Leur cœur de métier ? L'enfant ! Les auxiliaires de puériculture – des femmes à 99 % – accompagnent au quotidien les tout-petits, de leur naissance jusqu'à l'âge de trois ans, parfois davantage selon les structures. Sous la responsabilité d'infirmières puéricultrices, elles leur prodiguent des soins d'hygiène, de confort et de prévention, participant à leur éveil, leur éducation, leur bien-être et leur autonomie. « Pour faire ce métier, il faut avoir de la patience, aimer la collectivité et le contact, résume Camille Nicot, 33 ans, auxiliaire de puériculture en multi-accueil communautaire. Il faut aussi être curieuse et savoir s'adapter car nous devons nous former en permanence. »
Ces professionnelles « ont la possibilité d'intégrer différentes structures, mais travaillent très majoritairement dans des établissements d'accueil du jeune enfant (crèche, etc.) », précise Dominique Albeaux, directrice de l'institut de formation ABC Puériculture. Certaines sont salariées d'hôpitaux ou de cliniques, évoluant dans des services de pédiatrie ou de maternité. « Elles sont plus rares à travailler en protection maternelle et infantile (PMI) ou dans des structures de l'aide sociale à l'enfance (ASE) qui recrutent souvent des professionnelles expérimentées », poursuit-elle. Elles peuvent aussi exercer dans des centres pour enfants handicapés. Mais, en 2017, elles n'étaient plus que 1 155 – soit 40 % de moins qu'en 2012 – à travailler dans la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale à but non lucratif (Bass).
Crise des vocations
Ces expertes de la petite enfance sont très recherchées. « Lorsqu'elles obtiennent leur diplôme, les employeurs leur déroulent le tapis rouge », avance Dominique Albeaux. « Quand je suis sortie d'école, j'ai signé un CDI deux mois plus tard, confirme Camille Nicot. Mais il y a aussi beaucoup de postes à temps partiel. »
Comme chez les aides-soignants, le métier fait face à une crise des vocations. « Nous avons toujours autant d'élèves qu'à notre ouverture, en 2005, mais moins de candidates », observe Dominique Albeaux. Un problème auquel la suppression du concours d'entrée, la rénovation du diplôme [1] et du référentiel d'activités pourraient en partie remédier. « La définition du métier a été modifiée, analyse Florence Girard, présidente de l'Association nationale des directeurs d'écoles paramédicales (Andep). L'auxiliaire de puériculture travaille toujours en collaboration avec la puéricultrice, mais dans une responsabilité partagée, ce qui n'existait pas auparavant. Une véritable autonomie lui est donnée, c'est important car c'est une reconnaissance du métier. » La profession est désormais centrée autour de trois missions : « Accompagner l'enfant dans les activités de sa vie quotidienne et sociale, collaborer à ses projets de soins personnalisés et contribuer à la prévention des risques et au raisonnement clinique interprofessionnel », résume Florence Girard.
Rémunération à la hausse
Le nouveau diplôme d'État d'auxiliaire de puériculture (DEAP) permet davantage de passerelles avec les métiers d'aide-soignant, d'ambulancier ou encore d'assistant de régulation médicale, et passe du niveau 3 au niveau bac. « C'est une revalorisation importante », avance Dominique Albeaux. Surtout si ce changement s'accompagne de rémunérations à la hausse, comme c'est le cas dans la fonction publique hospitalière. Les auxiliaires de puériculture sont passées de la catégorie C à B [2], avec des salaires augmentés (primes comprises) de 228 à 651 euros net par mois en fonction du niveau d'ancienneté, pour osciller entre 1 760 et 2 954 euros net entre le début et la fin de carrière. De quoi creuser l'écart avec les grilles du secteur privé.
[1] Arrêté du 10 juin 2021 relatif à la formation conduisant au DEAP
[2] Décret n° 2021-1267 du 29 septembre 2021
Flore Mabilleau
Point de vue
Virginie Perusin, 50 ans
« Je suis auxiliaire de puériculture depuis 30 ans, actuellement dans un service de maternité. J'ai passé l'essentiel de ma carrière à l'hôpital (maternité, urgences pédiatriques, etc.), mais j'ai également travaillé en crèche, ainsi que dans une pouponnière de l'ASE, durant un an, accueillant des enfants de 0 à 3 ans après la décision de placement d'un magistrat. J'étais chargée d'une des cinq "unités" de six à sept enfants que je gérais comme le ferait une maman dans sa maison, en autonomie, avec du bon sens et de la bienveillance. Je m'occupais d'eux au quotidien, les emmenais à la piscine, à leurs rendez-vous médicaux, préparais les droits de visite – dans la majorité des cas, leurs pères et mères étaient toujours titulaires de l'autorité parentale –, j'assurais parfois l'adaptation de l'enfant dans sa famille d'accueil, etc. Il faut savoir prendre beaucoup de recul par rapport à l'histoire douloureuse de ces enfants. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 204 - janvier 2022