Galia Kagan, neuropsychologue
Arrivée en France à la fin des années 1970, la neuropsychologie s'est d'abord développée dans le secteur sanitaire, par exemple dans le cadre des consultations mémoire. Plus tard, bénéficiant, notamment, de l'engouement pour les neurosciences, les neuropsychologues ont fait leur apparition dans les maisons de retraite et les structures pour personnes handicapées. Où ils sont de plus en plus demandés.
Un expert associé à l'équipe
Ce professionnel de santé évalue les perturbations cognitives et comportementales chez les personnes ayant subi des dommages cérébraux. Si nécessaire, il établit un diagnostic différentiel entre ceux d'origine neurologique et psychologique. Son rôle est donc de contribuer à l'amélioration de l'accompagnement des personnes âgées et/ou en situation de handicap, lui apportant un nouvel éclairage. Dans le cadre des consultations mémoire par exemple, il reçoit des usagers présentant des troubles de l'orientation dans le temps et/ou l'espace, de la communication ou du comportement, dont les causes sont diverses (maladie d'Alzheimer, pathologie psychiatrique, accident vasculaire cérébral, sclérose en plaques, traumatisme crânien…). En fonction des résultats des différents tests, il propose, en collaboration avec l'équipe pluridisciplinaire, une prise en charge adaptée (traitement médicamenteux, suivi psychologique, neuropsychologique ou orthophonique).
« Je réalise des tests auprès de personnes en situation de handicap moteur présentant des troubles associés d'ordre cognitif, raconte Galia Kagan, neuropsychologue dans un service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés (Samsah) parisien géré par l'Association des paralysés de France. Certains troubles peuvent être de l'ordre du raisonnement, du jugement ou des capacités attentionnelles et qui sont un frein à l'accompagnement. À moi de déterminer s'ils sont liés à une lésion cérébrale ou à des troubles psychiatriques, voire une dépression. Avant l'arrivée des neuropsychologues, ces pathologies n'étaient pas clairement identifiées. Donc pas ou peu pris en charge, laissant les équipes désemparées. »
Un diplôme complémentaire
Contrairement à une idée répandue, ce professionnel n'est pas seulement un technicien du bilan. Certes, il sait choisir et interpréter les tests appropriés à chaque personne. Mais il doit aussi être capable de conseiller chacune sur le meilleur accompagnement pour elle. Il peut ainsi l'orienter vers un orthophoniste ou un psychothérapeute. Voire mettre en place des groupes et des ateliers de stimulation cognitive. Il participe également à la réflexion autour du projet socioprofessionnel.
Psychologue de formation, le neuropsychologue doit suivre un cursus spécifique. Il peut compléter sa formation initiale par un diplôme universitaire ou interuniversitaire en neuropsychologie. Ou un master 2 spécialisé, actuellement proposé par cinq universités (Amiens, Caen, Chambéry, Lille et Paris). Les enseignements comportent des cours théoriques sur la neuropsychologie des démences, des épilepsies, des troubles psychiatriques ou de l'autisme, mais aussi sur la réhabilitation de ces troubles. Ainsi qu'un stage de 500 heures en centre hospitalier ou en centre de réhabilitation neuropsychologique.
Le neuropsychologue est rémunéré sur la base du métier de psychologue. Cadre supérieur (catégorie A) dans la fonction publique hospitalière, son salaire brut mensuel de base (hors primes) débute à un peu plus de 1 600 euros (classe normale) et peut atteindre 3 600 euros (hors classe) en fin de carrière. La convention collective nationale du 31 octobre 1951 fixe le salaire des débutants à 2 270 euros environ. Dans celle du 15 mars 1966, ils commencent à presque 3000 euros.
Estelle Nouel
Point de vue
Céline Louvet, directrice du SAVS-Samsah de l'APF, à Paris
« Notre service accompagne 80 personnes en situation de handicap moteur avec des troubles associés, dont 50 nécessitent un double accompagnement, socio-éducatif et sanitaire, visant le maintien ou la restauration de leur autonomie. Il a ouvert ses portes en janvier 2010. Très rapidement, nous avons souhaité recruter un neuropsychologue (0,3 ETP) pour compléter notre équipe. Nous avions besoin de données précises face à des personnes qui, en plus du handicap moteur, présentaient des troubles liés à l'apprentissage, à la mémoire ou à l'attention. Or, nous ne savions pas si ceux-ci étaient définitifs, liés à un événement, consécutifs au handicap ou antérieurs. La neuropsychologue intervient à la demande de l'équipe, qui a précédemment informé l'usager. Elle prend contact avec l'usager et, s'il accepte d'effectuer un bilan, le rencontre sur place ou à son domicile. Ensuite, elle lui donne son diagnostic, ainsi qu'aux professionnels concernés. Elle nous apporte un éclairage précieux, au service d'un meilleur accompagnement. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 87 - août 2011