La restructuration de la formation et le nouveau référentiel d'activité des aides-soignants [1] entraînent des changements majeurs : la montée du diplôme au niveau bac à compter de la rentrée 2021 (contre celui de CAP-BEP auparavant), une augmentation du volume de formation, un élargissement des actes réalisables et la définition des grandes missions caractérisant le métier. Elles sont résumées en trois axes : « Accompagner la personne dans les activités de sa vie quotidienne et sociale dans le respect de son projet de vie », « Collaborer au projet de soins personnalisé dans son champ de compétences » et « Contribuer à la prévention des risques et au raisonnement clinique interprofessionnel ».
Des actes complémentaires
« Une plus grande autonomie dans l'analyse et la prise de décision leur est reconnue dans l'accompagnement des gestes de la vie quotidienne, salue Florence Girard, présidente de l'Association nationale des directeurs d'écoles paramédicales (Andep). C'est une transformation essentielle qui permet une vraie reconnaissance des compétences des aides-soignantes. »
Un progrès nuancé par la Fédération nationale des associations d'aides-soignants (Fnaas) : « Nous sommes contents des avancées, un certain nombre d'actes complémentaires sont attribués aux professionnelles [neuf sur dix sont des femmes], mais ce sont des actes qu'elles faisaient bien souvent déjà partiellement, analyse Arlette Schuhler, secrétaire de la fédération. Il y a eu de vrais ajouts – comme la mesure du périmètre crânien, le recueil de glycémie par captation capillaire ou par lecture instantanée transdermique, etc. –, mais ce n'est pas une grande révolution non plus. »
Une pénurie à endiguer
Les aides-soignants accompagnent et réalisent des soins essentiels du quotidien de patients, sous la responsabilité des infirmiers. Selon les chiffres de la Direction générale de l'offre de soins (DGOS), la France en compterait 390 000 [2] ; la branche associative sanitaire, médico-sociale et sanitaire à but non lucratif (Bass) en emploie 82 400, qui travaillent notamment auprès des personnes âgées.
Mais la profession fait partie d'un corpus de métiers « peu attractifs, parce qu'exercés dans des conditions difficiles, souvent mal rémunérés et peu considérés », rappelle le gouvernement dans son point d'étape du plan d'action pour les métiers du grand âge et de l'autonomie. « Les contours de ces métiers sont mal identifiés par le grand public, mais aussi par les professionnels eux-mêmes », souligne-t-il. Preuve en est la baisse, en l'espace de quatre ans, de 42 % des candidatures au concours d'accès – désormais supprimé – au diplôme d'aide-soignant [3].
Le nouveau référentiel et la transformation de la formation en cinq blocs de compétences pourront-ils inverser la tendance ? « Cela donne de la souplesse à la formation qui peut être à la carte, avec des dispenses, des allégements, le développement de l'apprentissage ou la possibilité de se former sur plusieurs années », estime Florence Girard. Qui précise que 6 500 nouveaux élèves doivent être formés au cours des deux prochaines années par les instituts de formation Ifas.
Quant aux revalorisations salariales du Ségur de la santé (183 euros par mois pour certains professionnels, 160 dans les Ehpad privés), elles s'ajoutent au passage de la catégorie C à la catégorie B dans la fonction publique hospitalière [4]. Dès octobre 2021, les aides-soignants des hôpitaux devraient ainsi gagner 228 euros net en plus en début de carrière et 651 euros net en plus à la fin, pour des salaires qui iront de 1 760 à 2 954 euros net.
[1] Arrêté du 12 juin 2021
[2] Dans son rapport 2018, « Les chiffres clés de l'offre de soins ».
[3] « Aides-soignants : de moins en moins de candidats à l'entrée en formation et une baisse du nombre d'inscrits », Études et résultats n° 1135, Drees, décembre 2019.
[4] Décrets n° 2021-1257 et n° 2021-1267 du 29 septembre 2021
Flore Mabilleau
Point de vue
Lamia El Mouzdahi, 53 ans, aide-soignante en Ehpad (Groupe Korian) depuis 2011
« J'ai commencé en tant qu'auxiliaire de vie, avant de devenir aide-soignante en Ehpad et j'entre en école d'infirmières en septembre ! Mon métier, fondé à 50 % sur de l'humain et à 50 % sur de la technique, c'est apporter du soin et de l'aide aux personnes. Je m'occupe d'une dizaine de résidents à différents niveaux d'autonomie, je les accompagne dans leur quotidien tout au long de la journée (rondes pour prendre leurs paramètres, aide aux repas, à la toilette…). Il faut aussi parfois gérer des urgences, comme une personne en détresse respiratoire. C'est un métier qui exige beaucoup de surveillance, de responsabilités, de patience et de temps, même si malheureusement, nous n'en avons pas toujours autant qu'on le souhaiterait. C'est aussi un travail physique et qui nécessite un bon équilibre psychologique : nous sommes confrontés à la souffrance, à la maladie et à la mort, ce n'est pas rien. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 202 - novembre 2021