Alexandre Martins, responsable travaux à l’établissement public médico-social Chancepoix à Château-Landon (Seine-et-Marne)
Une canalisation bouchée, une chaudière en panne, une poubelle envolée dans le parc, une crevaison sur un véhicule de fonction… Voilà le genre de situations pour lesquels un responsable des travaux peut être sollicité. Quelles que soient la taille et la nature de la structure dont il a la gestion, l’entretien et la maintenance du patrimoine et de la flotte de véhicules sont des inconditionnels dans son quotidien. À lui de mettre en place des solutions rapidement pour que les bâtiments ne posent pas problème au bon fonctionnement de l’activité. « S’il faut mettre la main à la pâte, je le fais. L’idée est d’abord de voir si on peut dépanner par nous-mêmes et, dans le cas contraire, de faire appel à des intervenants extérieurs », illustre Fabrice Brulé, responsable Sécurité et Travaux au sein de la Fondation Lucy Lebon en Haute-Marne. Depuis qu’il a accédé à ce poste il y a huit ans après avoir été éducateur spécialisé dans la même structure, il aime à se comparer à un « couteau suisse ». Maître des clés, mais aussi chef des cuisines, référent informatique et garant de la sécurité des locaux, ce dernier a en effet plus d’une corde à son arc.
Un patrimoine à soigner
Selon les organisations qui les emploient, ainsi que le nombre et la vétusté des sites, les contours du métier peuvent varier. Tous ont toutefois en commun, outre la gestion de tous les contrats de maintenance et des contrôles réglementaires, celle de piloter les opérations de construction ou de réhabilitation du patrimoine. L’objectif ? Aider les établissements à définir leurs besoins au regard de leur activité et, en fonction, établir plusieurs scénarios possibles pour y répondre. « Augmentation de la capacité d’accueil, changement d’agrément ou du public accueilli… Le but est d’avoir des bâtiments qui correspondent au mieux à l’évolution de l’activité hébergée. Pour cela, soit on rénove l'existant, soit on fait construire, soit on loue un bien quand on n’est pas sûrs que l’activité sera pérenne », détaille Aurélie Béziane, directrice Patrimoine, Travaux et sécurité à la Fondation OVE en Auvergne-Rhône-Alpes. Avec 300 sites en gestion répartis dans cinq régions, le travail ne manque pas pour cette trentenaire titulaire d’un master Maîtrise d’ouvrage et Gestion de patrimoine. À elle en effet le pilotage de tous les chantiers, de leur conception à la réception des installations. Il s’agit notamment d’étudier la faisabilité du projet, établir le montage financier, sélectionner les entreprises, vérifier la conformité des travaux, rencontrer les artisans, régler les dysfonctionnements, en collaboration avec ses quatre conducteurs de travaux régionaux, l’architecte prestataire et les différents corps de métier du bâtiment.
Curieux et à l'écoute
Une bonne connaissance de ces fonctions connexes et de l’univers médico-social peut de ce fait être un plus, sans pour autant être un impératif. « Avant ma prise de poste en août dernier, je n’avais jamais travaillé dans le secteur du handicap, éclaire Alexandre Martins, responsable travaux à l’établissement public médico-social Chancepoix à Château-Landon (Seine-et-Marne). Ce n’est pas pour autant un frein. J’apprends sur le tas en suivant les préconisations des professionnels au contact des personnes accompagnées. Ce sont les mieux placés pour me guider sur le choix d’une couleur, d’une texture ou dans l’aménagement d’un espace. » Car ce que ses collaborateurs attendent de lui avant tout, c’est d’être curieux et à l’écoute. Deux qualités fondamentales pour pouvoir transposer le plus fidèlement possible le besoin immobilier des établissements médico-sociaux.
Carole Eyben
Point de vue
Aurélie Béziane, directrice Patrimoine, Travaux et Sécurité de la Fondation OVE, à Vaulx-en-Velin (Rhône)
« Avant que l’inclusion des personnes en situation de handicap ne devienne une priorité dans la société, on accueillait les enfants dès leur plus jeune âge jusqu’à 18 ans. Nos institutions étaient de gros bâtiments, souvent situés à la campagne. Aujourd’hui, la plupart des opérations patrimoniales que nous réalisons consistent à acquérir ou réhabiliter des bâtis à proximité du centre-ville des communes, pour que les enfants puissent aller à l’école. C’est très enthousiasmant d’avoir le sentiment de servir une cause noble et juste. Il n’y a pas un seul projet qui se ressemble. Reste que l’immobilier s’inscrit dans un temps long. Entre la manifestation du besoin et la fin du chantier, il peut se passer plusieurs années. Un décalage qu’il faut prendre en compte, en concevant des infrastructures évolutives car il y a de fortes chances que l’activité dans dix ans ne se pratique pas de la même manière. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 209 - juin 2022