Si leur fonction demeure assez méconnue (lire l'encadré), les attachés d’administration hospitalière (AAH) exercent pourtant des missions indispensables dans les structures du public. Agents de catégorie A, ils peuvent par exemple avoir la responsabilité administrative d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), lorsqu’un directeur d’établissement sanitaire, social et médico-social (D3S) est à la tête de plusieurs sites. Ils peuvent aussi travailler en tant qu’adjoint de direction, sur un poste transversal ou spécialisé, que ce soit en finances, achats, ressources humaines… Une hétérogénéité des débouchés qui pourrait encore se renforcer avec les perspectives apportées par les groupements hospitaliers de territoire (GHT).
Une formation pratique et exigeante
L’accès à la formation d’AHH, dispensée par l’École des hautes études en santé publique (EHESP), se fait sur concours, organisé par le Centre national de gestion (CNG) des praticiens et personnels de direction hospitaliers. « Les admis entrent en formation pour 12 mois avec le statut d’élève fonctionnaire », indique Lydia Lacour, responsable de formation des AAH et enseignante à l’EHESP. Qui insiste sur le caractère « trans filière » du cursus, « avec des sessions communes entre AAH, inspecteurs des affaires sanitaires et sociales et élèves directeurs. »
La formation met aussi l’accent sur la mise en situation professionnelle. « Les élèves AAH sont amenés à participer à des exercices de simulation de recrutement, d'évaluation des collaborateurs, de gestion de crise, de contribution à l'élaboration de plan de retour à l'équilibre, de construction d'un état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD)…,illustre Hubert Jaspard, directeur général adjoint de l’opérateur hospitalier mutualiste Hospi Grand Ouest, également intervenant à l’EHESP. Des travaux pratiques sont organisés en lien avec des directeurs d'hôpitaux, de soins, ou des fonctionnaires des administrations d’État… Ils mesurent ainsi l'importance de l'interaction sociale entre professionnels, la complexité du management, les ressorts du travail en équipe et de la gestion de projets. »
« Les élèves AAH suivent aussi 14 semaines de stage au sein d’établissements volontaires, pouvant être de futurs lieux d’affectation, complète Lydia Lacour. Un premier stage d’observation est suivi d’un temps de mission, toujours dans la même structure, à l’issue duquel l’élève stagiaire est évalué. »
Les futurs AAH se présentent chaque année aux places ouvertes par les établissements, dans le cadre de la procédure d’affectation encadrée par le CNG. Ils connaissent généralement à l’automne leur poste, au 1er janvier de l’année suivante, celui-ci déterminant leur spécialisation (finances, achats…) durant la dernière phase de formation.
Plus de postes que de candidats
Si les AAH représentent une vraie plus-value pour les établissements, les difficultés de recrutement sont une réalité pour ce corps, avec une pénurie de candidats à la formation, donc de diplômés. « Trois postes sont proposés en moyenne pour un sortant de formation », relève ainsi Lydia Lacour. Les raisons de ce défaut d’attractivité ? « Les rémunérations restent peu élevées au regard de la complexité du concours et du niveau de responsabilités », analyse Bettina Dreyfus, stagiaire AAH de la promotion Chantal de Singly 2019. Le traitement mensuel d’un AAH en début de carrière s’élève à un peu plus de 1800 euros brut. Ce, malgré une revalorisation consécutive à l’accord Parcours professionnels, parcours et rémunérations (PPCR).
Justine Canonne
Un corps encore méconnu
Le corps des attachés d’administration hospitalière (AAH) a vu le jour au début des années 2000 en remplacement des chefs de bureau [1]. L’objectif était alors de créer dans l’hospitalière un poste d’attaché d’administration symétrique à ceux existant déjà dans les deux autres versants de la fonction publique. Si l’EHESP forme des AAH depuis 2002, le corps souffre néanmoins jusqu’à aujourd'hui d’un certain déficit de visibilité. Dans la lignée du rapport rendu en 2009 par Chantal de Singly [2], qui avait notamment mis en avant la nécessité de mieux former les cadres hospitaliers, l’école de Rennes a revu le cursus des AAH. Le nouveau format de formation, plus conséquent que le précédent, est mis en œuvre depuis 2012.
[1] Décret n° 2001-1207 du 19 décembre 2001 relatif au statut d’AAH
[2] Rapport de la mission Cadres hospitaliers, Chantal de Singly, ministère de la Santé, septembre 2009
Publié dans le magazine Direction[s] N° 177 - juillet 2019