Anciennement appelées classes préparatoires intégrées (CPI), les Prépas Talents (CPT) conservent leur vocation : diversifier la haute fonction publique en recrutant des étudiants boursiers, sans condition d’âge, titulaires d’une licence ou d’un master (bac +3/4). Plus nombreuses et mieux réparties sur le territoire, elles offrent aussi de meilleures conditions matérielles. Ainsi, chaque inscription, qu’elle soit au sein d’une école de service public, d’un institut d’études politiques, d’un institut ou un centre de préparation à l’administration générale (Ipag/Cepag), s’accompagne du versement d’une bourse de 4000 euros annuels (contre 1500 euros pour les CPI) et d’un soutien pour le logement ou la restauration. « Tout est fait pour lever d’éventuels freins financiers et permettre aux étudiants issus d’horizons très différents de se préparer à cette formation intense et exigeante », décrit Anne Gaudin, directrice des études du Cepag de Sciences Po Bordeaux.
L’expérience : un plus
Entre les heures de cours, le travail personnel à fournir, les stages à réaliser, la préparation aux concours des cadres de la fonction publique laisse en effet peu de place à la relâche. Le recrutement, qui s'appuie sur un dossier et un entretien, permet aux responsables de formation de s’assurer du sérieux des candidats. « On identifie les plus motivés. L’idée n’est donc pas forcément de prendre les meilleurs, mais ceux qui ont besoin d’un coup de pouce pour mettre en avant leurs compétences », détaille Olivier Mangon, responsable du pôle de préparation aux concours à l’École des hautes études en santé publique (EHESP). Sortent aussi du lot ceux qui ont une notion de l’institution publique, de ses rouages, de ses contraintes et de ses atouts. « On regarde aussi s’ils ont déjà une expérience professionnelle, outre les stages qui sont obligatoires durant la formation », ajoute Anne Gaudin. Des périodes, allant d’une à plusieurs semaines selon les établissements, sont ainsi vouées à l’observation de leur futur environnement de travail. « C’est important que les étudiants puissent aller sur le terrain pour mieux repérer le champ de la protection de l’enfance et le métier de directeur, par exemple », informe Lila Benarab, directrice du pôle Gouvernance à l’École nationale de la Protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ). À cette fin, l’intervention de tuteurs aide également les élèves à cerner les enjeux de la haute fonction publique.
Deux chances en une
Reste que l’essentiel de la formation en CPT est consacrée à l’acquisition de savoirs théoriques, dispensés par des universitaires et des intervenants spécialisés, en lien avec les disciplines du concours souhaité. Au programme pour les futurs directeurs d'hôpitaux et d'établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (DH-D3S) : droit hospitalier, protection sociale, législation de la Sécurité sociale et de l’aide sociale, santé publique, sociologie, économie, finances publiques, langues… Au préparationnaire d'en choisir trois, en plus des deux épreuves obligatoires que sont la culture générale et une note d’aide à la décision. Avec une épreuve écrite et deux orales, la préparation au concours de directeur des services de la PJJ met, quant à elle, l’accent sur l’oral, afin de multiplier les entraînements et les cas pratiques, à la façon des concours blancs organisés dans les autres CPT. Ainsi rôdés à l’exercice, les élèves maximisent leurs chances de réussite. D’autant que des places dédiées supplémentaires leur sont réservées à certains concours nationaux. « Ils composent une seule fois, mais ont deux numéros et donc une double possibilité de décrocher le précieux sésame », détaille Olivier Mangon. Quelle que soit l’issue de l'examen, toutes les CPT sont diplômantes, grâce à des partenariats avec d’autres structures de l’enseignement supérieur.
Carol Eyben
Point de vue
Carla Fé, 24 ans, en Prépa Talents, candidate aux concours de DH-D3S à l’EHESP, à Rennes
« Devenir directrice d’hôpital est un projet que je nourris depuis longtemps, mais il a été conforté par la crise sanitaire où l’envie de me rendre utile a été la plus forte. Avant de passer l’entretien d’entrée en classe prépa, j’ai rencontré un directeur d’hôpital qui m’a aidée à comprendre les attendus de ce métier. Titulaire d’un master 2 en ressources humaines, j’ai choisi de présenter le triptyque : santé publique, législation de la Sécurité sociale et de l’aide sociale, et droit hospitalier, en suivant les conseils de mes formateurs. Dans ma promo, la diversité des profils permet de favoriser l’entraide entre les étudiants. Les cours, bien qu’intenses, sont dispensés par des intervenants de qualité, jamais avares de conseils pour nous organiser ou mettre en valeur nos compétences. On nous donne tous les moyens pour réussir. À nous ensuite de les faire fructifier. »
Publié dans le magazine Direction[s] N° 208 - mai 2022