Le rôle de l’accompagnateur à la mobilité ? Aider une personne jeune, handicapée, en perte d’autonomie ou confrontée à des difficultés temporaires, à se déplacer, par quelque moyen de locomotion que ce soit. Ce professionnel peut intervenir sur différents types d'itinéraire : domicile-école, sorties culturelles, rendez-vous médicaux, départ en vacances, etc. Ses missions sont à cheval entre celles du chauffeur-accompagnateur travaillant dans des associations ou des entreprises de transport adapté et celles de l’aide à la personne.
Une mission traditionnelle de l’aide à domicile
Ce métier, encore mal défini, se développe essentiellement dans les sociétés de services à la personne. « L’accompagnement à la mobilité est une prestation proposée par les associations et services d’aide et de soins à domicile. Les aides à domicile exercent naturellement cette fonction qui fait partie intégrante de leur fiche de poste et des actes d’aide de la vie quotidienne, que ce soit à pied, en transports en commun ou en voiture. Il n’existe pas de métier spécifique émergent dans ce secteur », estime ainsi Hélène Lemasson, directrice des ressources humaines réseau de l’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles (UNA). Même son de cloche du côté des autres organisations de la branche, pour lesquelles l’accompagnement se doit d’être global. « Il n'est pas nécessaire de le segmenter en multipliant les intervenants. Une aide à domicile est formée pour être polyvalente et accompagner une personne dans sa mobilité au sens large du terme », renchérit Didier Duplan, directeur général adjoint de la fédération Adessadomicile. En revanche, les entreprises se sont positionnées sur ce créneau. « Même s’il peut être compliqué de proposer des temps pleins sur ce type d’intervention », précise Frank Nataf, délégué départemental de Paris à la Fédération française de services à la personne et de proximité (Fedesap).
Des demandes croissantes chez les plus de 80 ans
Un marché qui se développe donc, notamment grâce au dispositif « Sortir plus », expérimenté en France depuis 2002. Celui-ci finance les transports de personnes âgées de plus de 80 ans hors de leur domicile, pour des raisons utilitaires (médecins, administrations, etc.) ou de loisirs (sorties culturelles, promenades, visites à la famille…) via des prestataires agréés. Par exemple, la société Essentiel et domicile, propose un service d’accompagnement à la mobilité, à pied ou en voiture, et a recruté trois personnes dans cet objectif depuis 2008 (lire l'encadré). « Nous répondons à une demande de plus en plus forte dans ce domaine qui concerne, à 80 %, les personnes âgées », détaille Jean-Jacques Godet, le gérant. Qui prend aujourd’hui en charge 200 missions d’accompagnement à la mobilité par mois. « Les professionnels peuvent aider une personne à faire ses courses comme la conduire en voiture à l’aéroport et rester avec elle jusqu’à ce qu’elle embarque, détaille-t-il. Ils peuvent aussi l’emmener voir sa famille, même sur de longs trajets, ou encore aller chercher les enfants à l’école. »
Pour exercer cette fonction, qui n’est répertoriée dans aucune convention collective, il n'y a pas de formation exigée. L’accompagnateur à la mobilité a toutefois besoin d’être titulaire du permis de conduire et avoir un comportement responsable vis-à-vis de l'usager, « être ponctuel, patient, avoir le sens de l’écoute et de l’organisation », ajoute Jean-Jacques Godet. Les rémunérations débutent au Smic horaire jusqu'à 10 à 11 euros brut par heure.
Flore Mabilleau
Point de vue
Chantal Jouis, accompagnatrice à la mobilité auprès de la société Essentiel et domicile, à Collonges-au-Mont-d'Or (Rhône)
« J’accompagne des personnes en perte d’autonomie, atteintes par exemple des maladies de Parkinson, d’Alzheimer ou encore de Benson, qui même si elles n’ont plus beaucoup de mobilité, parviennent à se déplacer. Nous faisons des promenades à pied dans la rue ou dans des parcs, ou nous nous rendons en voiture aux rendez-vous administratifs, chez le médecin, le coiffeur, nous faisons les courses… Je reste aussi avec elles durant leur déplacement, dans les magasins afin de les aider à se repérer dans les rayons, faire attention à ce qu’elles ne tombent pas et veiller à ce que tout se passe bien en caisse. Cet accompagnement contribue au maintien à domicile de ces personnes et leur redonne un peu goût à la vie, l’envie d'être bien soignée ou de bien s’alimenter. Pour exercer ce métier, il faut être particulièrement patient, savoir s’adapter au rythme de chacun, aimer conduire et être très disponible : on peut commencer tôt le matin, finir tard le soir, et travailler le week-end. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 110 - août 2013