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Médecin coordonnateur
Médecin coordonnateur, des missions renforcées

03/04/2013

Les fonctions et le cadre d’intervention du médecin coordonnateur viennent d’être élargis. Il est un interlocuteur incontournable des directeurs d’Ehpad.

Stéphan Meyer est médecin coordonnateur dans trois Ehpad de la Haute-Vienne.

Le médecin coordonnateur est un gériatre de terrain qui ne doit avoir peur ni du médico-social ni du management », lance en souriant Stephan Meyer qui remplit cette fonction dans trois établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ephad) à Limoges (Haute-Vienne). Selon la Fédération française des associations de médecins coordonnateurs en Ehpad (Ffamco), ils seraient environ 3000 actuellement à exercer une triple mission : « Gérer le soin de manière collective, animer l’équipe soignante et conseiller le directeur sur la partie médicale », résume Nathalie Maubourguet, sa présidente, médecin coordonnateur dans quatre structures du Bordelais.

De (trop ?) nombreuses fonctions

Apparu dans les textes pour la première fois en 1999 [1], et devenu explicitement obligatoire dans tous les Ehpad en 2005 [2], le médecin  coordonnateur occupe une fonction de plus en plus stratégique, qui vient d’être renforcée [3]. Aujourd’hui, treize fonctions lui sont assignées [4]. Parmi celles-ci ? L’élaboration du projet général de soins, la rédaction du rapport annuel d’activité médicale, l’animation de l’équipe soignante sous la responsabilité de l’autorité administrative du directeur et la coordination de l’intervention des médecins généralistes et autres praticiens libéraux. Afin de mieux organiser cette dernière mission, il préside la commission de coordination gériatrique (CCG) de l'établissement [5]. De plus, il peut désormais « réaliser des prescriptions médicales en cas de situation d'urgence ou de risques vitaux, ainsi que lors de la survenue de risques exceptionnels ou collectifs nécessitant une organisation adaptée des soins ». Ce, sans pour autant entamer le périmètre d’action de ses confrères généralistes.

« Cela fait beaucoup pour le peu de temps dont ils disposent, réagit Françoise Toursière, directrice générale de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa).Dans les faits, certaines missions passent parfois à la trappe comme la mise en œuvre d’une politique de formation pour le personnel soignant. Ceux qui veulent exercer correctement sont contraints au bénévolat ! »

Leur temps de présence minimal vient pourtant d’être augmenté en fonction de la capacité autorisée de la structure (de 0,25 équivalent temps plein – ETP – pour un Ehpad de moins de 43 places à 0,80 ETP au-delà de 200 places). En outre, leur cadre d’intervention est mieux formalisé. Le contrat qui les lie à l'établissement doit ainsi préciser les modalités d’exercice de leurs missions et les moyens appropriées à leur réalisation, ainsi que leur temps d’activité. 

Souplesse du recrutement

Alors que ces professionnels manquent cruellement, notamment dans les zones rurales, un peu de souplesse est prévue. Ainsi, un directeur a la possibilité de recruter un médecin qui ne justifierait pas d’une des qualifications requises pour exercer la fonction [6]. Condition ? Que le contrat prévoit explicitement l’engagement du professionnel à obtenir celle-ci dans un délai de trois ans. « Les formations existantes sont pour le moins hétéroclites. C’est pourquoi la FFAMCO a décidé de créer une formation complémentaire dans le cadre d’un seul cursus avec certification AFNOR pour enseigner la gestion de crise, le management ou encore la conduite de projets », précise Nathalie Maubourguet.

Le médecin coordonnateur est donc devenu un interlocuteur incontournable pour le directeur, dans le binôme qu’il forme avec l’infirmière référente. Sa mission peut aller jusqu’à participer au recrutement des personnels soignants, conseiller sur les formations proposées au personnel, voire signaler un cas de maltraitance. « Il est la certitude pour le directeur de l’établissement du meilleur soin gériatrique possible pour les résidants », conclut Stephan Meyer.

[1] Arrêté du 26 avril 1999

[2] Décret n° 2005-560 du 27 mai 2005

[3] Décret n° 2011-1047 du 2 septembre 2011 et circulaire n° DGCS/SD3A/2012/404 du 7 décembre 2012

[4] Code de l'action sociale et des familles, article L313-12 et D312-156 à 159

[5] Arrêté du 5 septembre 2011

[6] Le praticien doit s’engager à être titulaire d’un diplôme d’études spécialisées complémentaires de gériatrie, de la capacité de gérontologie, d’un diplôme d’université de médecin coordonnateur en Ehpad ou, à défaut, d’une attestation de formation continue.

Estelle Nouel

Avis d'expert

Françoise Toursière, directrice générale de la Fnadepa

« Les médecins coordonnateurs apportent une véritable plus-value à l’accompagnement des personnes âgées. Avant la médicalisation des Ehpad, le directeur était souvent le seul cadre et il pouvait se sentir isolé dans la prise de décision. Maintenant, il peut échanger sur les soins avec le médecin coordonnateur et l’infirmière coordinatrice [1]. C’est l’occasion de réfléchir avec des professionnels compétents. Et puis, le médecin coordonnateur, dans sa mission d’animation des réseaux gérontologiques et parce qu’il est un soignant, permet au directeur d’entretenir de meilleures relations avec les réseaux de santé et les hôpitaux. Reste qu’il n’a pas de pouvoir hiérarchique et que ses relations avec l’équipe de soins restent fonctionnelles. Par exemple, il n’intervient pas sur les plannings et ne peut prendre de sanction. Tout fonctionne très bien si chacun reste dans ses attributions. »

[1] Lire Direction[s] n° 94, p. 40

Publié dans le magazine Direction[s] N° 107 - mai 2013


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