Surveillant, chef de service paramédical, infirmier référent… Les cadres de santé dans les établissements et services médico-sociaux (ESMS) exercent sous des appellations variées. Un flottement sur leur désignation et leurs missions qui les rend bien moins visibles qu’à l’hôpital.
Un diplôme obligatoire dans l'hospitalière
De fait, ces professionnels sont surtout présents dans la fonction publique hospitalière (FPH), où le diplôme spécifique de cadre de santé est obligatoire. Ouvert aux candidats issus de trois filières – infirmière, rééducation, médico-technique – il nécessite de suivre une année d’étude dans un institut de formation des cadres de santé (IFCS). Leur statut vient de subir un toilettage important [1] : depuis décembre 2012, un nouveau corps de cadres de santé paramédicaux, relevant de la catégorie A, s’est substitué à celui des cadres de santé, voué à disparaître. Une façon de pallier un déficit de reconnaissance régulièrement pointé [2]. En parallèle, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) pilote une réingénierie du diplôme de cadre de santé, destinée à étoffer le bagage des professionnels et à asseoir leur rôle dans les ESMS.
Dans le secteur médico-social en revanche, aucun diplôme spécifique n’est exigé. Et pour cause : s’ils sont bien présents dans la convention collective nationale (CCN) de 1951 [3], ils n’existent pas en tant que tels dans celle de 1966, où le seul emploi qui s’en rapproche est celui de chef de service paramédical. « Même si tous ne sont pas passés par l’IFCS, beaucoup disposent cependant de masters ou de diplômes universitaires qui complètent leur formation soignante initiale », précise Sylvie Amzaleg, directrice des relations du travail à la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne, privés non lucratifs (Fehap). Mais compte tenu de leur relative invisibilité, il reste difficile d'évaluer précisément leur nombre et leur répartition. « On les retrouve plutôt dans des établissements de taille importante », estime Sylvie Amzaleg, aussi bien dans le champ des personnes âgées que dans celui du handicap.
Une fonction d'avenir
Mais différents facteurs devraient à l’avenir les positionner comme des professionnels clés dans les ESMS : vieillissement de la population, aggravation de la dépendance, progression des pathologies psychiatriques, fonctionnement croissant en réseaux de santé, développement de la collaboration avec le secteur sanitaire… Autant d’évolutions face auxquelles le profil des cadres de santé paraît adapté. Tournés vers la polyvalence, leur formation et leur parcours permettent en effet de leur confier de nombreuses missions : organisation des soins, management du personnel paramédical, prévention et gestion des risques, évaluation de la qualité, contribution à la gestion financière, relations avec les familles, coordination d’équipes pluridisciplinaires…
Forts de ces aptitudes, les cadres de santé se placent donc tout en haut de l’organigramme. « Contrairement aux infirmiers coordinateurs, par exemple, ils participent à la politique institutionnelle, au sein même des instances de direction », insiste Sylvie Amzaleg. Une intégration dans les pôles stratégiques qui leur offre de réelles perspectives d’évolution dans les ESMS, en particulier à des postes de direction d’établissement.
[1] Circulaire n° DGOS/RH4/DGCS/2013/41 du 5 février 2013 relative à la mise en œuvre du nouveau statut des cadres de santé paramédicaux de la FPH
[2] Rapport de la mission cadres hospitaliers, Chantal de Singly, ministère de la Santé et des Sports, septembre 2009
[3] CCN de 1951, annexe II, article A 2.1.4
Flavie Dufour
Point de vue
Nicolas Hermouet, directeur général d'association
« Dès lors qu’on accompagne des personnes dépendantes, la dimension du soin est capitale. D’autant que les normes et recommandations sanitaires – par exemple sur le circuit du médicament – ne cessent de se durcir. Dans une précédente organisation j’ai recruté trois cadres de santé diplômés, dont une comme chef de service éducatif. D’un côté, leurs compétences permettent de verrouiller tous les process de soins. De l’autre, ils assurent l’interface avec nos partenaires du secteur sanitaire, dont ils connaissent le langage et les rouages. Tout l’enjeu pour le directeur est de veiller à équilibrer le poste entre projet de soin et projet de vie. Pour que la greffe prenne, il importe de sélectionner les bons profils : en l’occurrence, des professionnels issus de la psychiatrie ou qui disposaient déjà d’une expérience dans le médico-social. Ensuite, ce n’est qu’en intégrant les cadres de santé dans le pilotage institutionnel des structures que l’on parvient à une véritable acculturation réciproque. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 112 - octobre 2013