Budget, alimentation, logement, santé, accès aux droits… Le conseiller en économie sociale et familiale (CESF) est un travailleur social chargé de livrer son expertise dans les domaines de la vie quotidienne. Il appuie sa démarche d’accompagnement social sur ses compétences pratiques et techniques. Son intervention a une visée éducative et préventive. « Par exemple, apprendre à définir des priorités dans le budget, à faire les courses et à cuisiner pour dépenser moins et manger équilibré, à réduire sa consommation d'énergie en changeant les appareils de chauffage… », explique Agnès Fostel, cadre pédagogique à l’institut de recherche en travail social (IRTS) de Franche-Comté.
Dans un contexte de crise économique et écologique, la profession a le vent en poupe et les diplômés trouvent un poste sans problème. Les employeurs sont très divers : établissements et services sociaux et médico-sociaux, caisses d’allocations familiales, services de tutelle, centres communaux d’action sociale (pour assurer le suivi du RSA, par exemple), conseils généraux, bailleurs sociaux. Les CESF occupent également des postes aux appellations variées - chargé d’insertion, conseiller social, délégué social – ce qui rend difficile leur recensement. « Les missions ouvertes aux CESF se diversifient, ils occupent des fonctions réservées auparavant aux assistants sociaux ou aux éducateurs, car les employeurs apprécient la complémentarité des profils », ajoute Agnès Fostel.
Les écrits mieux maîtrisés
Côté formation, le parcours le plus courant s'articule autour d'une première formation en deux ans, plus une année complémentaire – à savoir le brevet de technicien supérieur en économie sociale familiale (BTS ESF) et une année pour obtenir le diplôme d’État de conseiller (DECESF). Celui-ci a été toiletté en 2009 dans le but de l’actualiser, de l’ouvrir à la VAE et de permettre des passerelles avec d'autres diplômes de niveau III en travail social. Aujourd’hui, les assistants de service social, éducateurs spécialisés, techniques spécialisés et éducateurs de jeunes enfants souhaitant acuérir le DECESF bénéficient d’une validation automatique de deux domaines de compétences, communs à tous les diplômes : la communication professionnelle et les partenariats et réseaux institutionnels. « Le nouveau titre améliore les connaissances institutionnelles et les écrits professionnels, ce qui est un plus pour les employeurs », estime Éliane Marroc, présidente de l’association France ESF. Autre point jugé positif, la durée des stages est passée de 10 à 16 semaines en 3e année, avec un tutorat obligatoire par un CESF. En revanche, les travailleurs regrettent la suppression de cours pratiques (cuisine, couture) dans le nouveau BTS.
Vers une harmonisation européenne
« Il est un peu tôt pour évaluer les effets de la réforme, souligne Agnès Fostel. S’il est vrai qu’elle facilite les passerelles via la VAE, elle ne gomme pas les spécificités des métiers, les CESF ont une expertise de la vie quotidienne que n’ont pas les autres professions. » La dernière étape de la réforme du diplôme concerne son harmonisation avec le système européen d’enseignement supérieur, qui sera effective à la rentrée 2013. Pour ce faire, les centres ont réorganisé la formation en semestres et l’ont découpée en 180 modules (dits ECTS pour European Credits Transfert System). Ces semestres pourront être validés à l’étranger et le diplôme reconnu au niveau européen. « Le prochain chantier est d’obtenir une reconnaissance du titre au niveau licence en France, ce qui n’est pas encore le cas bien qu’il nécessite trois ans d’études », rappelle Éliane Marroc.
Mariette Kammerer
Point de vue
Valérie Hervieu, ancienne directrice du pôle handicap de l’association Vivre parmi les autres (Val-d'Oise)
« Dans chacun de nos trois établissements – centre d'accueil de jour, foyer d’hébergement et un service d'accompagnement à la vie sociale –, j’ai choisi de recruter un CESF sur un poste auparavant occupé par un éducateur. Ce afin d’avoir des compétences et des profils complémentaires. Le CESF a une approche technique et pratique de la partie administrative de la vie quotidienne, la gestion du budget, l’usage des appareils électroménagers, par exemple. Il anime aussi des ateliers collectifs sur l’équilibre alimentaire, l’hygiène de l’habitat ou bien encore les loisirs. Grâce à la réforme du diplôme, ils sont en train de passer la VAE d’éducateur spécialisé, une démarche dans laquelle nous les encourageons. »
En savoir plus
Décret n° 2009-1084 du 1er septembre 2009, arrêté du 25 août 2011 et circulaire n° 2012-446 du 21 décembre 2012
Arrêtés du 3 juin 2010 (BTS Economie sociale et familiale)
Tout-en-un DECESF, Agnès Fostel et Éliane Gueneret, éd.Vuibert, 2011
Le métier de conseiller(ère) en économie sociale et familiale, François Aballéa, Florence Brunet, Pauline Kertudo, éd. La Découverte, 2011
Publié dans le magazine Direction[s] N° 108 - juin 2013