Réglementé depuis 1986, le métier d’ergothérapeute, au croisement du médical, du social et du technique, est aujourd’hui en plein développement [1]. À tel point que certaines régions, particulièrement l’Ile-de-France, manquent de professionnels. Pour répondre à cette forte demande, le nombre d’instituts de formation est passé de sept à dix-sept en deux ans, à la demande du ministère de la Santé. « L’augmentation des besoins est liée en partie à des pratiques d’hospitalisation plus courtes et de maintiens à domicile plus fréquents, dans lequel l’ergothérapeute a toute sa place », observe Laurence Koch, ergothérapeute et chargée de l’information à l’Association nationale française d’ergothérapie – ANFE [2].
Des solutions sur mesure
L’ergothérapeute intervient quand une personne est perturbée dans ses activités par une déficience ou un handicap (moteur, sensoriel ou psychique), qu’il soit transitoire ou définitif. Il recherche des solutions sur mesure – rééducation, aides techniques - pour que l’usager retrouve une autonomie dans les gestes de la vie quotidienne : se lever, s’habiller, aller à l’école, au travail, se déplacer en voiture, accéder aux loisirs. L’intervention du professionnel commence toujours par une phase d’évaluation des facultés fonctionnelles, psychiques, cognitives de la personne, ainsi que de son environnement. Il peut mettre en place des exercices de rééducation en vue de restaurer ou d’augmenter ses capacités déficitaires. Lorsque la rééducation n’est pas possible, l’ergothérapeute agit sur le lieu de vie et prévoit des compensations (rampe, éclairage, lit médicalisé, fauteuil roulant), et met en place des activités d’adaptation aux différents appareils et équipements.
Ces solutions et aménagements sont trouvés en concertation avec l’usager, en fonction de ce qu’il peut faire et de ses objectifs. « Le respect du projet de la personne est important. Par exemple, la réponse n’est pas la même s’il s’agit d’un résidant âgé hébergé en établissement voulant absolument faire sa toilette seul, ou si sa priorité est de pouvoir participer à des activités en journée », explique Laurence Koch.
L’action de l’ergothérapeute peut être également préventive. Par exemple, en milieu professionnel, il est apte à proposer une réorganisation des tâches, une modification des postures ou un nouvel équipement. Ce afin de réduire la pénibilité. Ces professionnels exercent dans les hôpitaux, les services à domicile, les structures d’hébergement pour personnes âgées et handicapées, ainsi que les centres d’information et de conseil sur les aides techniques (Cicat). Les bailleurs sociaux font parfois appel à eux pour aménager un logement, de même que les employeurs de tout secteur pour organiser un poste de travail ou réduire la pénibilité des professionnels. La majorité travaille dans le secteur public et environ 5 % en libéral.
Un titre revalorisé
Le diplôme d’État vient d’être réformé et revalorisé au niveau bac +3 [3]. « Il s’inscrit désormais dans le système universitaire LMD [4] avec la reconnaissance du grade de licence. Cela facilite les équivalences et passerelles vers d’autres diplômes », précise Laurence Koch.
La grille des salaires varie selon le secteur d’activité – privé, public, associatif – et la convention collective. Dans un établissement de soins, la rémunération débute à environ 1500 euros net et, depuis la réforme du diplôme, jusqu’à 3800 euros en fin de carrière pour ceux exerçant dans la fonction publique hospitalière, passés en catégorie A.
[1] Décret n° 86-1195 du 21 novembre 1986
[2] ANFE : www.anfe.fr
[3] Décret n° 2012-907 du 23 juillet 2012
[4] LMD : Licence-master-doctorat
Mariette Kammerer
Point de vue
Galatée Cosset-Desplanques, directrice du réseau de santé Agekanonix (Haus-de-Seine)
« La mission du réseau de santé est de faciliter le maintien à domicile de personnes en situation de dépendance, quel que soit leur âge. L’ergothérapeute intervient chez elles avec une équipe pluridisciplinaire – médecin, infirmière, assistante sociale, psychologue – pour évaluer les besoins et les solutions possibles en termes d’aides technique, humaine et d’aménagement. Il conseille le médecin traitant sur les équipements les plus adaptés (fauteuil, lit…) et l’assiste pour le montage des dossiers de financement. Son rôle est aussi de dialoguer avec l’aidant familial, parfois réticent à accepter certains aménagements. Enfin, il est amené à participer aux réunions de concertation avec tous les autres acteurs, sanitaires et sociaux. La dimension de coordination, de conseil et de travail en équipe de ce métier est donc très importante ».
Publié dans le magazine Direction[s] N° 101 - décembre 2012