SIAO géré par le CCAS de Lons-le-Saulnier
Plaque tournante de la refondation du dispositif d'hébergement 2008-2012, les services intégrés de l'accueil et de l'orientation (SIAO) sont presque tous en place. En leur sein, un nouveau profil : le référent personnel. L'instruction du 4 mars 2011 a clarifié ses missions (1). Parmi celles-ci : éviter les ruptures de prise en charge et veiller à la continuité du parcours des personnes sans abri ou mal logées.
Concrètement, il s'occupe de l'enregistrement de la demande de l'usager et de la réalisation d'un diagnostic de sa situation. Et s'assure qu'une réponse lui est bien apportée : mise à l'abri, accès aux droits, admission dans une structure d'hébergement, orientation vers un logement adapté voire ordinaire. Le référent organise aussi des contacts périodiques avec la personne et recherche des synergies d'action avec les autres professionnels dans le domaine de l'emploi et de l'insertion sociale. Cependant, l'accompagnement individualisé – « au quotidien » – relève toujours de la structure qui prend en charge l'usager ou du travailleur social qui le suit.
Un travailleur social
Qui sont donc les référents personnels ? Des travailleurs sociaux, missionnés par leurs structures de rattachement pour intervenir dans le cadre mutualisé du SIAO. Cette fonction peut ainsi être partagée entre plusieurs professionnels, qui interviennent à différentes étapes de la prise en charge, « sous réserve que la cohérence et la continuité des parcours soient garanties ». Cette organisation peut varier en fonction de la taille du SIAO, de son mode de fonctionnement, de la transition des tâches de l'urgence à l'insertion.
Attention. Il n'est pas question « de confier la fonction à des personnels uniquement voués à cette mission, mais de faire en sorte que l'usager identifie facilement quel professionnel est plus particulièrement en charge du suivi de sa situation ».
Un rôle d'observateur
Les institutions départementales qui ont déjà désigné un ou des référents ont opté pour des modèles tenant compte de la réalité territoriale et du contexte financier. Dans le Jura, le SIAO est porté par le centre communal d’action sociale (CCAS) de Lons-le-Saunier (qui gère le 115). Un éducateur spécialisé assure le rôle de coordinateur du SIAO et de référent personnel. « Compte tenu des moyens accordés par l'État, nous avons mis un place un référent du parcours, explique Gérald Berbey, référent personnel. Je m'occupe directement les demandes et d'animer un réseau de partenaires. Même si je n'ai pas de contact direct avec les personnes, dont le suivi global reste à la charge des structures d'hébergement, je peux solliciter ces dernières si certaines situations s'enlisent. » Dans les Pyrénées-Atlantiques, l'Organisme de gestion des foyers amitié (OGFA), l'opérateur SIAO, y a affecté deux travailleurs sociaux : un assistant de service social et une éducatrice spécialisée. « Ces deux "référents parcours" rencontrent les usagers et participent, avec le référent de droit commun en charge du suivi global, à l'évaluation et à la coordination de leur parcours », explique Francine Gratiollet, la directrice adjointe. Quant au département du Rhône, « où la file active est importante et les délais de réponse relativement longs, les référents personnels sont chargés du suivi et de l'actualisation des demandes d'hébergement stable. Ceux-ci sont des travailleurs sociaux et des assistants de service social, qui exercent dans des structures d'hébergement. Et qui sont détachés pour venir quelques heures au SIAO », témoigne Michel Pillot, directeur de la Maison de la veille sociale, le groupement d'intérêt public (GIP) porteur du SIAO. Qui ajoute : « Ils sont financés exclusivement sur la contribution des opérateurs, membres du GIP. »
(1) Instruction interministérielle n° DGCS/USH/DIHAL/2011/86 du 4 mars 2011, téléchargeable sur www.circulaires.gouv.fr
Estelle Nouel
Point de vue
Sylvie Lewden, chargée de mission à la fédération de lutte contre l'exclusion, Fnars
« Si nous partageons les objectifs affichés par les pouvoirs publics, nous voyons mal comment il sera possible de les atteindre. Ce qui manque dans l'instruction du 4 mars 2011 ? La liberté de choix de la personne. Pour être un "contact privilégié", le référent doit pouvoir être choisi, ou au moins conservé, par affinités. Mais les effectifs des SIAO le permettront-ils ? Se pose également la question des moyens donnés aux travailleurs sociaux chargés de cette mission. Aucun financement n'est attaché à la fonction de référent, bien qu'il s'agisse d'une mission supplémentaire dont la durée ne peut être prédéfinie ou limitée a priori. Comment les professionnels trouveront-ils le temps de faire ce travail, alors qu'ils seront détachés temporairement par leur employeur dans le cadre d'une mutualisation de moyens, avec également d'autres fonctions au sein du SIAO ? »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 88 - octobre 2011