La puéricultrice est une infirmière spécialisée dans les soins à l’enfant. Sur les quelque 17 978 professionnelles en activité (dont 238 hommes), près de la moitié exercent en hôpital – maternité, service de néonatalogie, pédiatrie – les autres dans des services de protection maternelle et infantile (PMI), en foyers maternels, pouponnières, centres d’action médico-sociale précoce (Camsp), et bien sûr dans les crèches et lieux d’accueil pour jeunes enfants.
Des missions variées
Dotée de compétences médicales, socio-éducatives et d’animation de groupe, elle doit faire preuve de qualités d’écoute et d’observation. Ses connaissances des besoins des enfants lui permettent d’être à l’articulation des secteurs sanitaire, médico-social, social et éducatif. La puéricultrice travaille donc toujours au sein d’une équipe pluridisciplinaire et souvent en lien avec un réseau extérieur : écoles, assistantes sociales, services médicaux, crèches… Elle peut assurer des fonctions d’encadrement, par exemple d’une équipe d’assistantes maternelles, ou diriger une crèche, un service de PMI… Et elle peut évoluer, par voie de concours dans la fonction publique, vers un poste de cadre de santé.
Ses missions variées – soins, dépistage, accompagnement de la famille – diffèrent selon les lieux d’exercice. Ainsi, en PMI son rôle est déterminant en matière de prévention et de protection de l’enfant, elle participe aux consultations médicales, informe et conseille les parents, organise des réunions sur l’alimentation, l’hygiène, etc. La puéricultrice peut aussi effectuer des visites à domicile pour soutenir des familles vulnérables ou pour évaluer une situation signalée comme préoccupante. En Camsp, auprès d’enfants handicapés, elle fait le lien avec les parents, guide ces derniers dans les parcours de soins, met en place des séances éducatives, observe l’enfant chez lui, prépare et accompagne son entrée en établissement. Et en foyer maternel, sa mission est centrée sur la santé des mères et des enfants à naître, ainsi que sur l’étayage de la relation entre eux.
Un métier à revaloriser
La formation est accessible sur concours d’entrée aux titulaires d’un diplôme d’État (DE) d’infirmier ou de sage-femme. Elle est dispensée par une trentaine d’écoles agréées par le ministère des Affaires sociales et de la Santé. D'une durée d'un an, elle se compose de 650 heures de cours théoriques et de 710 heures de stage. Mais la profession réclame depuis plusieurs années une réforme du diplôme et de la formation (lire l’encadré). Le nombre de nouvelles puéricultrices, entre 800 et 1000 chaque année, étant insuffisant par rapport aux besoins, elles n’ont aucun mal à trouver un emploi. « Face à cette pénurie, nous avons demandé au ministère d’accorder davantage de places en formation, mais sans succès », regrette Sébastien Colson, président de l’Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiants (ANPDE).
Dans le secteur privé, le salaire dépend des conventions collectives. Dans la fonction publique hospitalière, dont la grille indiciaire a été revalorisée en 2010, une puéricultrice de classe normale est rémunérée de 1 791 euros jusqu'à 2 829 euros brut. Le décret du 18 août 2014 prévoit d’aligner le traitement des professionnelles de la territoriale. « Dommage que ce texte, attendu depuis quatre ans, ne concerne pas les cadres et manque de clarté sur le montant des salaires réévalués », relève Sébastien Colson. Dernier enjeu pour la profession ? L’obtention d’une nomenclature d’actes avec des tarifs spécifiques pour les soins à l’enfant. « Cela permettrait aux puéricultrices de développer une activité en libéral afin de proposer une offre de soins de proximité pour l'enfant et sa famille et désengorger les urgences pédiatriques », ajoute le président de l’ANDPE.
Mariette Kammerer
Avis d'expert
Sébastien Colson, président de l’ANPDE
« Le DE de puéricultrice et les contenus du cursus n’ont pas évolué depuis 1983. Pour y inclure les nouvelles pratiques et réglementations, l'association plaide pour un étalement de la formation sur deux ans. En préalable à la réforme, un nouveau référentiel d’activité et de compétences a été validé en 2009 et le programme rénové de la formation est prêt depuis 2011, il ne manque plus que les signatures ministérielles. Nous attendons également une décision interministérielle pour classer le nouveau diplôme au grade de master, comme nos collègues infirmiers anesthésistes. Il n’est pour l’instant pas intégré au système LMD et n’a donc pas d’équivalence possible en Europe. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 126 - décembre 2014