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Carrière
Devenir évaluateur externe, une activité de complément

05/09/2018

La mission d’évaluateur externe s’exerce rarement à temps plein. Directeurs de structures, en emploi ou retraités, et consultants spécialisés se sont positionnés sur ce métier qui exige de multiples compétences.

Sylvain Jouve (RH & Organisation)

Pour faire procéder à leur évaluation externe, les gestionnaires d’établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS) doivent sélectionner un organisme habilité [1]. Au 31 mars 2018, on en comptait 1 208. « Ce sont majoritairement, et ce depuis 2009, des personnes morales (65 % d'entre eux en 2015) : SARL, SAS ou associations, notait récemment un rapport [2] assez critique de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Pour les 35 % restants, il s’agit de personnes exerçant à titre individuel, en tant que travailleurs indépendants ou auto-entrepreneurs [3]». Par ailleurs, l’activité se pratique rarement à temps plein.

Qui sont ces évaluateurs externes ? « Des directeurs ou des directeurs généraux en fin de carrière, qui souhaitent, entre autres, avoir un complément de revenus et une activité une fois leur retraite effective. Mais aussi des consultants intervenant déjà sur les aspects Ressources humaines du secteur, pour du coaching ou encore de l’accompagnement concernant le projet d’établissement, et qui entendent diversifier leurs services et se positionner sur ce marché » observe Frédérique Loutrel,responsable du service habilité Estes consulting évaluation (ECE) de l’École supérieure en travail éducatif et social (Estes) de Strasbourg.

Des profils variés

Les évaluateurs externes présentent donc des profils hétérogènes, comme le rappelle le rapport de l’Igas, d’autant plus différents que l’habilitation porte sur les organismes et non les individus. « Les niveaux de formation et de connaissances sont variables, observe aussi Sylvain Jouve, dirigeant du cabinet RH & Organisation, animant des formations certifiantes d’évaluateur externe. Les organismes habilités définissent leur propre standard pour créer leurs équipes d’évaluateurs, en garantissant toutefois le respect du cahier des charges pour la réalisation des évaluations externes ». Un cahier des charges défini dans l’annexe 3-10 du Code de l’action sociale et des familles (CASF). Qui énumère, néanmoins, des critères de qualification et de compétences pour ces nouveaux professionnels, à savoir : « une expérience professionnelle dans le champ social ou médico-social », « une formation aux méthodes évaluatives s'appuyant sur celles existant en matière d'évaluation des politiques publiques » et « des connaissances actualisées et spécifiques dans le domaine de l'action sociale».

Les organismes de formation, proposant des certifications d’évaluation externe s’étalant sur une dizaine de jours, ont par ailleurs resserré leurs critères de sélection. « Des normes implicites se sont créées : les candidats sont recrutés avec un niveau I de formation et une connaissance du secteur », reprend Sylvain Jouve.

Une motivation intellectuelle et économique

Les motivations des évaluateurs externes sont doubles, intellectuelles et économiques. « Avec cette activité, les consultants ont une prise directe avec les établissements, leur permettant d’évaluer les axes de progrès du secteur et d’ajuster leur offre de formation et de prestations », précise le consultant.

Quelles sont les compétences nécessaires pour être un bon évaluateur externe ? Avoir une bonne connaissance du secteur, une capacité d’écoute, d’analyse et de synthèse. « Le niveau d’exigence est important : l’évaluateur externe doit bien connaître la réglementation applicable et les recommandations de bonnes pratiques, complète Frédérique Loutrel. Il doit aussi avoir de l’aisance au niveau rédactionnel et savoir, enfin, adopter la bonne posture : l’évaluation externe n’est pas un audit ou un contrôle ».

[1] Désormais par la Haute Autorité de santé (HAS).

[2] « Le dispositif d’évaluation interne et externe des établissements et services sociaux et médico-sociaux », rapport de l’Igas, juin 2017, à consulter sur www.igas.gouv.fr

[3] Les auto-entrepreneurs réalisant une évaluation externe sont en général rémunérés entre 400 et 700 euros la journée.

Flore Mabilleau

Point de vue

Jean-Noël Harter, directeur des structures de l'association AAPEAI Alsace Bossue, à Diemeringen (Bas-Rhin)

« L’évaluation externe est une activité très prenante qui demande beaucoup de concentration, de prise de notes, d’énergie et de contacts humains. Pour trois jours de mission, il faut compter trois jours de travail en aval, le temps de digérer les notes, d’objectiver son appréciation et de rédiger le rapport. Je suis toujours intervenu en binôme, avec un expert de la méthode, tandis que j’étais une sorte de référent technique sur tout ce qui concernait le travail protégé. Personnellement, je me suis orienté vers l’évaluation externe car je suis toujours à la recherche de nouveautés. C’est le moyen de découvrir des structures, des actions innovantes, qui m’enrichissent professionnellement. J’en ai tiré un vrai bénéfice pour ma profession de directeur et pour l’institution dans laquelle je travaille. »

Publié dans le magazine Direction[s] N° 167 - septembre 2018






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