Le médiateur familial guide et accompagne le couple ou la famille lors de conflits ou de changements familiaux (dispute, séparation, problèmes de succession…), afin qu'ils puissent élaborer un projet d'entente ou de reconstruction. Ce professionnel exerce le plus souvent à temps partiel au sein d’associations, mais aussi de centres d'action sociale, de centres de planification familiale ou en cabinet libéral (1). Ainsi, en 2010, selon la Fédération nationale de la médiation et des espaces familiaux (Fenamef), quelque 630 médiateurs familiaux étaient recensés dans environ 270 services de médiation familiale. S’y ajoutent une centaine de praticiens exerçant en indépendant. Ce métier reste donc encore assez marginal dans le secteur social, même s’il a connu une forte expansion depuis sa création dans les années 1980.
Une reconnaissance tardive
Deux lois ont contribué à sa reconnaissance : celle du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale et celle du 26 mars 2004 sur le divorce. Toutes deux permettent aux juges aux affaires familiales « d’enjoindre les parties à rencontrer un médiateur familial qui les informera sur l’objet et le déroulement de la médiation familiale ». Actuellement, environ un quart des interventions de ces professionnels se font sur son injonction.
Les pouvoirs publics ont souhaité aller plus loin. Depuis fin 2011, une procédure expérimentale est mise en place dans plusieurs tribunaux : la double convocation. Dorénavant, les parties sont conviées à la fois chez le médiateur et chez le juge et surtout, les deux démarches sont liées, afin que le magistrat puisse homologuer un accord intervenu en médiation. « Depuis la mise en place de cette mesure, le nombre des entretiens d’information est en forte augmentation, confie Marie Lewis, médiatrice familiale et directrice de l’Espace famille médiation à Paris, dans le 12e arrondissement. Dans le même temps, nous observons un autre mouvement : la hausse des demandes de médiation à l’initiative des familles. Ce bien en amont du processus de séparation ou de divorce. Les médiations sont donc beaucoup plus nombreuses, avec un réel engagement des personnes et souvent une conclusion "évaluable" concrètement, un projet d’entente écrit ou une prise d’accord oral. »
L'essor de ce métier a également été favorisé par la mise en place, en juin 2006, d’une prestation de service assurée par la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf). Elle a permis aux différents services de se structurer, mais également de recruter des professionnels formés et diplômés. Car depuis 2003, il existe un diplôme d’État de niveau II (DEMF). Mais, et c’est toute l’ambiguïté, il n’est pas protégé. Ce qui signifie que de nombreux médiateurs familiaux peuvent exercer, sans être titulaires du diplôme. « Or, la fonction de médiateur familial n’est pertinente que si elle est exercée dans un cadre et avec des règles précises », ajoute Marie Lewis. Ni conseil, ni thérapeute, le médiateur doit en effet œuvrer, par ses qualités d’écoute, au rapprochement des personnes en toute impartialité et dans la confidentialité.
Un titre plus accessible
Néanmoins, le DEMF vient de faire l’objet d’un léger toilettage. Ce qui devrait faire baisser automatiquement le nombre de professionnels non diplômés. « L'arrêté du 19 mars 2012 fixe que le diplôme est désormais divisé en trois domaines de compétences, contre deux auparavant. Cela devrait favoriser son obtention par le biais de la validation des acquis de l'expérience [VAE] pour des professionnels qui exerçaient jusque-là dans le champ de la médiation non familiale,précise Sophie Lassalle, secrétaire générale de la Fenamef. Le temps de stage a également été augmenté, passant de 70 à 105 heures, afin que les stagiaires aient le temps de suivre, dans son intégralité, un processus de médiation. »
Les services qui emploient des médiateurs appliquent diverses conventions collectives nationales (CCN) et pour certains, aucune. Des recommandations ont été faites par la Fenamef à partir de la CCN du 15 mars 1966. Dans ce cadre, le salaire brut mensuel du médiateur familial en début de carrière s’élève 2 200 euros.
(1) Lire Guide des formations, supplément au n° 96 de Direction(s)
Estelle Nouel
Point de vue
Marie Lewis, médiatrice familiale et directrice de l’Espace famille médiation, à Paris 12e (Association Olga Spitzer)
« L’association Olga Spitzer, qui œuvre dans le champ de la protection de l’enfance et de la lutte contre l’exclusion, a été précurseur en créant, dès 1999, un service de médiation familiale. L’idée était de s’adapter aux difficultés rencontrées par les familles, mais aussi à leurs nouvelles structures (familles recomposées…). Notre service, qui compte neuf personnes (cinq ETP), se veut un centre ressources autour du conflit familial à la disposition des autres équipes. Certaines nous adressent également des familles qu’ils accompagnent. Par ailleurs, des professionnels (assistantes sociales, éducateurs), mais aussi des chefs de service des autres établissements et services de l’association se forment chaque année à la médiation familiale. Cette sensibilisation nous permet de mieux croiser nos interventions, au bénéfice des enfants et de leurs proches. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 99 - octobre 2012