À la fois travailleur social et enseignant technique, le moniteur d'atelier occupe une place particulière dans le secteur social et médico-social. Qu'il exerce en établissement et service d'aide par le travail (Esat), en entreprise adaptée (EA), en foyer de vie ou en accueil de jour, ou bien encore en atelier et chantier d'insertion (ACI), sa mission est double. En effet, il encadre les travailleurs handicapés ou les personnes en insertion, afin de leur transmettre ses compétences techniques et professionnelles – en menuiserie, mécanique, blanchisserie, espaces verts, cuisine... – en vue de favoriser leur autonomie et donc leur réinsertion sociale et professionnelle. Mais il est également responsable de la production et de son contrôle, ainsi que du respect des délais. Autre particularité : contrairement à d'autres métiers de la branche, ultra féminisés, celui de moniteur d'atelier est encore très majoritairement masculin. La plupart œuvrent dans le secteur associatif, et environ 10 % dans la fonction publique.
Un métier en pleine mutation
Avant d'exercer, beaucoup sont d'abord passés par le monde de l'entreprise. Mais ce profil est en train d'évoluer. « L'époque où le moniteur d'atelier quittait son entreprise pour venir encadrer un groupe de travailleurs handicapés dans un atelier de conditionnement est révolue », estime ainsi Gérard Zribi, président de l'Association nationale des directeurs et cadres des Esat (Andicat). Selon ce dernier, ce métier requiert de nouvelles compétences. « L'environnement économique a changé et les structures ont dû adapter leurs productions. Les ateliers en milieu ouvert, avec des prestations de service type espaces verts, sont de plus en plus nombreux. Par ailleurs, le rapport travailleur-encadrant s'est transformé. Les personnes en situation de handicap ont acquis de nouveaux droits, notamment depuis la loi du 11 février 2005, ce qui demande de nouvelles aptitudes de la part des professionnels. Enfin, le nombre de personnes en situation de handicap psychique ou atteintes de troubles de la personnalité a augmenté, ce qui complexifie la prise en charge », analyse Gérard Zribi.
Formation qualifiante
Pour l'heure, il n'existe pas de diplôme ou de formation obligatoire pour exercer cette fonction. Même si les instituts régionaux du travail social (IRTS) proposent une formation spécifique, à l'issue de laquelle le professionnel obtient un certificat de qualification aux fonctions de moniteur d'atelier (CQFMA). De niveau V, elle dure un an, et comprend au minimum 320 heures d'enseignement théorique réparties en quatre domaines de compétences :
- accompagnement de la personne et du groupe dans le cadre d'une activité technique ;
- participation à l'élaboration et à l'encadrement d'une activité technique et professionnelle ;
- travail en équipe pluriprofessionnelle ;
- implication dans les dynamiques partenariales institutionnelles.
La formation théorique est complétée par un stage de neuf mois. Les titulaires du CQFMA peuvent ensuite prétendre à entrer en formation d'éducateur technique spécialisé (1). Les centres de formation travaillent à la reconnaissance de ce certificat au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) pour la rentrée 2012.
Côté rémunération, les moniteurs d'atelier débutent à 2122 euros bruts par mois (2761 euros en fin de carrière) s'ils relèvent de la convention collective nationale du 31 octobre 1951 (CCN 51). Dans celle du 15 mars 1966 (CCN 66), moins avantageuse, la fourchette de salaire mensuel va de 1535 euros bruts à 2430 euros bruts. Et dans la fonction publique, d'environ 1 350 euros à 1 930 euros.
(1) Arrêté du 18 mai 2009 (qui fixe les modalités de formation des éducateurs techniques spécialisés et les modalités d'organisation des examens pour l'obtention du diplôme d'Etat) et circulaire n° DGAS/4A/DGESIP/2009/331 du 2 novembre 2009
Estelle Nouel
Point de vue
Ghislaine Cuenca, directrice de l'Esat 4 Vaulx-Jardin, à Corseul (Côtes-d'Armor)
« Depuis sa création dans les années 1980, l'Esat, géré par l'association 4-Vaulx-les-Mouettes, a choisi d'associer de manière originale les caractères social et environnemental. Il permet en effet l'intégration professionnelle de 105 adultes en situation de handicap tout en développant des ateliers écologiques : compostage des algues vertes, ferme biologique légumière, vente et restauration sociale collective. Quinze moniteurs d'atelier encadrent ces différentes activités. Ils sont très qualifiés dans leur domaine et capables de transmettre leur métier avec humanité. Selon moi, leur rôle est avant tout d'être aux côtés des ouvriers, dans une communauté d'action, et non pas de réaliser à leur place. Lorsque je recrute des moniteurs d'atelier, je n'exige pas de diplôme de travailleur social, mais avant tout des compétences techniques. Ce qui explique la présence de deux ingénieurs agronomes pour répondre à la technicité et l'expertise nécessaire aux ateliers certifiés bio, le maraîchage et le compostage. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 84 - mai 2011