Veiller à la bonne gestion des ressources d’une structure et, de plus en plus, en rendre compte aux financeurs publics : c’est le rôle primordial des comptables, présents dans une grande majorité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS). Généralement rattachés au directeur général ou à un directeur administratif et financier (DAF), ils travaillent en lien avec les directeurs d’établissement, les fournisseurs, le service informatique, les organismes bancaires, les services de tutelle… Les très petites structures ont, quant à elles, tendance à externaliser cette fonction.
Le comptable enregistre les rentrées et sorties d’argent journalières, réalise des bilans annuels, rédige les documents obligatoires, traite les factures, et parfois les bulletins de paie. Selon son profil de poste, il peut élaborer le budget, des analyses comptables, des calculs d’investissement et du contrôle de gestion. Ses missions varient selon la taille de la structure : dans un grand service, la comptabilité courante est assurée par des techniciens comptables et les travaux de pilotage, d’analyse et de contrôle par un responsable ou un DAF. À l’inverse, dans une petite structure, l’unique comptable est nécessairement polyvalent.
Des compétences plus pointues
Dans le secteur, beaucoup de professionnels ont été formés sur le tas. Or, la réglementation s’est complexifiée et a entraîné une plus grande technicité de la fonction. « Contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens (CPOM), plans pluriannuels de financement des investissements… Les établissements doivent fournir à l’agence régionale de santé (ARS) des analyses chiffrées, des indicateurs de performance, et expliquer tous les écarts entre le budget et le réalisé », explique Alexis Roger, conseiller en gestion et stratégie financière à la fédération d'employeurs Fegapei. Un profil de secrétaire comptable ne suffit plus. Les structures cherchent désormais des compétences plus pointues, capables de servir d’appui à la stratégie financière. Mais peinent à les attirer. « Les titulaires d’un diplôme de comptabilité et gestion (DCG), enseigné en trois ans en lycée, s’orientent plutôt vers les cabinets d’expertise comptable ou les concours des impôts », constate Laure Bataille, vice-présidente de l’association des professeurs des DCG.
En matière de diplômes, un BTS ou un DUT suffit à des missions de comptabilité courante. Pour l’analyse et le pilotage, on recherche au moins cinq ans d’expérience en cabinet ou un diplôme bac +3 de type DCG ou licence professionnelle. Pour un poste de cadre, il existe par exemple un master « Comptabilité, contrôle et audit », ou le très recherché diplôme supérieur de comptabilité et gestion (DSCG). Alexis Roger ajoute : « Nomenclatures, procédures budgétaires, compte administratif… quel que soit son cursus initial, le comptable aura besoin d’être formé aux spécificités du secteur ».
Vers un poste de DAF ?
Dans l’hospitalière, les adjoints administratifs hospitaliers (catégorie C) sont encadrés par un adjoint des cadres hospitaliers (cat. B) ou un attaché d’administration hospitalière (cat. A). Dans la territoriale, des agents de gestion comptable sont chapeautés par des responsables de gestion comptable. Leur rémunération brute démarre respectivement à environ 1 485 euros (cat. C), 1 500 euros (cat. B) et 1 615 euros (cat. A), pour atteindre en fin de carrière environ 1 680 euros, 2 250 euros et 3 050 euros.
Dans la convention collective du 15 mars 1966, le comptable peut être technicien qualifié (bac), supérieur (bac +2) ou cadre technique (bac +4), et gagne entre 1 300 euros et 2 300 euros en moyenne selon son profil. En termes d’évolution de carrière, un comptable peut devenir responsable comptable, puis DAF.
Mariette Kammerer
Point de vue
Angélique Goudard, responsable comptable du secteur Travail à l’association Adapei d'Ardèche
« Titulaire d’un BTS de comptabilité et après une première expérience en cabinet, j’ai commencé par m’occuper de la comptabilité courante d’un établissement et service d’aide par le travail (Esat). Puis l’Adapei m’a permis de suivre une licence puis un master I “Droit, économie et gestion”, spécialité “Direction et management”, pour évoluer vers mon poste actuel. J’encadre deux comptables en charge de deux Esat et d’une entreprise adaptée (EA). Ce type d’établissement nécessite une double comptabilité : une partie commerciale, liée aux activités de production, et une partie médico-sociale. En tant que responsable, je réalise des situations de fins de mois pour les trois établissements. De plus, je réalise un contrôle budgétaire pour la partie médico-sociale et une analyse par section pour la partie commerciale. J’élabore les budgets et les tableaux de bord. Enfin, je traite les demandes de formation des collaborateurs et des usagers. L’analyse et le contrôle de gestion sont la partie la plus intéressante de mon travail, car c'est une aide à la décision managériale et oriente les stratégies de développement. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 136 - novembre 2015