Le métier de responsable des services généraux est en plein essor. À la maison d’enfants à caractère social (Mecs) Georges Lapierre, à La Boisse (Ain), il a officiellement remplacé l’économe fin 2011. La nouvelle recrue est chargée de nouvelles missions : outre l’économat, elle assure la coordination des dossiers transversaux avec les chefs de service éducatifs, le management de l’équipe technique, la gestion des conditions de vie des jeunes, de l’entretien et de la rénovation des bâtiments. « Grâce à ce cadre intermédiaire, je ne suis plus seul à réfléchir à certaines problématiques, comme celles de l’entretien, des contrats de maintenance, des investissements ou encore de la gestion du patrimoine, raconte le directeur, Stéphane Montbobier. Nous formons un binôme fonctionnel et travaillons sur des indicateurs communs. »
Un large périmètre d'intervention
Dans les petites structures, ces missions peuvent encore être remplies par le directeur ou le directeur général grâce à l’appui d’un comptable ou d’un économe. Mais les plus grosses organisations comptent parfois sur un véritable « pool » piloté par deux cadres. Comme au centre d’éducation motrice (CEM) Jean-Marie Arnion, à Dommartin (Rhône) (lire l’encadré cidessous). « Pour autant, le métier reste moins connu que celui de directeur des ressources humaines ou des affaires financières », regrette Bernard Lemaignan, directeur général de l’Arafdes (1), un institut de formation qui propose un cursus de niveau II spécialisé dans le secteur. « Or, c’est une mission d’encadrement et de responsabilité importante qui permet de réaliser des économies à long terme en optimisant la gestion logistique d’une institution », poursuit-il.
En fonction des organisations, le périmètre d’intervention du responsable des services généraux est plus ou moins large. Chef de toutes les opérations logistiques, il gère, entre autres, les budgets, les achats, les stocks ou encore les relations avec les fournisseurs et les sous-traitants. Mais aussi l’hébergement et la restauration, la gestion du patrimoine (notamment sa maintenance). Il veille à la sécurité des biens et des personnes, organise le travail de ses équipes et assure l’interface avec la direction. Il représente également un pilier dans la conduite de projets en prenant en compte les besoins des usagers, tout en maîtrisant les normes réglementaires (par exemple, en matière d’hygiène et de sécurité). Bref, le responsable des services généraux remplit des missions variées qui requièrent de nombreuses compétences.
Un besoin de professionnels formés
Les enjeux de la formation et de la professionnalisation sont importants, car la fonction, assurée par des professionnels encore formés sur le tas, est de plus en plus technique. Sans compter celui du problème du recrutement pour les directeurs, car les profils des candidats sont souvent très différents. En l’absence d’exigence conventionnelle de formation, les postulants ont en général une expérience en économat, en gestion des achats ou encore en alimentation. « Mais il y a une spécificité du responsable des services généraux dans le secteur, promeut Bernard Lemaignan. Il doit en effet toujours intégrer un projet d’institution et créer un cadre de vie adapté à ce projet qui tient compte des besoins des usagers. »
Au rythme des regroupements, les besoins de professionnels dûment formés pourraient augmenter. Ce d’autant plus que les normes à respecter sur les dossiers techniques sont de plus en plus nombreuses et lourdes, comme par exemple celles liés au développement durable (construction HQE, économies d’énergie, accessibilité du bâti avant 2015…), ou encore celles relatives aux conditions de travail ou aux risques professionnels. À quelle carrière peuvent s’attendre les candidats ? Dans la convention collective nationale de 1966, la rémunération du directeur des services généraux correspond à celle d’un cadre de classe 3, niveau 2 pouvant débuter à environ 2700 euros brut mensuels pour la finir à 3400 euros.
(1) Responsable des services généraux dans le secteur sanitaire et social, proposé par l’Arafdes, www.arafdes.fr
Flore Mabilleau
Point de vue
Anne-Christine Guiboud-Ribaud, responsable des services généraux hôteliers, CEM Jean-Marie Arnion, Dommartin (Rhône)
« Au centre d’éducation motrice, qui accueille 110 jeunes, les services généraux sont pilotés par deux cadres. Ma collègue s’occupe des services économiques et financiers (économat , facturation, entretien des bâtiments), et moi des services généraux hôteliers. Je gère l’hébergement et la restauration, avec une vingtaine de salariés sous ma responsabilité. Mon travail nécessite une large palette de compétences : encadrement et animation d’équipe, négociation des achats, gestion des stocks, connaissance des normes alimentaires, évaluation des risques, normes d’hygiène et sécurité. Mon rôle est d’optimiser la gestion des services généraux hôteliers en termes de qualité et de coûts, afin que chacun dans l’institution puisse exercer son métier dans les meilleures conditions possibles. De plus, il faut absolument être au courant de l’actualité juridique qui évolue énormément. Mieux vaut être rigoureux, organisé et curieux. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 98 - août 2012