Belén Alonso, accueillante familiale et présidente de Famidac
« Un accueillant familial, c’est quelqu’un qui a du bonheur à partager, qui a la chance d’être en bonne santé, qui a un logement suffisamment grand pour accueillir d’autres personnes et qui est en capacité d’en prendre soin », résume Étienne Frommelt, secrétaire général de Famidac, l'association des accueillants familiaux et de leurs partenaires, créée en 1997. Évalués à près de 10 000 en France, ces particuliers accueillent à leur domicile, à titre onéreux, des adultes âgés ou handicapés – trois au maximum – n'appartenant pas à leur famille. Alternatives à l'hébergement en établissement, les accueils peuvent être permanents, temporaires ou séquentiels, à temps plein ou partiel (de jour ou de nuit), en chambre individuelle ou en logement indépendant.
Certains proposent également un accueil thérapeutique familial (3800 places en France), alternative à l’hospitalisation pour des personnes souffrant de troubles psychiatriques, et deviennent ainsi salariés d’un établissement de santé mentale [1].
Une formation initiale de 54 heures minimum
Le métier, qui a connu sa première définition légale en 1989, a été toiletté par deux décrets de décembre 2016 et d'avril 2017, en application de la loi du 28 décembre 2015 relative à l'adaptation de la société au vieillissement (ASV). La nouvelle procédure d’agrément, délivré par le président du conseil départemental du lieu de résidence, passe par un référentiel fixant les aptitudes et les compétences de l’accueillant et les conditions d’accueil au domicile. « Le décret précise la liste des critères requis pour l’agrément et balise les raisons pour lesquelles un accueillant peut se le faire retirer », analyse Étienne Frommelt. Autre modification substantielle entrée en vigueur au 1er juillet dernier : leur formation initiale est fixée à 54 heures minimum (dont sont dispensés ceux qui l'étaient déjà avant cette date), à laquelle s’ajoute la formation continue, à savoir 12 heures minimum par période d’agrément. Une façon d’harmoniser le niveau de compétences des accueillants familiaux. En effet, jusque là « les formations étaient très disparates selon les conseils départementaux », souligne Étienne Frommelt.
Le salariat dans les ESMS en panne
Les accueillants sont toujours très majoritairement employés de gré à gré par les personnes âgées, handicapées ou leurs représentants. En outre, depuis 2010, les établissements sociaux et médico-sociaux, publics ou privés, peuvent devenir leurs employeurs et directeurs, après accord du président du conseil départemental [2]. Créé dès 1991, le service de placement familial spécialisé du centre d’accueil spécialisé de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) fait partie de ces rares structures qui emploient en CDI une trentaine d’accueillants familiaux. Ces derniers, qui prennent en charge à domicile 48 adultes handicapés, travaillent trois semaines par mois. Néanmoins, ce type de services peine à se développer. « C’est une structure assez lourde à mettre en place : il faut avoir un certain nombre d’accueillants familiaux, analyse la responsable du service Nancy Klein-Kuhfeld. Et durant la semaine de repos, les résidents doivent aussi pouvoir être accueillis ». Le fonctionnement de Forcalquier nécessite un encadrement de six postes à temps plein (deux animateurs, une coordinatrice, une référente des projets d’accompagnement personnalisé, un contrôleur et un chef de service). Mais il assure aux accueillants familiaux une stabilité dans l’emploi, ainsi qu’un contrôle très régulier de leur activité.
[1] Lire Direction[s] n° 96, p. 40
[2] Lire Direction[s] n° 79, p. 37
Flore Mabilleau
Point de vue
Belén Alonso, accueillante familiale et présidente de Famidac
« Avec mon conjoint (nous avons un agrément de couple), nous proposons des accueils familiaux temporaires depuis 1996. Au début, nous avons privilégié l’accueil de personnes handicapées durant quelques jours par mois ou pendant les vacances, ce qui permettait aux accueillants permanents de souffler. Durant 12 ans, nous avons également assuré l’accueil familial thérapeutique, quelques jours par semaine, de malades atteints de troubles psychiatriques, sur prescription médicale, en dehors de l’hôpital. Aujourd’hui, nous poursuivons uniquement l’accueil social et travaillons en lien avec des établissements sociaux et médico-sociaux, notamment des foyers de vie. Certains d’entre eux sont parties prenantes de l’accueil familial qui s’inscrit vraiment dans le projet individualisé de la personne. D’autres le voient comme une contrainte : il faut prévoir les départs, préparer les affaires, etc. Les relations peuvent alors être compliquées. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 159 - décembre 2017