La méthode d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie (Maia) vise à organiser sur chaque territoire une coordination des acteurs et une harmonisation des réponses en direction des personnes âgées. Il existe en France 352 équipes Maia, portées par des conseils départementaux, des associations, des centres locaux d'information et de coordination gérontologique (Clic) ou des réseaux de santé. Chacune est composée d’un pilote et de trois gestionnaires de cas [1].
À la fois animateur et observateur
Principale mission du pilote [2] ? Mettre en place un guichet intégré, à travers la coordination de tous les acteurs et la création d’outils communs. « Ce guichet intégré doit permettre à toutes les structures recevant des demandes de personnes âgées (centres communaux d'action sociale – CCAS, hôpitaux, services à domicile, etc.) d'apporter le même niveau de réponse et proposer une orientation pertinente en lien avec les ressources disponibles », détaille Marc Gronnier, pilote dans les Hautes-Pyrénées et membre du collectif national des pilotes Maia.
Le professionnel réalise un diagnostic de l’offre de services existant sur le territoire et anime un réseau de partenaires. Il organise des réunions de concertation stratégique avec les décideurs et les financeurs (agences régionales de santé – ARS, conseil départemental, caisses de retraite, d'assurance maladie) et de concertation tactique avec les opérateurs de terrain (Clic, réseaux de santé, structures d’aide et de soins à domicile, établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes – Ehpad, CCAS, etc.). Selon l’enquête réalisée par le collectif des pilotes Maia, les outils intégrés le plus souvent utilisés sont l’annuaire commun, le référentiel d’interventions, le site Web, le formulaire d’orientation, et les formations à l’attention des accueillants.
Le pilote joue aussi un rôle d’observatoire et assure le lien entre le terrain et les décideurs : il repère les dysfonctionnements, les besoins non couverts et les fait remonter aux instances territoriales. « Les gestionnaires de cas, qui traitent les demandes complexes, nous rapportent notamment des problématiques de sorties d’hospitalisation, de coordination à domicile, de prise en charge des personnes handicapées vieillissantes, illustre Delphine Bastard, pilote Maia à Issoire (Rhône). J’en réfère aux tables tactique et stratégique et je propose des aménagements ». « Nous sommes au cœur des changements dans un secteur en pleine évolution, c’est un aspect intéressant du métier », ajoute Marc Gronnier.
Deuxième axe ? Manager l’équipe pluridisciplinaire des gestionnaires de cas : infirmiers, assistants de service social, ergothérapeutes, etc. Dans les Hautes-Pyrénées, qui compte deux Maia, les pilotes ont choisi de se répartir les tâches. « J’assure l’animation territoriale, tandis que mon confrère, qui est cadre de santé, supervise les gestionnaires de cas des deux Maia », explique Marc Gronnier. Outre ces missions associées à leur profil de poste, un quart des pilotes interrogés dans l’enquête du collectif assurent la direction d’une structure (lire l'encadré), et près de la moitié disent réaliser des tâches hors cahier des charges (gestion des RH, administrative…).
Polyvalent et diplomate
L’exercice de ce métier requiert un niveau Master 2 en rapport avec le secteur, une expérience de la conduite de projet et de la coordination, une connaissance du tissu sanitaire et médico-social et une capacité à analyser les problématiques locales. Ses qualités professionnelles ? La polyvalence, le relationnel et la diplomatie, mais aussi des talents d’organisation et de coordination.
Chaque pilote bénéficie d’une formation à la prise de poste, sur cinq jours, dispensée par l’École des hautes études en santé publique (EHESP). Une majorité de pilotes sont embauchés en CDI, 22 % en CDD et moins de 20 % sont fonctionnaires. Selon les premiers résultats de l'enquête nationale d'évaluation des Maia, leur salaire se situe entre 1500 à 4000 euros net mensuels (entre 2500 et 3000 euros pour 42 % d'entre eux). Cette évaluation, en cours d’achèvement, doit donner lieu en 2017 à une révision du cahier des charges des Maia, défini par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA).
[1] Lire Direction[s] n° 72, p. 40
[2] Le profil de poste figure en annexe du cahier des charges des Maia établi par la CNSA, disponible sur www.cnsa.fr, rubrique Parcours de vie
Mariette Kammerer
Point de vue
Delphine Bastard, pilote Maia à Issoire (Rhône)
« Je suis à la fois directrice du Clic et pilote d’une des quatre Maia du Puy-de-Dôme. Les missions se recoupent. J’ai une formation de conseillère en économie sociale et familiale (CESF) et une licence professionnelle en intervention sanitaire et sociale en gérontologie. En tant que pilote Maia, j’ai proposé différentes actions, validées par les acteurs du réseau. Par exemple, pour les agents d’accueil, nous avons créé une grille d’entretien type avec les questions clés qui balayent les problématiques récurrentes. Tous vont suivre une formation de trois jours sur les dispositifs d’aide aux personnes âgées, avec un organisme que j’ai mandaté. Nous avons aussi créé un annuaire commun, recensant toute l’offre disponible sur le territoire. Par ailleurs, j’organise depuis trois ans des actions « vis ma vie » entre professionnels de différentes structures, pour faciliter les échanges. La feuille de route du pilote Maia est impressionnante, mais il faut accepter d’avancer pas à pas, en concertation avec les acteurs. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 147 - novembre 2016