Yannick Vallée, coordonnateur de projets à l'association Etai
Logique de parcours des usagers, fusion et autres regroupements d'organismes gestionnaires… À la faveur de ces évolutions rapides, un nouveau profil est apparu dans le secteur social et médico-social : véritable relai au sein d'une structure, le coordonnateur de projets veille au suivi des actions et favorise le dialogue avec les partenaires extérieurs. « C'est important car il assure la proximité entre les différents acteurs afin de dynamiser les établissements », explique Pascale Richarme, directrice adjointe au pôle Formation continue de l’Institut supérieur social de Mulhouse (ISSM). Il a aussi un rôle d'intermédiaire entre direction et équipes de terrain. « Nous ne sommes plus dans un système où l’établissement doit gérer seul le projet de chaque "usager". La prise en charge de la personne doit être globale, tenir compte de tous les aspects de son projet de vie, y compris en s’appuyant sur les dispositifs de droit commun », complète François Noble, directeur de l’Association nationale des cadres du social (Andesi). Une fonction qui s’intègre dans cette logique inclusive garantissant la fluidité des parcours des personnes accompagnées.
Plusieurs casquettes
Ses missions ? Analyser les différents besoins, en développant un travail de veille et d’expertise, et animer les équipes. Avec elles, il met en place les actions adéquates pour répondre aux objectifs de l’établissement et aux besoins des usagers. Il est également chargé de l'encadrement et de la montée en puissance des compétences des professionnels de terrain. En parallèle, il s’occupe des relations partenariales avec les collectivités locales ainsi que les autres structures du secteur afin de favoriser l’ouverture vers l’extérieur.
Un poste « multi casquettes » pour lequel il doit privilégier une certaine distance. « Attentif aux situations dans leur globalité, le coordonnateur voit large et aide les équipes à lever le nez du guidon, que ce soit dans leur travail ou dans le suivi des usagers », complète Pascale Richarme. En revanche, le plus souvent, il n’a aucune relation hiérarchique avec elles. Une position délicate à tenir qui nécessite une grande capacité d’écoute et de dialogue. « La coordination n’est pas une simple tâche de supervision et de contrôle. Je propose des pistes de travail et de réflexion, j'accompagne mes collègues dans leur pratique quotidienne et je les aide à prendre du recul, illustre Yannick Vallée, coordonnateur de projets à l’association Entraide travail accompagnement insertion (Etai), au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Nous avançons ensemble pour accompagner les usagers et nous assurer d'être en cohérence avec leur projet personnalisé. »
En voie de reconnaissance ?
Nombre des coordonnateurs ont déjà une expérience dans le domaine du social et du médico-social : aides médico-psychologiques, personnels administratifs, éducateurs spécialisés, assistantes sociales, responsables de l’animation… Indispensable aux établissements, le poste manque pourtant de légitimité. « Ce n’est pas une fonction par défaut que n'importe quel professionnel peut exercer. Le secteur a tout intérêt à la valoriser », assure Francois Noble. Comme l’Andesi, qui a monté avec l’université Paris Est-Créteil une formation qualifiante de coordinateur de parcours et de projets, d’autres organismes de formation ont bien compris la nécessité de mettre en place des cursus reconnus et certifiants. L’ISSM propose ainsi une formation de coordonnateur en établissements sociaux et médico-sociaux. Pour parfaire la démarche, l'institut a également déposé un dossier afin de faire référencer le métier au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). « C’est un premier pas vers la reconnaissance, note Pascale Richarme. Aujourd'hui, la valeur du métier dépend de son classement dans les différentes conventions collectives. Nous souhaitons que la profession obtienne une certification. »
Marina Al Rubaee
Point de vue
Keltoum Rezig, coordonnatrice de projets, Résidence GCSMS Union belge du groupe Mapad santé, à Courbevoie (Hauts-de-Seine)
« J’ai intégré le poste de coordonnatrice de projets en octobre 2014. Comme mon prédécesseur, je suis titulaire du diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (DEJEPS). Mon recrutement a été un signal fort de la direction, qui a compris les enjeux du développement de l'animation en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et a souhaité donner une place stratégique au métier. Il met l'accent sur le développement de projets et de partenariats, internes et externes. Mon ambition est d'offrir une animation de qualité, adaptée aux résidants, et d'entretenir le dialogue avec le territoire, en tenant compte du contexte socio-culturel. En lien étroit avec la direction, j’ai développé ces activités en impliquant le personnel soignant (médecin coordinateur, infirmiers…), ainsi que les familles. Notre rôle ? Être un peu comme le chef d’orchestre de l'établissement. Celui qui lui donne plus de vie et qui crée une harmonie.»
Publié dans le magazine Direction[s] N° 132 - juin 2015