Laurent Chambaud, conseiller auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, s’apprêtait, à la mi-mars, à prendre la tête de l’École des hautes études en santé publique (EHESP). Il devait ainsi succéder à Antoine Flahault [1], dont la candidature à un deuxième mandat avait été rejetée fin décembre. L’intérim était assurée depuis par son ancienne adjointe Catherine Dessein. Proposé par les tutelles, sa désignation a reçu l’aval du conseil d’administration de l’école le 15 mars dernier et devait encore être officialisée par décret. La fin d’une procédure de recrutement… controversée. « Beaucoup d’administrateurs ont dénoncé l’opacité du processus de sélection. Et l’avis du conseil était purement consultatif », s’agace Michel Rosenblatt, secrétaire général du syndicat de cadres Syncass-CFDT.
Recentrer les activités
Pour le futur directeur, la tâche est lourde. « Il devra d’abord remettre un peu d’ordre dans la maison et rétablir la confiance entre les différentes composantes : enseignants, universitaires… Il faut mettre fin à une stratégie jusqu’alors dispersée, et recentrer l’école sur sa vocation première : la formation des professionnels du monde de la santé », estime Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF). En filigrane, le bilan très critiqué de la dernière mandature. « Les pistes lancées par Antoine Flahaut comme l’universitarisation tous azimuts de l’école pour en faire une "Business School" à l’américaine, doivent être abandonnées », prévient Gilles Calvet, du bureau national du syndicat CH-FO.
Prudence sur les finances
Les attentes portent aussi sur la gestion financière de l’EHESP. Fin février, le vote du budget 2013 – d’un montant de 57,3 millions d’euros (+2,6 % par rapport à 2012) – a en effet été marqué par de nombreuses abstentions. « C’est un message de prudence des administrateurs, estime Michel Rosenblatt. L’ancien directeur s’est lancé dans divers plans de développement pas toujours financés. Nous avons besoin d’une évaluation plus fine de toutes les activités en cours. » Les comptes 2012 devraient néanmoins être clôturés en excédent. Mais le nouveau directeur devra composer avec un programme d’investissements pluriannuel particulièrement lourd.
[1] Lire Direction[1] n° 98, p. 18
Aurélia Descamps
Publié dans le magazine Direction[s] N° 107 - mai 2013