Suite à la table ronde du 22 décembre sur le financement de l'aide à domicile, les 16 organisations représentant les professionnels et les usagers du secteur (1) attendent toujours des réponses à leurs demandes formulées dans une déclaration commune.« Ce premier tour de table a permis d'établir un constat unanime sur les difficultés du secteur. Nous avons été écoutés, mais à présent, il faut travailler », s'impatiente Emmanuel Verny, directeur général de l'Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles (UNA).
La DGAS relancée
Lors de cette rencontre, la Direction générale de l'action sociale (DGAS) s'était engagée à mettre en place, dès janvier, un groupe de travail. Objectif attendu : « arriver à un diagnostic partagé et à des solutions durables, au plus tard en juillet, afin d'être opératoires au 1er janvier 2011 ». Autre réclamation commune : la création d'une « enveloppe budgétaire suffisante afin de permettre la reconstitution d'une trésorerie nationale pour les structures en difficulté ». Ce, avant la fin février.
Mi-janvier, faute d'éléments de réponse, les organisations ont relancé la DGAS qui reconnaît que « tout n'est pas encore stabilisé ». « Nous avons adressé un courrier commun à Xavier Darcos, ministre du Travail et des relations sociales, et à Nora Berra, secrétaire d'État aux Aînés », indique Thierry d'Abboville, secrétaire général de l'Union nationale des associations d'aide à domicile en milieu rural (UNADMR).
La mobilisation s'organise aussi en interne dans les différents réseaux qui appellent leurs adhérents à interpeller les financeurs au niveau départemental. « La déclaration commune a été présentée à l'ensemble des administrateurs de notre réseau lors de notre premier conseil d'administration », précise Hugues Vidor, le directeur général de la Fédération Adessa-À domicile. À l'approche des élections régionales, l'UNA envisage de sensibiliser les différentes têtes de liste. « Le secteur de l'aide à domicile est, au niveau local, le troisième ou le quatrième employeur. Aujourd'hui, plus de 11 000 emplois sont menacés », déplore Emmanuel Verny.
Un groupe de travail avec l'ADF
Des rapprochements s'opèrent entre les têtes de réseau telles que l'UNA et la fédération Adessa-À domicile et l'Association des départements de France (ADF). « Un groupe de travail sera mis en place pour réfléchir ensemble à d'autres modes de financement », confirme Jean-Pierre Hardy, chef du bureau Réglementation financière et comptable de l'ADF. « La Caisse nationale d'assurance vieillesse [Cnav] et l'Agence nationale des services à la personne [ANSP] pourraient y être associées », ajoute-t-il. Pour sa part, Hugues Vidor, qui regrette l'absence de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) à la table ronde de décembre, espère que cette dernière participera à la réflexion.
Enfin, lors de la reprise des négociations paritaires sur la convention collective unique de branche, l'USB-domicile, l'union des syndicats des employeurs, a invité les syndicats de salariés à signer une déclaration commune. La Fnas-FO qui a lancé, en décembre, une pétition nationale, étudie la proposition. « On partage un certain nombre de constats avec les employeurs mais nous ne voulons pas qu'ils se dédouanent de leurs responsabilités. Les difficultés financières de certaines structures sont aussi dues à leur gestion hasardeuse », souligne, pour sa part, Maryvonne Nicolle, secrétaire générale de la CFDT Santé sociaux.« Si nous n'avons pas d'engagements clairs de la DGAS avant le 1er mars, nos actions seront plus fermes », avertit Hugues Vidor.
(1) Adessa-À domicile, UNADMR, AD-PA, APF, CNPSAA, CNRPA, Croix-Rouge française, Familles rurales, FNAAPF-CSF, Fnadepa, Fnaqpa, UNA, Unccas, Uniopss, USB-domicile.
Nadia Graradji