Éliane Abraham, présidente de la Facs.
En matière de coordination, nous connaissions les gestionnaires de cas, les coordinateurs de parcours, les référents de parcours, les coordinateurs d’appui de réseau de santé... Toutes ces dénominations appartiennent désormais au passé, ou presque. Il faudra dorénavant les appeler les référents de parcours de santé complexe.
Harmoniser les pratiques
Cette nouvelle fonction s’inscrit dans la suite logique de la création des dispositifs d’appui à la coordination (DAC) qui ont vu le jour avec la loi Santé du 24 juillet 2019. Les DAC ont permis de regrouper plusieurs acteurs de la coordination tels que les réseaux de santé, les plateformes territoriales d’appui (PTA), les coordinations territoriales d’appui (CTA), les méthodes d’action pour l’intégration des services d’aide et de soin dans le champ de l’autonomie (Maia), les programmes relatifs aux parcours des personnes âges en risque de perte d’autonomie (Paerpa), voire certains centres locaux d’information et de coordination (Clic) [1]. « Nous sommes passés de plus de 800 dispositifs ayant des missions d’appui à la coordination à 140 DAC aujourd’hui », illustre Eliane Abraham, présidente de la Fédération nationale des dispositifs de ressources et d’appui à la coordination des parcours en santé (Facs).
À la demande de la direction générale de l’offre de soins, la Facs a élaboré un référentiel de compétences et d’activités pour la fonction de référent de parcours de santé complexe de DAC. « Nous avons mis autour de la table des professionnels de tous horizons pour créer ce référentiel. Notre but n’était pas de juxtaposer les différents métiers mais d’harmoniser nos pratiques pour conduire le changement », explique sa présidente, qui dirige par ailleurs le DAC de Meurthe-et-Moselle.
Sur un territoire défini, le référent de parcours de santé complexe intervient en subsidiarité des acteurs, sur sollicitation d’un professionnel ou directement d’une personne au parcours de santé complexe, quels que soient son âge, sa pathologie, son handicap ou sa situation. Ce professionnel poursuit trois missions : offrir à la personne une réponse globale et coordonnée ; contribuer au décloisonnement et à la coopération des secteurs sanitaire, social, médico-social et de droit commun et à la pluriprofessionnalité ; et participer à l’amélioration et à l’évolution des pratiques de sa fonction.
« En s’adressant à toutes les situations, quels que soient l’âge ou la pathologie, la création des DAC s’est traduite par de profonds changements qui nécessitent un accompagnement des équipes, souligne Sylvie Lainé, directrice du DAC 77 Sud (Seine-et-Marne). Auparavant, tout le monde (Maia, réseaux de santé, PTA…) avait sa propre méthode, ses propres outils. Nous avions des repères et une culture différentes. Le référentiel permet d’accompagner le changement. C’est très structurant. »
Bientôt un diplôme
La prochaine étape ? La certification professionnelle avec l’enregistrement au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). « Nous visons aussi l’inscription du métier de référent de parcours de santé complexe dans les nomenclatures car, pour le moment, nous n’avons pas de ligne métier dans les conventions collectives », ajoute Eliane Abraham. Dernier objectif : la formation. « Nous sommes en train de finaliser un diplôme inter-universitaire [DIU] de référent de parcours de santé complexe en lien avec le ministère et les universités de Lille, Nancy, Créteil, Lyon, Grenoble et Bordeaux, poursuit la présidente de la Facs. Le but est d’harmoniser la formation au niveau national pour pouvoir répondre à l’évolution du métier. » Le DIU devrait être prêt pour la rentrée 2023.
[1] Lire Direction[s] n° 213, p. 22
Aurélie Vion
Point de vue
Laure Bellamy, coordinatrice de parcours au sein du DAC 33
« Les pratiques professionnelles des coordinateurs de parcours peuvent varier d’un territoire à l’autre. Au sein du DAC 33, mon rôle est d’évaluer la situation des personnes en lien avec mes collègues qui gèrent la réponse téléphonique. Je me rends à domicile pour établir un premier contact avec la personne et son entourage, recueillir les besoins et obtenir l’accord de la personne. L’objectif est qu’elle soit actrice de la démarche. Puis, je fais le lien avec les partenaires du territoire. Dans mon équipe, nos profils sont très différents. Je suis pour ma part éducatrice spécialisée de formation initiale, j’ai des collègues qui sont infirmiers, assistants de service social, ergothérapeutes, conseillers en économie sociale et familiale… Nous avons des expériences variées dans le secteur du handicap ou de la gérontologie. C’est une vraie richesse. Le référentiel permet de créer une base et un langage communs, c’est aussi un moyen de se créer une identité et de légitimer notre métier. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 219 - mai 2023