Les nouvelles technologies doivent satisfaire aux contraintes d'efficience, d'économie et de transparence posées par les pouvoirs publics. Le secteur l'a compris. Une profession spécifique aux systèmes d'information se dessine peu à peu au sein des organismes gestionnaires du secteur, notamment des sièges sociaux (1). Nouvelle fonction support, celle du directeur des systèmes d'information (DSI) dépasse aujourd'hui le volet technique et opérationnel de la maintenance du parc informatique. « Si celle-ci peut être externalisée, une association gérant un budget conséquent ne devrait pas se passer d'un responsable des SI comme élément stratégique », estime Christophe Itier, directeur général de l'association de la Sauvegarde du Nord.
Le DSI est chargé d'optimiser les achats en matériel de communication et en logiciels (saisies comptables, recueil de données…) favorisant à la fois l'amélioration et l'harmonisation des pratiques « métier », ainsi que la visibilité et l'analyse d'informations. Et in fine la prise de décisions éclairées. Il s'assure également du bon fonctionnement des systèmes en place, et les fait constamment évoluer grâce au lancement de projets en cohérence avec les orientations stratégiques du gestionnaire. « Ce qui demande esprit d'initiative et d'innovation », observe Jean-Pierre Galland, responsable des SI à la Sauvegarde du Nord.
Comprendre et prioriser les besoins
« Ma fonction est transversale », remarque Laurent Monnet, DSI à la Croix-Rouge française. Ce professionnel travaille en effet souvent avec les services des affaires financières et comptabilité pour débattre de la faisabilité économique des projets, ainsi qu’avec le service juridique, car la gestion des systèmes d'information est très encadrée.« Je suis en contact avec toutes les directions de l'association, comme celles de la santé, de l'autonomie, des finances ou des ressources humaines, qui ont une bonne connaissance pratique des métiers qu'elles gèrent et m'en font remonter les besoins », confirme-t-il encore. Le DSI doit donc être à l'écoute pour comprendre les attentes – très diverses – des utilisateurs. Il formalise leurs demandes, les priorise et affecte les ressources conformément au schéma directeur défini.
Mais il doit encore faire preuve de persévérance. Déployer des solutions, organiser des réunions pour préciser un projet avec les équipes, faire évoluer les logiciels après une phase de tests et former les personnels prend du temps. « La charge requiert des capacités de coordination, de modélisation et un bon relationnel pour gérer l'anxiété des utilisateurs, leur faire accepter les nouveaux logiciels ou process, et même la remise en cause de leurs pratiques », explique Rachid Tasnil, chargé de mission qualité et systèmes d'information aurprès de Trisomie 21 France.
Des cursus variés
Licence professionnelle en services multimédias des réseaux d'entreprise, masters en traitement de l'information, en contrôle de gestion et systèmes d'information, BTS en services informatiques aux organisations… Les cursus sont divers et spécialisés. Une première expérience technique en société informatique, en consulting ou en vente de logiciels est fréquemment observée.« Pour bien faire l'interface, il faut avoir une idée de ce qu'il est possible de réaliser et selon quelles conditions », explique Carole Lardoux, responsable de l'animation et de l'observation au 115. « Nous devons disposer de connaissances techniques pour traduire les besoins des utilisateurs en langage informatique, comprendre les développeurs, négocier avec eux et décider », rejoint Florian Schembri, responsable du service informatique et multimédia à la fédération d’employeurs Fegapei. Pour Patrick Pozo, secrétaire général de Trisomie 21 France,« mieux vaut également connaître les particularités du secteur et de ses métiers. » En dépit de la spécificité des connaissances requises, la fonction de DSI n'est pas classifiée dans les conventions collectives. Elle est le plus souvent rattachée à la celle de directeur, cadre informaticien (niveau I) ou de chef de service informatique (niveau II).
(1)
Lire Direction(s) n°97, p. 24
Annabelle Alix
Laurent Monnet, DSI à la Croix-Rouge française
« À l'association, un schéma directeur des systèmes d'information est défini pour cinq ans et validé en conseil d'administration. Lorsqu'un projet SI est validé, je désigne un chef de projet dans mon équipe, qui précise le besoin, crée un cahier des charges, choisit le logiciel le plus adapté et s'occupe de son déploiement. Nous disposons de correspondants au sein de chaque direction pour fluidifier nos échanges. Le service SI est quant à lui composé de quatre équipes : une gère la conduite de projets, une seconde, plus technique, s'occupe du serveur et du réseau, une troisième est affectée au développement de logiciels et une dernière aux sujets transverses (sécurité, gestion des portefeuilles…). »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 100 - novembre 2012