniers peuvent aussi être directement embauchés par les collectivités ou des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS). En particulier, lorsque ceux-ci proposent un accueil de jour ou des services d'aide à domicile.
S'adapter à l'usager
La mission du conducteur-accompagnateur est double : en plus de la conduite et de l'entretien du véhicule, il s'assure du bien-être des passagers pendant le trajet. Parfois même au-delà. Quand l'employeur le prévoit, le professionnel passe le seuil du domicile. Il vérifie alors avec l'usager qu'il n'a rien oublié, l'aide à lacer ses chaussures, à rejoindre le véhicule, à charger ses affaires… À l'arrivée, l'accompagnement peut se poursuivre jusqu'à l'entrée de l'établissement, de la salle d'attente du médecin ou dans les rayons de la grande surface où l personne va faire ses courses. « Il ne s'agit pas pour lui de connaître toutes les pathologies, mais de savoir s'adapter aux incidences du handicap lors d'un déplacement, explique Marie-Pierre Bonnecarrère, responsable de formation au centre Action et formation pour l'aide au maintien à domicile (Afpam), à Paris. Le chauffeur-accompagnateur doit avoir des notions d'ergonomie et de mise en sécurité pour installer la personne dans le véhicule : arrimer le fauteuil roulant, réaliser les transferts, fixer la ceinture de sécurité… Enfin, il doit être attentif aux signes de détresse et d'inconfort comme le stress ou la chaleur, et savoir mettre à l'aise la personne. » En fonction du nombre de passagers, de leur âge et de leur handicap, l'employeur peut envisager la présence d'un accompagnateur supplémentaire dans le véhicule.
Pas de statut dans les ESSMS
La branche du transport routier a conclu un accord, le 7 juillet 2009, qui clarifie le cadre d'emploi du conducteur-accompagnateur dans les entreprises spécialisées pour les personnes à mobilité réduite (PMR) et qui rend la formation obligatoire. Plusieurs centres, dont l'Afpam, proposent des sessions de quelques jours. Mais ces dispositions ne s'imposent pas aux ESSMS. Sylvain Bernu, responsable de l'organisme de formation Consult'handicap, confirme : « Il n'y a pas d'obligations spécifiques concernant l'emploi d'un conducteur-accompagnateur. Les directeurs doivent seulement veiller au respect des règles de sécurité relatives aux véhicules adaptés (1). » La fonction n'est donc pas prévue par les différentes conventions collectives du secteur. Ces professionnels sont alors, généralement, recrutés en qualité d'agent technique, sur la base du minimum conventionnel. Parfois même, lorsque l'activité transport est externalisée (lire l'encadré ci-dessous), ils ne peuvent assurer que la seule mission d'accompagnateur. Un métier encore à géométrie variable.
(1) Direction(s) n° 37, p. 35
Aurélia Descamps
Point de vue
Marc Meunier, DRH à l'Association régionale « l'aide aux handicapés moteurs », à Strasbourg (Bas-Rhin)
« Nos deux instituts d'éducation motrice (IEM) accueillent 190 jeunes en internat ou semi-internat. Pour assurer les trajets entre leur domicile et les structures, nous avons fait le choix d'employer des accompagnateurs. Matin et soir, ils travaillent à bord des bus avec chauffeurs, mis à notre disposition par la compagnie de transports locale avec laquelle nous avons une convention. Ils veillent ainsi à la sécurité des passagers, à leur confort et à la discipline. Ils font aussi le lien avec les parents et travaillent en binôme avec le conducteur. L'intérêt d'avoir nos propres accompagnateurs ? La relation régulière qu'ils entretiennent avec les jeunes. Nous recrutons des personnes qui connaissent le monde du handicap et assurons ensuite leur formation continue. Ils passent en interne le diplôme de sauveteur-secouriste du travail (SST) et sont formés aux gestes et postures pour la manutention de personnes handicapées. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 89 - novembre 2011