S’il fallait résumer en trois maîtres-mots la fonction de responsable de résidence et service du logement accompagné, communément appelé responsable de résidence sociale, ce serait : accueillir, loger, accompagner. Mais la complexité des publics hébergés et la diversité des typologies de structure n’autorisent pas les raccourcis.
Véritable clé de voûte du logement accompagné, ce professionnel a en charge l’ensemble des missions liées au fonctionnement global d’une résidence sociale. Lui incombent ainsi la gestion locative, administrative et financière, celle du bâti et de la sécurité, mais aussi l’encadrement et la coordination de l’équipe de maintenance et d’entretien, ainsi que des différents services liés à l’hébergement. Fonctions auxquelles s’ajoute ce qui fait la particularité de ce métier : le pilotage et l’évaluation du projet social. « Les résidences sociales sont avant tout des lieux de vie pour des personnes en grande fragilité. Il y a un vrai enjeu sur la prestation socio-éducative. Au-delà de sa dimension économique, la gestion locative peut être un levier pour impulser un projet et développer le lien social », précise Koudiev Sidibé, responsable, à l’Union professionnelle du logement accompagné (Unafo), de l’unique formation dédiée, confiée à l'Institut Meslay.
Garant du climat social
Un lien qui n’est toutefois pas abordé de la même façon, selon les configurations. Dans les petites unités, au professionnel d’endosser une partie de l’accompagnement individualisé, sans toutefois se substituer aux intervenants sociaux. « Je suis régulièrement interpellé par les occupants quand je me rends dans les étages. J’essaie de répondre à toutes leurs demandes en leur prêtant une oreille attentive. Ce n’est que lorsque je ne maîtrise pas le sujet ou que cela me demande trop de temps que je les oriente vers notre réseau de partenaires. En revanche, en cas de conflits, je fais office de médiateur », confesse Abdel Barsali, responsable d’une résidence sociale dans le Val-de-Marne.
Tandis qu'au sein d’une équipe complète, l’approche du responsable, plus transversale, porte davantage sur la méthodologie, la mise en œuvre et le suivi du projet. « Plus grande est la structure, plus la mixité sociale augmente et plus les difficultés sont susceptibles d’émerger. À eux de mettre en place des outils pour maintenir le bon climat social pour que les résidents se sentent aussi bien que possible dans leurs lieux de vie », étaye Koudiev Sidibé.
Don d’ubiquité
Point commun de tous ces professionnels : ils cultivent la même volonté d’offrir aux résidents un logement avec un accompagnement adapté. Leur aptitude à appréhender les spécificités des différents publics et à se tenir en alerte sur les politiques publiques leur est de ce fait d’un grand secours. « Le métier s’apparente à un numéro d’équilibriste. C’est la pierre angulaire qui fait le lien entre les décisions prises au niveau de la direction et le contact direct avec les résidents et le personnel », soutient Nathalie Babin, responsable de la formation délivrée par l’Institut Meslay. Mais c’est sur sa capacité à mener de front imprévus et charge de travail courante que le responsable peut se révéler d’une grande efficacité. Une position pas toujours confortable avec laquelle Abdel Barsali a appris à composer : « Pas une journée ne passe sans qu’il n’y ait pas une urgence. C’est ce qui arrive quand on gère de l’humain, mais c’est aussi pour cela que mon travail est particulièrement stimulant. »
Carol Eyben
Point de vue
Marie-Bénédicte Henocque, responsable d’hébergement du foyer de travailleurs Coallia, à Montataire (Oise)
« J’exerce dans un foyer de travailleurs de 218 logements, composé à la fois de chambres avec parties collectives et de studios. Nous fonctionnons comme une résidence sociale. Je gère l’ensemble de l’infrastructure, le bâti et la sécurité. Ce n’est pas une mince affaire car le bâtiment, qui date des années 1970, a besoin d’une bonne remise à neuf. Chaque service comptant son responsable, ce n’est pas moi qui traite avec les entreprises de travaux, les agents techniques ou l’équipe de ménage. Mais je m’assure que tout fonctionne. Je suis également en première ligne pour régler les problèmes administratifs des résidents. Dans cette tâche, je suis aidée de l’intervenante sociale, même si les personnes savent que ma porte leur est toujours ouverte. Depuis mon arrivée, il y a trois ans, je consacre beaucoup d’énergie à mettre en place des animations pour que les gens se rencontrent. En somme, ce que j’aime le plus, c’est être sur tous les fronts. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 184 - mars 2020