Le diététicien-nutritionniste est un auxiliaire médical expert de l’alimentation, la nutrition et la diététique. Sa mission ? Contribuer au maintien ou à l’amélioration de l’état de santé et de la qualité de vie des personnes. Créé en France dans les années 1950, le métier a obtenu la reconnaissance de profession de santé en 2007. L’Hexagone compte environ 15 500 diététiciens-nutritionniste (à 93 % des femmes) : 33 % officient en établissements hospitaliers et de soins, 44 % en libéral et 23 % exercent d'autres fonctions [1] (missions d’expertise ou de formation dans l’industrie pharmaceutique ou agroalimentaire, en collectivités ou en agences sanitaires).
Une prise en charge adaptée
Chaque secteur recouvre des activités très diversifiées, comme en témoigne Florence Naegely, diététicienne à la fondation Arc-en-Ciel, à Montbéliard (Bourgogne-Franche-Comté). « Auprès des personnes âgées, je participe à l’établissement du plan alimentaire avec le prestataire de restauration, explique-t-elle. Je gère les menus en m’assurant de leur qualité, de leur équilibre et de leur diversité. Je mets en place des commissions menus avec l’équipe de cuisine, les responsables de l’Ehpad et des résidents. J’effectue aussi un suivi individualisé avec ces derniers, sur suspicion de dénutrition ou afin de limiter la prise de poids. Au sein du centre de réadaptation, mais aussi de l’institut médico-éducatif, j’organise des séances d’éducation thérapeutique de groupe, ainsi que des consultations et des suivis individuels. »
Des défis qui explosent
Comme tous ses collègues, Florence Naegely intervient dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire : professeurs d’activité physique adaptée, kinésithérapeutes, infirmières, psychologues, assistants de service social, médecins, administratifs et chefs cuisiniers. Mais, si elle a la chance d’avoir décroché un poste en CDI, nombre de ses collègues demeurent cantonnés aux vacations. C’est le cas aussi, par choix cette fois, de certains professionnels libéraux, comme Alice Rode, diététicienne à Lyon (Rhône). « J’interviens comme prestataire auprès d’une société de restauration collective, qui me met, trois jours par mois, à disposition d’Ehpad et d’établissements pour personnes handicapées, témoigne-t-elle. Soit en tout une quinzaine de structures, où j’essaie d’aller deux fois par an, et plus intensément en fonction des besoins. » En cause, un effectif qui a doublé en dix ans mais surtout le manque de moyens des structures. « Ces interventions leur rendent un service précieux, mais certainement moins efficace qu’un diététicien intégré à 100 % », note Alice Rode. Et ce, alors même que les défis en matière de santé publique explosent : obésité, dénutrition, maladies cardiovasculaires, diabète…
Une revalorisation récente
Une précarité contrebalancée par la revalorisation récente de la profession au plan indiciaire dans la fonction publique hospitalière et territoriale. Le décret n° 2022-54 du 24 janvier 2022 l’a reclassée en catégorie A. Un diététicien-nutritionniste de premier échelon touche aujourd’hui 1 891 euros brut par mois, et 3 264 euros brut au dernier échelon. S’y ajoutent diverses primes. Un cadre qui favorise aussi les négociations salariales dans le secteur privé.
S’y ajoutent de réelles possibilités d’évolution. Après quatre ans de service comme diététicien hospitalier, il est possible de devenir cadre de santé. Il peut aussi évoluer vers un poste de responsable qualité en restauration collective. Ou encore, se présenter à certains concours paramédicaux.
[1] Source : Répertoire Adeli/Drees, janvier 2022.
Catherine Piraud-Rouet
Avis d'expert
Ghislain Grodard-Humbert, président de l'Association française des diététiciens-nutritionnistes (AFDN)
« Il existe à ce jour deux formations initiales pour accéder au diplôme de diététicien-nutritionniste : le BTS Diététique, de niveau bac+2, et le BUT [1] Génie biologique (parcours Diététique et Nutrition) de niveau bac+3 depuis la rentrée 2021. À la clé, une double dissonance... D’une part, un décalage avec les autres pays, où ces études durent de trois à cinq ans, en moyenne. D’autre part, le risque d’une profession à deux échelles. Par ailleurs, ces cursus, trop techniques et généralistes, obligent les diététiciens à enchaîner les diplômes universitaires pour répondre aux besoins des populations. L’AFDN milite auprès des instances ministérielles pour un accès à la profession via un diplôme d’État de niveau bac+3. Avec un renforcement du volet “accompagnement psychologique” et l’ouverture sur les nouveaux enjeux, comme l’apport de la nutrition artificielle ou l’alimentation durable. Nous demandons aussi de pouvoir prescrire compléments nutritionnels oraux et nutrition entérale. »
[1] Bachelor universitaire de technologie, diplôme national de niveau 6 (bac + 3).
Publié dans le magazine Direction[s] N° 216 - février 2023