Pour le secteur de la réinsertion, le printemps est riche en événements: une conférence nationale de prévention et de lutte contre l'exclusion le 10 avril, une réunion du Conseil national de lutte contre l'exclusion (CNLE) suivie d'un Comité interministériel le 12 mai. La politique du gouvernement semble volontariste. Or la plupart des mesures annoncées poursuivent des chantiers déjà engagés ou doivent faire l'objet d'expérimentations.
La mesure la plus saluée: des objectifs de réduction de la pauvreté, fixés à partir d'indicateurs de mesure élaborés d'ici à janvier 2007 par le CNLE, l'Observatoire national de la pauvreté et l'administration. «Ces objectifs ne seront pas uniquement monétaires, se félicite Gilbert Lagouanelle, président du collectif associatif Alerte. D'autant que les indicateurs, partagés, seront suffisamment larges pour bien évaluer l'impact des politiques publiques.»
Expérimentations
Autres éléments positifs: l'expérimentation, au second semestre, du droit au logement opposable - auquel les pouvoirs publics étaient jusqu'alors farouchement opposés - et celle d'un contrat aidé fusionnant le contrat d'avenir et le contrat insertion-revenu minimum d'activité. «Cette expérimentation doit ouvrir la voie à un contrat unique d'insertion remplaçant les huit contrats aidés “Borloo”», préconise Gilbert Lagouanelle.
En revanche, c'est le scepticisme face à l'annonce d'un plan triennal pour l'évolution du dispositif d'urgence en matière d'hébergement: transformation de 3000 places d'urgence en places de centres d'hébergement et de réinsertion sociale, 3000 allocations de logement temporaire supplémentaires, trois millions d'euros sur trois ans pour l'accompagnement social des «travailleurs pauvres», etc. «Saupoudrage financier et mesurettes qui ne permettent pas de réduire l'écart entre réalités et besoins, d'autant qu'un réel pilotage fait défaut», dénonce-t-on à la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale. Sans compter les échéances électorales de 2007 qui n'incitent pas à l'optimisme sur la mise en œuvre du plan.
Marie Duribreux