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Animateur socioculturel
Les loisirs comme vecteur d’émancipation sociale

31/05/2023

Le métier d'animateur socio-culturel, qui vise à favoriser l’épanouissement et l’insertion par les loisirs, se situe à la confluence de l’action sociale et culturelle. Il implique une vraie polyvalence mais souffre d’une faible reconnaissance.

Ouadid Benarbia accompagne, à Marseille, des habitants de quartiers prioritaires de la ville.

Animateur socioculturel est une profession dont la diversité se reflète d’abord dans la pluralité d’employeurs possibles. Si environ un professionnel sur deux travaille dans des structures territoriales ou des services municipaux, ils peuvent aussi exercer en association culturelle ou d’insertion, en club du troisième âge, en foyer d’hébergement, en centre de loisirs ou de vacances, en Ehpad, en MJC… Leur raison d’être ? Favoriser l’émancipation, l’épanouissement et l’insertion sociale des personnes via la mobilisation d’une dynamique de groupe basée sur le levier culturel.

Des missions très variées

Leurs missions sont, elles aussi, multiples. Avec, selon les cas, un curseur placé de manière très variable entre social et culturel. Pour Steven Duhant, coordinateur au centre socioculturel d’Arlac, à Mérignac (Gironde), les connexions avec l’animation de loisirs sont évidentes. « Je suis chargé de piloter l’accueil collectif de mineurs aux plans périscolaire et extrascolaire, témoigne-t-il. Le jeu étant un élément facilitateur pour mener ensuite, si besoin, vers le travail social. J’anime aussi la vie de l’association (communication, accueil des publics). »

La fonction revêt une dimension plus mixte pour Ouadid Benarbia, employé à l’association Cultures du cœur, à Marseille (Bouches-du-Rhône). « J’ai deux missions principales. La première est de toucher des habitants de quartiers prioritaires de la ville qui ne bénéficient pas d’un accompagnement pour leur proposer une billetterie solidaire et organiser, en concertation avec eux, un programme d’activités et de sorties culturelles, précise-t-il. La seconde consiste en la mise en lien des structures culturelles et sociales. » Quant à Elsa Pommier, elle officie plutôt sur le versant médico-social de la fonction, au groupe d'entraide mutuelle En Daban, à Pau (Pyrénées-Atlantiques), qui lutte contre l'isolement des adultes traumatisés crâniens. « Je propose des espaces d’échanges et de loisirs (activités cuisine, théâtre, relaxation, mémoire, jeux de société, sorties diverses) à un groupe de douze personnes, toutes handicapées », explique-t-elle.

Tout un panel de qualités requises

Au-delà de la diversité des profils et des postes, le quotidien de l’animateur socioculturel comprend aussi, outre la préparation et la mise en œuvre des projets, un important travail administratif : rédaction de projets et de comptes rendus, communication, gestion des plannings et des rendez-vous, demandes de subventions, démarchage et échanges avec les partenaires culturels et médico-sociaux… Un profil « couteau suisse » qui implique des qualités diverses : sens de la communication, de la gestion de projet et du travail en équipe, mais aussi dynamisme, créativité, écoute, pédagogie et bienveillance. « Solidité psychologique et talents de médiateur sont de mise, face à des usagers souvent en souffrance », souffle Elsa Pommier. « Il faut réactualiser et requestionner sans cesse ses pratiques », ajoute Steven Duhant.

Un statut encore fragile et peu attractif

Une polyvalence bien prise en compte par les nombreux brevets et diplômes d’État (de niveaux 3 – CAP – à 7 – master) qui mènent à la profession, qu’ils relèvent de l’Éducation nationale ou de la Jeunesse et des Sports. Mais ce métier passion pèche par deux aspects. D’abord, la précarité du secteur : la moitié des contrats sont des CDD, notamment saisonniers. Ensuite, le nerf de la guerre, avec des niveaux de salaire qui peinent à dépasser les 2 000 euros bruts mensuels et un contexte de budgets culturels et sociaux partout contraints. L’animateur socioculturel peut pourtant évoluer vers des fonctions d’encadrement ou de direction de projet, ou préparer le diplôme d’État en ingénierie sociale (DEIS) au bout de cinq ans dans la fonction publique territoriale.

Catherine Piraud-Rouet

Un métier face à de nouveaux défis

Selon la Dares, on recensait en 2021 près de 174 000 actifs en emploi dans l’animation socioculturelle en France. Si les tensions sur les recrutements sont toujours vives, la profession a fait face ces dernières années à plusieurs évolutions qui l’ont impactée directement, comme la réforme des rythmes scolaires et l’abandon des activités périscolaires par une partie des communes, la baisse des dotations globales et la complexification des appels d’offres. L’intervention des animateurs socioculturels revêt une dimension médico-sociale croissante. Par ailleurs, certaines thématiques montent en puissance dans les attendus des fiches de poste : l’intégration dans les pratiques du développement des usages du numérique, l’accompagnement à la protection de l’environnement, ainsi que la prévention de la violence, du harcèlement et des radicalités.

Publié dans le magazine Direction[s] N° 220 - juin 2023


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