On en trouve aussi bien dans les maisons d’enfants à caractère social (Mecs) que dans les instituts médico-éducatifs (IME). En milieu ouvert comme en internat. Population impossible à chiffrer, les éducateurs scolaires sont présents dans tous les types d’établissements et services accompagnant des enfants et des jeunes, sous des configurations extrêmement variées. Et pour cause : éducateur scolaire n’est « ni un métier, ni une fonction, pointe Richard Ziadé, directeur pédagogique à l’association Jean-Cotxet, à Paris. Uniquement un statut. »
Un cadre dans la CCN 66
De fait, l’éducateur scolaire n’existe que dans la convention collective nationale de travail des établissements et services pour personnes handicapées du 15 mars 1966 (CCN 66). Sous trois catégories différentes : éducateurs scolaires avec baccalauréat, ceux avec CAP et ceux spécialisés, « justifiant d'un diplôme spécialisé de l'enfance inadaptée ou des conditions requises pour exercer en collège d'enseignement général ou technique », précise le texte.
Difficile de s’y retrouver… « En fait, c’est un subterfuge que l’on utilise pour embaucher des personnels non titulaires d’un diplôme d’État », reconnaît Richard Ziadé. Pour Jean-Marie Vauchez, président de l’Organisation nationale des éducateurs spécialisés (Ones), l’explication mérite d’être nuancée : « La CCN 66 donne un canevas. Ensuite, chaque institution développe sa propre approche. » Avec des écarts importants d’une structure à l’autre. « Parfois, ce sont des professionnels éducateurs spécialisés (ES) ou aides médico-psychologiques (AMP) qui déchargent les enseignants en occupantles enfants.En prévention spécialisée, il s’agit plutôt de remettre les jeunes à niveau, en marge de l’Éducation nationale. »
En binôme avec l'enseignant
Dans l’Isère, la Fondation OVE a créé en 2014 un poste d’éducateur scolaire pour l’un de ses instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (Itep) : « Il nous fallait un professionnel pour doubler l’encadrement dans la classe de façon à pouvoir accueillir davantage d’enfants en même temps », témoigne Mélanie Tacquard, directrice du dispositif. Le poste a été confié à un moniteur éducateur inscrit en formation d’ES, dont le rôle a été clairement défini : « Il n’est ni accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH), ni une petite main au service de l’enseignant, insiste Mélanie Tacquard. Il intervient en binôme avec l’institutrice, avec laquelle il s'occupe des objectifs pédagogiques, des outils… » La fonction devrait bientôt évoluer vers celle de référent pédagogique en charge des projets d’orientation et de scolarité. « Nous avons également une autre éducatrice scolaire, ES après un parcours dans l’Éducation nationale, dans une classe externalisée en collège. Elle effectue tout un travail de coordination et d’inclusion dans le milieu ordinaire », complète la directrice. Ces deux professionnels sont rémunérés sur la grille des éducateurs spécialisés. Un véritable avantage : en plus d’une meilleure rémunération, un tel choix leur permet de « ne pas rester bloqués dans leur établissement, l’éducateur scolaire n’existant pas dans les autres conventions collectives », estime Jean-Marie Vauchez.
Un statut à clarifier
Malgré l’absence d’un cadre statutaire précis et adapté, les missions qui leur sont confiées répondent à un véritable besoin. Aux directeurs d’établissements, donc, de définir leur fiche de poste, leur profil de recrutement, et de choisir la place qu’ils souhaitent accorder à la fonction dans leur organigramme. Ce, sans attendre une hypothétique clarification lors d’une éventuelle révision de la convention collective : « Quand bien même le chantier avancerait, je doute que le statut des éducateurs scolaires constitue une priorité », prévient Jean-Marie Vauchez.
Flavie Dufour
Point de vue
Diana Mendoza, éducatrice scolaire, Mecs Les Gavroches, à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis)
« Je suis devenue éducatrice scolaire l’an dernier, à l’issue de ma reconversion comme éducatrice spécialisée. Auparavant, j’étais psychologue du travail et de l’orientation. J’interviens au sein du service de suite de la Mecs, ainsi qu’au service d’accueil d’urgence et d’orientation (SAUO). Beaucoup de jeunes accueillis sont en rupture scolaire. Pour me démarquer de l’école, je les reçois toujours individuellement. J’évalue leur niveau à partir des référentiels de l’Éducation nationale. Parallèlement, je leur propose des ateliers destinés à les raccrocher peu à peu à la scolarité. Avec les plus âgés, je travaille plutôt leur projet professionnel. Je les guide vers les centres d’information et d’orientation (CIO), les centres de formation, je les aide dans leurs démarches, je coordonne les partenaires… En lien constant avec les autres professionnels de l’équipe éducative, de façon à bien articuler nos accompagnements. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 134 - septembre 2015