Par leur absence, la crise du Covid-19 aura permis de révéler le rôle vital des liens sociaux au sein des structures d’accueil des personnes âgées. L’occasion aussi de mettre en lumière le travail que réalisent au quotidien les animateurs auprès de cette population pour encourager le développement, le maintien ou la reprise de la vie relationnelle, sociale et culturelle. Dans le secteur des personnes âgées, ces derniers ont en effet su se créer une place de choix avec l’apparition, dans les années 2000, des emplois jeunes. « Au-delà de la formation qui a largement contribué à sa professionnalisation, le métier a vraiment décollé après l’été caniculaire de 2003, durant lequel les professionnels de la gériatrie ont pris conscience de l’importance des besoins sociaux de nos aînés », étaye Bernard Hervy [1], fondateur et vice-président du Groupement des animateurs en gérontologie (GAG). Au nombre de 12 000, ceux-ci exercent aujourd’hui principalement dans les structures collectives d’accueil, d’hébergement ou de soins, tels que les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes ou non (Ehpad ou Ehpa) et, en plus faible proportion, à domicile.

Un travail sur mesure

Garant du bien-être et de l’épanouissement du public qu’il accompagne, l’animateur s’attache à proposer la vie sociale la plus riche possible, à travers un travail d’intégration, de stimulation et de récréation. Loin de n’être qu’une succession d’activités occupationnelles, il participe à la prise en compte multidimensionnelle de la personne, et ainsi, élabore le projet d’accompagnement en s’appuyant sur une palette d'offres, autant collectives qu’individuelles. « Nous partons des envies des résidents, que l’on regroupe et que l’on vient corréler avec les possibilités de la structure », détaille Franck Bronnaz, animateur en gérontologie dans l’Ehpad La Filandière, à Evreux (Eure). Cela implique d’aller au devant des résidents, plusieurs fois si nécessaire, de façon à bien cerner leurs centres d’intérêt. » Outre l’écoute et l’ouverture d’esprit dont il doit faire preuve, le professionnel possède une connaissance aiguë des enjeux de la perte d’autonomie liée au vieillissement et des comportements à décoder afin d'adapter ses supports. « Les personnes âgées sont un public spécifique. Ni thérapeutique, ni rééducative, l’intervention de l’animateur se fonde sur le vivre et le vivre ensemble. Dans l’essentiel de ce qu’il fait, il y a ainsi une importance compensation de la dépendance », complète Bernard Hervy. 

Une affaire d’équipe

Du repas pris en commun aux sorties culturelles, en passant par les activités sportives, les travaux manuels, les groupes de parole, les rencontres avec les écoles ou les centres de loisir, le rôle de l’animateur est aussi de coordonner toutes les actions dans et hors les murs de l’établissement. S’il dispose d’une grande autonomie dans la gestion de son budget et de son planning, sa force est d’être capable de fédérer un réseau de partenaires et de professionnels pour l’épauler dans la conduite de ses projets. « Il ne peut rien faire tout seul, au risque de s’essouffler. Équipe de soins, proches, bénévoles, maîtresse de maison… l’animation est l’affaire d’une équipe », confirme Cédric Paris, président du GAG. Suivant son niveau d’expertise, il peut également intervenir dans l’organisation de la structure. Un point fort pour sensibiliser ses supérieurs sur les bénéfices d’une vision interdisciplinaire. « Les directeurs ne sont pas tous formés à l’accompagnement du public, constate David Valentin, directeur de la résidence autonomie Quiétude, au Chambon-Feugerolles (Loire). Il est donc important que ces professionnels encouragent les interactions, afin que les directions réalisent leur rôle moteur vis-à-vis de l’animation. »

[1] Co-auteur avec Richard Vercauteren de « L’animateur et l’animation sociale avec les personnes âgées », Érès, 2016.

Publié dans le magazine Direction[s] N° 190 - octobre 2020