Les contours du métier sont désormais mieux définis. Le gestionnaire de cas, qui a fait son apparition en France avec le plan Alzheimer 2008-2012 et qui œuvre au sein des maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades Alzheimer (Maia), a maintenant ses référentiels d’activités et de compétences [1]. Sa mission ? Améliorer la prise en charge des personnes atteintes de cette maladie et des troubles neurodégénératifs apparentés.
Une expérience professionnelle préalable
Pour exercer ce métier, il est obligatoire de passer un diplôme interuniversitaire (DIU) de « coordonnateur de santé en gérontologie » englobant une formation d’une durée minimale de 100 heures d’enseignement théorique et 20 demi-journées de stage pratique. Cette formation est notamment dispensée par les universités de Paris 5-René Descartes, Nantes et Bordeaux. Elle est accessible, entre autres, aux infirmiers, aux conseillers en économie sociale et familiale (CESF), aux assistants de service social, psychologues, ergothérapeutes… Tous doivent justifier d’une expérience professionnelle en rapport avec l'organisation du maintien à domicile de personnes en situation de vulnérabilité et avoir déjà effectué un travail directement chez les usagers. Les gestionnaires de cas déjà en fonction disposent d’un délai de trois ans, à compter de la date de leur recrutement au sein d’une Maia, pour passer ce diplôme. Côté carrière, le professionnel est rémunéré différemment selon la structure dans laquelle il exerce.
Attaché aux équipes pluridisciplinaires des Maia, le gestionnaire de cas est le spécialiste de l'accompagnement des « situations complexes » liées – ou susceptibles d’être liées – à une maladie d’Alzheimer ou des troubles apparentés. Qu’est-ce qu’une situation complexe ? Celle qui allie des problématiques sanitaires, sociales et médico-sociales entraînant une perte d’autonomie, des cas d’isolement social ou géographique, un épuisement de l’aidant… « Toutes ces prises en charge sont dans la pratique chronophages », souligne Marie Janicot, pilote Maia des Deux-Sèvres à l’Association gérontologique de Gâtines, à Parthenay.
Un rôle d’interface
Le gestionnaire de cas évalue donc la situation globale de la personne (physique, mentale, sociale…) en prenant en compte son environnement et ses souhaits, ainsi que ceux de son entourage, avant d’élaborer un plan de service individualisé. Reste ensuite à trouver des solutions concrètes sur le territoire : organiser, mobiliser et coordonner les interventions des différents acteurs locaux des secteurs sanitaire (notamment le médecin traitant), social ou médico-social nécessaires selon les cas. Le professionnel devant faire le lien entre ceux-ci et l'usager, l’accompagner dans ses démarches et réajuster, en fonction des besoins, son plan de suivi. « Le but est que le parcours soit fluide, que la personne isolée à domicile puisse trouver un canevas d’aides adaptées, détaille Marie Janicot. Quand la maladie s’accentue, le gestionnaire peut négocier un accompagnement en hébergement temporaire. Dans la pratique, c’est souvent un sas vers un lieu d'accueil définitif : cela prépare l’aidant à se séparer physiquement de son conjoint, par exemple, même si le deuil commence avec la maladie. » Car le « case manager », selon l’expression anglo-saxonne, doit aussi se soucier de l’accompagnant. « Ainsi, si ce dernier est à bout, il doit trouver le moyen de le soulager », ajoute-t-elle. En orientant le malade vers une plate-forme de prise en charge et de répit.
[1] Arrêté du 16 novembre 2012
Flore Mabilleau
Point de vue
Christine Fortin, gestionnaire de cas à l'Association gérontologique de Gâtines, à Parthenay (Deux-Sèvres)
« Notre métier varie en fonction de la situation de la personne que nous suivons. Par exemple, j’ai accompagné à l’hôpital un monsieur seul qui avait besoin d’un bilan de santé et de passer une IRM. Lorsqu’il n’y a pas de famille, ou que l’aidant épuisé a besoin d’un répit, nous pouvons contribuer à trouver un accompagnement de jour temporaire. Pour exercer ce métier, il faut avant tout des compétences relationnelles, des connaissances sur la maladie d’Alzheimer et sur tous les partenaires possibles. Et on en découvre tous les jours ! Il faut savoir faire preuve de qualités d’écoute, d’analyse et de compréhension pour pouvoir expliquer aux proches ce qui se passe. Nous sommes face à un public difficile : nous sommes souvent appeler pour des problèmes de comportement avec des cas de refus de soins ou de dénutrition. Il faut être réactif, percevoir de façon globale la situation afin d’orienter l'usager vers les bons professionnels. Ce n’est pas toujours facile : les personnes peuvent être en déni de maladie. »
Pour en savoir plus
Site du plan Alzheimer : www.plan-alzheimer.gouv.fr
Guide des formations pour les directeurs et leurs équipes, supplément au magazine Direction[s] n° 96
Décret n° 2011-1210 du 29 septembre 2011 et circulaire interministérielle n° DGCS/DGOS/2012/06 du 10 janvier 2012
Publié dans le magazine Direction[s] N° 106 - avril 2013