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Orthophoniste
Des orthophonistes en quête de reconnaissance

04/10/2017

Cet auxiliaire médical prend en charge les troubles de la communication écrite et orale. Il exerce de plus en plus en libéral et déserte la fonction publique hospitalière et les établissements sociaux et médico-sociaux.

Carine Goetz, présidente de la Fédération des orthophonistes de France Grand-Est

Recruter un orthophoniste ? Une gageure pour de plus en plus de responsables d’établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS). « Travailler dans la fonction publique hospitalière ou pour les institutions relevant des conventions collectives nationales de 1966 ou de 1951 n’est plus du tout attractif en termes de salaires [1] pour de jeunes diplômés », déplore Carine Goetz, présidente de la Fédération des orthophonistes de France (FOF) Grand-Est, qui intervient dans un centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) à Strasbourg, ainsi qu’en libéral.

Sur les 24 466 orthophonistes recensés en France en 2016 (des femmes à 96,7 %), plus de 19 800 exerçaient en libéral ou en mode mixte et seulement 2743 dans les ESMS (CMPP, instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques – Itep, structures pour enfants sourds ou handicapés moteurs, etc).

Une expertise renforcée

Qu’est-ce que l’orthophonie? Une profession de santé relevant de la famille des métiers de soins, indique le Bulletin officiel du 5 septembre 2013. Avec des niveaux d’expertise et de compétences qui se sont considérablement renforcés. Le professionnel doit prévenir, évaluer et traiter les difficultés et troubles du langage oral et écrit ainsi que de la communication, de la phonation, de la cognition mathématique, etc. Son rôle consiste également « à maintenir les fonctions de communication et de l’oralité dans les pathologies dégénératives et neurodégénératives et à dispenser l’apprentissage d’autres formes de communication non verbale permettant de compléter ou de suppléer les fonctions verbales », précise le référentiel.

Le statut d’orthophoniste a été officialisé en 1964 avec la création du certificat de capacité, passé de quatre à cinq années d’études et au grade de master en 2013. Pour entrer dans l’un des 18 centres de formation, les étudiants doivent réussir un examen limité par un numerus clausus. « Un concours plus sélectif que celui de médecine, puisque moins de 5 % des candidats sont retenus », pointe Brigitte Cappe, présidente de la FOF Paris-Nord de la France. Puis ils suivent une formation comprenant 3158 heures d’enseignement théorique et 2040 heures de stages pratiques « au carrefour des disciplines médicales et des sciences humaines », reprend-elle.

Un travail d’équipe en institution

En libéral, le métier s’exerce en solitaire, sur demande des médecins généralistes ou spécialistes (oto-rhino-laryngologistes, pédiatres, neurologues…). C'est en effet sur prescription médicale que le thérapeute entreprend un bilan orthophonique qui permet de définir la nature des troubles du patient et la prise en charge nécessaire.

En institution, les décisions se prennent en concertation avec une équipe pluridisciplinaire. « Au CMPP, les enfants sont reçus pour un premier entretien par le psychologue ou le psychiatre. Puis nous discutons des demandes et des besoins, détaille Carine Goetz. Je rencontre ensuite l’enfant avec ses parents, effectue le bilan, avant de revoir l’équipe pour décider de notre proposition de prise en charge ». Les pathologies rencontrées sont très variables : troubles de l’audition, spécifiques du langage, du comportement, psychiques, etc.

Les qualités nécessaires pour travailler en ESMS ? « Il faut avoir envie de s’ouvrir à d’autres visions que la sienne : différents professionnels croisent leurs observations cliniques pour déterminer une prise en charge adaptée et pluridisciplinaire », souligne Carine Goetz. Qui travaille, par exemple, en collaboration avec un psychologue, un psychopédagogue, un psychomotricien ou encore un médecin psychiatre.

 

[1] Dans les conventions collectives de 1951 et 1966, les salaires débutent respectivement à 2144 et 1631 euros brut mensuels pour culminer à un peu moins de 2900 euros, hors primes et sujétions spéciales.

Flore Mabilleau

Les professionnels de la fonction publique hospitalière en colère

Depuis la reconnaissance en 2013 du niveau master (bac +5) de la formation d'orthophoniste, les professionnels n'ont de cesse de réclamer la revalorisation de leur rémunération. Nouvel épisode dans le bras de fer avec le ministère : la publication cet été, « en catimini » estime la Fédération nationale des orthophonistes (FNO), de deux décrets [1] concernant la fonction publique hospitalière. Ils prévoient le classement du corps des orthophonistes en catégorie A et revoient les bornages indiciaires applicables jusqu'en 2019. Ainsi, à partir du 1er janvier 2019, le traitement de ceux exerçant dans l'hospitalière devraient débuter à 2080 euros en classe normale, pour finir à 3753 euros en classe supérieure en fin de carrière. Des évolutions prévues par la réforme Parcours professionnels, carrières et rémunérations (PPCR). Pour la FNO, c'est « inacceptable ! Ce reclassement uniforme de toutes les professions de la rééducation au niveau de salaire bac +3 […] avec  des grilles salariales inadaptées [représente un] déni des compétences et responsabilités des orthophonistes hospitaliers ». « Nous demandons la même rémunération que des professions comme les psychologues ou les sages-femmes qui sont, comme nous, bac +5 », ajoute Bruno Sarrodet, son vice-président.

[1] Décrets n° 2017-1259 et n° 2017-1263 du 9 août 2017

Publié dans le magazine Direction[s] N° 157 - octobre 2017


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