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Coordonnateur au conseil local de santé mentale
Un coordonnateur dédié à la santé mentale

08/05/2019

Les conseils locaux de santé mentale (CLSM) se sont développés de façon très hétérogène. De la même façon, le poste de coordonnateur de CLSM recouvre des réalités très différentes avec néanmoins un objectif commun : le décloisonnement.

Marie Denisot, rattachée au centre hospitalier Le Vinatier (Rhône), coordonne trois CLSM

Le nombre de conseils locaux de santé mentale (CLSM) [1] s’est accru très rapidement ces dernières années : d’une trentaine en 2010 à 200 en 2018. Ils sont ouverts à l’ensemble des acteurs sanitaires et sociaux et aux usagers, et présidés par un élu local [2]. Mais chacun définit ses domaines d’intervention : de la prévention du suicide à l’accès aux soins, avec pour préoccupation commune l’étude de situations individuelles complexes. En conséquence, les missions du coordonnateur du CLSM, présent dans presque toutes les instances, varient d’un territoire à l’autre, et d’un employeur à l’autre, selon qu’il est rattaché à une commune (dans 57 % des cas) ou à un hôpital psychiatrique. En termes de financement, le poste repose, dans la majorité des cas, sur un partenariat collectivité-hôpital-agence régionale de santé (ARS).

Un poste à consolider

Le dernier État des lieux national (2018), réalisé par le centre national de ressources et d'appui (CNRA) aux CLSM [3] (lire l'encadré), révèle que seulement 22 % des coordonnateurs travaillent à plein temps. 70 % sont en poste depuis moins de deux ans, un chiffre qui s'explique par la jeunesse de nombreux professionnels, mais surtout « par un turn-over conséquent pour ces postes, qui restent précaires, malgré des améliorations », commentent les auteurs de l'enquête. Par ailleurs, près de 20 % d'entre eux coordonnent plus d'un CLSM… et même jusqu'à huit conseils différents. On retrouve de nombreux travailleurs sociaux (assistantes sociales, conseillers en économie sociale et familiale) et infirmiers sur le poste. Le CNRA propose, en partenariat avec le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), la seule formation consacrée à la fonction.

Bâtir une culture commune

Sur le terrain, le quotidien d'un coordonnateur, c'est… « beaucoup de réunions ! », comme en témoigne Déborah Touati, psychologue clinicienne de formation, missionnée, depuis 2018, par les villes voisines d'Épinay-sur-Seine et de Pierrefitte-sur-Seine (Seine-saint-Denis). « Outre mettre en œuvre les décisions de CLSM, notre rôle est de rassembler autour de la table des intervenants qui gravitent autour des personnes en difficulté, mais qui ne se connaissent pas, et ainsi de lutter contre le risque de rupture de parcours », développe Alain Martin, infirmier psychiatrique de formation, employé par le centre hospitalier départemental La Candélie à Agen (Lot-et-Garonne). Il se dit satisfait que son CLSM ait abouti, grâce à ce travail de mise en réseau, à la création d'un numéro de téléphone unique pour le parcours de la personne âgée atteinte de troubles psychiatriques, au sein de la plateforme territoriale d'appui Marmande (PTA 47). « Par ses initiatives, un CLSM doit permettre de soigner la personne près de chez elle. Environ 30 % de la patientèle d'un médecin généraliste est atteinte de troubles psychiatriques. Nous nous rapprochons des médecins, des maisons de santé… Nous pouvons même y tenir des permanences », renchérit-il. Bien entendu, la communauté du CLSM ne se bâtit pas en un jour. Déborah Touati confie ainsi qu'il « n'est pas simple de faire se déplacer des professionnels de la Justice et de l'Éducation nationale ». Pour Marie Denisot, rattachée au centre hospitalier Le Vinatier (Rhône) et qui coordonne trois CLSM, l'essentiel, « avant même d'arriver à bâtir des projets, est de construire une culture commune autour de la santé mentale. Par exemple, s'entendre entre police et psychiatrie sur ce qu'est une "personne dangereuse" ».

Une large sphère d'influence

Comme le rappelle Marie Denisot « la santé mentale, c'est beaucoup plus que les soins psychiatriques ». Le coordonnateur peut ainsi organiser des actions de dépistage précoce, de soutien à la citoyenneté ou encore de lutte contre la stigmatisation, auprès de publics de tous âges. Hormis l'animation de la désormais traditionnelle Semaine d'information sur la santé mentale, il va au devant de la population dans un objectif de sensibilisation et d'orientation.

[1] Ces instances de concertation et d’initiatives sont non obligatoires. Néanmoins, leur généralisation est encouragée par une instruction de la DGS et du CGET (n° DGS/SP4/CGET/2016/ 289 du 30 septembre 2016.
[2] On retrouve généralement au sein des CLSM des élus locaux, des professionnels de la psychiatrie publique, des représentants des ARS, des CCAS, des conseils départementaux, des bailleurs sociaux, de la police, justice ou encore de l’Éducation nationale.
[3] www.clsm-ccoms.org

Sophie Le Gall

Point de vue

Pauline Guezennec, chargée de mission du centre national de ressources et d'appui aux CLSM

« L'objet du centre national de ressources et d'appui aux CLSM est d'animer le réseau des CLSM et surtout celui des coordonnateurs, qui sont à un poste synonyme d'un certain isolement. Ainsi, nous organisons régulièrement des rencontres régionales et nationales. Quand ils se retrouvent, les coordonnateurs réalisent que pas un seul d'entre eux n'a les mêmes conditions de travail ! Nous espérons la mise en place d'un référentiel national qui permettra de mieux cerner les contours de son rôle et par là-même, de rappeler aux élus que le coordonnateur ne peut pas tout faire. Il faudrait aussi harmoniser les salaires, très variables selon l'employeur, et pour certains trop faibles. Malgré ces bémols, la dynamique des CLSM va dans le bon sens avec toujours plus d'instances et d'intérêt des différents acteurs pour les conseils et les coordonnateurs. »

Publié dans le magazine Direction[s] N° 175 - mai 2019


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