Spécialiste du dépistage, de la rééducation, de la réadaptation et de l’exploration fonctionnelle des troubles de la vision, l’orthoptiste a le vent en poupe. Ce professionnel de la santé, intervenant sur prescription médicale, effectue des bilans afin d’évaluer les aptitudes visuelles d’un patient et de lui apprendre à les accroître, à atténuer les gênes oculaires et les douleurs ressenties. Il peut aussi le conseiller sur les actions à mener pour améliorer son champ visuel (éclairage, distance yeux-écran…). « Nous intervenons auprès de nourrissons comme de personnes âgées, souligne Maria Plaza, secrétaire générale du Syndicat national autonome des orthoptistes (SNAO). Nous pouvons dépister chez les plus petits, notamment les prématurés, des troubles comme le strabisme ou encore l’amblyopie, suivre des enfants en difficultés scolaires, avec des problèmes de dyslexie et de dyspraxie, ainsi que des personnes âgées atteintes par exemple de dégénérescence maculaire liée à l’âge. »
15 centres de formation
Le SNAO évalue le nombre d’orthoptistes en activité en France à 3 300, dont 2 300 exerçent à temps plein ou partiel en libéral. Que ce soit en cabinet, en centre de santé, à l’hôpital, ainsi qu'en établissements médico-sociaux, comme ceux qui accueillent des personnes handicapées (instituts médico-éducatifs – IME, centres d’action médico-sociale précoce – Camsp, centres de rééducation pour déficients visuels, etc.) ou âgées (maisons de retraite, établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes – Ehpad…). Au sein des structures, l’orthoptiste travaille en équipe à l’élaboration d’un projet global, dans le but d'aider un usager ou un groupe de patients à surmonter ses difficultés. Il doit évaluer dans quelle mesure les troubles visuels de la personne gênent ses apprentissages, sa relation aux autres ou encore son autonomie et il lui propose un programme de rééducation ou de réadaptation. Ces professionnels paramédicaux sont titulaires du certificat de capacité d’orthoptiste, diplôme d'État qui équivaut à une licence sanctionnant une formation de trois ans accessible sur concours après le bac. Actuellement, 15 universités françaises délivrent ce diplôme à près de 300 orthoptistes par an. Pour travailler en institutions spécialisées, il est conseillé de suivre des formations complémentaires en lien avec les pathologies et les spécificités des publics concernés.
Des revenus variables
Qualités requises de l’orthoptiste : la rigueur et la précision technique pour établir un diagnostic. Il est aussi « altruiste et à l’écoute, car les patients sont en proie à d’importantes difficultés, à l'exemple des personnes âgées qui ont perdu une grande partie de leur vision », confirme Maria Plaza.
Selon le SNAO, le revenu moyen des orthoptistes libéraux s’élève à 25 000 euros net annuels. Un montant à relativiser, nombre de professionnels exercent également en tant que salariés. Dans les établissements sanitaires ou médico-sociaux, les rémunérations varient. Dans la convention collective nationale (CCN) du 31 octobre 1951, il peut prétendre à un salaire allant de 2 144 euros brut mensuels en début de carrière à 2 787 euros brut à la fin. Dans la CCN du 15 mars 1966, ils commencent à 1 623 euros pour finir à 2 849 euros brut. Tandis que dans la fonction publique hospitalière (FPH), moins avantageuse, ils s’échelonnent de 1 514 à 2 384 euros brut par mois. Les orthoptistes exerçant à l’hôpital ont toutefois la possibilité de devenir cadres de santé, après quatre années d’expérience professionnelle.
Flore Mabilleau
Point de vue
Nathalie Fitton, orthoptiste à Chilly-Mazarin (Essonne)
« Le travail en établissements spécialisés permet d’aborder le patient dans sa globalité et non uniquement sur le constat d’une pathologie visuelle. L’intervention auprès d’une population déterminée (atteinte de troubles relationnels, d’apprentissage, d’une déficience visuelle…) est réalisée en lien avec l’équipe de la structure, en attente de solutions par rapport aux répercussions de ces difficultés sur l’autonomie au quotidien, la scolarité, la vie professionnelle. Un projet individuel est mis en place en collaboration avec les différents intervenants afin d'aider l’usager dans son parcours, ainsi que dans l'acquisition de compétences plus générales. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 109 - juillet 2013